SIR OLIVER LODGE
Membre de la Société Royale de Londres
POURQUOI JE CROIS
A
L’IMMORTALITÉ
PERSONNELLE
1929
PRÉFACE
Sous la direction du professeur Richet, du Docteur Geley, du Docteur Osty et d’autres distingués biologistes, la question des recherches psychiques ou « métapsychiques » a fait de remarquables progrès en France surtout du côté physiologique, et, pourrait-on dire, scientifique.
En Angleterre notre attention a été particulièrement dirigée vers l’étude plus purement psychique des faits avec une moins grande insistance sur leur portée physique ou physiologique. L’intérêt du public s’est particulièrement porté sur le sens de ces phénomènes par rapport à la survivance humaine et la valeur qu’ils peuvent avoir pour établir la réalité de la permanence personnelle de l’existence au-delà de la mort corporelle. Ma propre conviction sur ce point a été établie dans de nombreux ouvrages, mais ce petit livre contenant une sélection choisie de nouvelles preuves et un résumé de mes vues les plus récentes sur ce sujet a été bien accueillie dans les pays de langue anglaise. J’espère qu’il recevra en France un accueil cordial. Je suis heureux qu’il ait été traduit en français sous la direction de M. Meyer.
A tous, j’adresse mes remerciements.
Sir Oliver LODGE
AVANT-PROPOS
Les arguments en faveur de la survie humaine, c’est-à-dire que la mort est un évènement n’intéressant que le corps, sont aussi vieux que l’humanité. Une partie des arguments peut être considérée comme théologique, basés sur la bonté et la justice d’un Créateur, tandis qu’une autre partie, que l’on peut appeler anthropologique, s’appuie sur la répulsion instinctive de l’idée d’annihilation chez l’homme et sur le postulat que les instincts, produits de l’évolution, doivent correspondre jusqu’à un certain point avec la réalité. Dans cet ouvrage, je ne m’appuie ni sur l’un, ni sur l’autre de ces arguments, tout en les respectant. En faut, je n’ai aucun désir de controverser ; toute ma thèse repose sur l’expérience, et sur l’acceptation d’une catégorie de faits qui peuvent être vérifiés par quiconque, à condition de s’en donner la peine. Je connais le poids du mot « fiat » dans la science, et je dis sans hésitation que la continuité individuelle et personnelle est pour moi un fait démontré. Je suis arrivé à cette conviction par l’étude des facultés humaines obscures, non encore reconnues par la science orthodoxe et qui n’ont probablement pas l’approbation des théologiens en général. Il est donc permis, et peut-être même obligatoire, de fournir de temps à autre une au sujet de ma persistance dans cette enquête et de ma conviction profonde en ce qui concerne ses résultats.
Incidemment, il est clair que le mot « Immortalité » qui est le titre de mon ouvrage, soit être pris dans sa signification conventionnelle, puisque aucune assertion concernant « l’infini » n’est possible dans les limites de notre intelligence. Tout ce que nous pouvons avoir l’espoir de démontrer, est la survie de la personnalité. La véritable rupture apparente dans la continuité de la vie humaine nous attend à la porte de la mort. Si nous survivons à cet arrachement, il est peu probable que nous rencontrions ensuite quelque autre discontinuité, plus profonde encore, dont l’influence nous détruise.
Tous ce que nous possédons comme évidence concerne la persistance individuelle après la séparation de notre enveloppe terrestre : il serait présomptueux de prétendre savoir ce que nous réserve un avenir obscur et lointain. C’est en vérité, un lendemain auquel nous n’avons eu besoin de penser actuellement. Qu’il nous suffise de savoir à l’heure présente que cette vie n’est pas la fin de notre individualité, et que si nous savons l’utiliser avec droiture, elle constitue la première étape longtemps prolongée pour un service sans cesse plus effectif, service en harmonie avec notre nature intime, équivalant par suite à la liberté complète.
« In la sua volontade è nostra pace ».
CHAPITRE I
VUE COSMIQUE DE LA VIE ET DE L’ESPRIT
« La distinction entre la religion
et la morale est dans la croyance en un autre monde
et dans l’effort pour communiquer avec lui. »
Père George Tyrrel dans « Quarterly Review » de juillet 1909.
Pendant la plus longue partie de son histoire, l’humanité a connu que la terre qui, pour elle était le monde unique, le seul existant, les étoiles des cieux n’étant là que pour l’illuminer et l’entourer d’objets intéressants[1]. Quelques rayons d’une science plus étendue percent dans l’antiquité. La poésie classique et celle du moyen âge discouraient sur les régions super sensuelles se trouvant au-dessus et au-dessous de la surface terrestre, envisagées toujours comme subordonnées et en étroite relation avec la terre. Quelques siècles après Copernic seulement (A. D. 1500), l’idée de la terre comme corps céleste parmi une multitude d’autres, a fait son chemin dans l’intelligence populaire. Dans les temps récents seulement, les idées de l’homme se sont élargies du caractère terrestre à la vie cosmique. Cette grande révolution dans la pensée humaine est actuellement un fait à peu près accompli, et chacun admet l’existence d’une foule d’autres mondes, du moins quant à leur constitution matérielle et à leurs mouvements dans l’espace. Espérons que, finalement, grâce à cet élargissement dans nos conceptions matérielles, il nous sera possible de retrouver la lumière spirituelle et l’enthousiasme du moyen âge, à qui nous sommes redevables de Chartres et d’autres cathédrales. Bien que cette lumière ait disparu dans les siècles présents, il peut se faire qu’elle se retrouve. Avec une connaissance plus approfondie de l’ordre matériel, un sentiment renouvelé de l’ordre spirituel se dessine. Ce n’est pas sans but que la cathédrale de Liverpool, si vaste et imposante, a été construite par une entreprise civile dans ce vingtième siècle de danger, de conflit et de tumulte.
Malgré nos connaissances matérielles, cependant, il est certainement vrai que, lorsque nous nous occupons du domaine mental et spirituel, nous trouvons qu’il subsiste encire quelque chose de l’ancienne limitation terrestre. La science ne connaît ni vie ni esprit en dehors des bornes de cette planète-ci et tous nos systèmes de pensée reposent sur cette base étroite. En psychologie, l’homme est considéré comme le seul être intelligent, planant au-dessus de tous les autres. On admet forcément des intelligences inférieures et des rapports amicaux avec elles dans le reste de la vie animale, mais l’existence d’êtres intelligents supérieurs à l’homme, est généralement ignorée ou niée. Tous les essais tentés pour entretenir des rapports avec ces intelligences hypothétiques, pour connaître quelque chose de leur nature ou même pour nous assurer de leur existence, sont réprouvés comme une superstition indigne de la science.
En même temps il existe des preuves de phénomènes rares et bizarres, qui nous suggèrent que cette limitation à la vie terrestre – antérieure à Copernic, - ce manque d’intérêt ou de croyance dans l’Au-delà, sont une vue trop bornée de notre conception de Univers, loin d’ailleurs d’être entièrement satisfaisante. Pour maintenir l’hypothèse d’un isolement complet et absolu de la terre, il est nécessaire de rejeter résolument certains faits, et de les considérer sans discrimination comme frauduleux. Il faut rappeler que les instincts de l’humanité n’ont été gouvernés que très faiblement par des considérations scientifiques. La vie humaine est plus puissamment contrôlée par l’émotion et l’instinct que par la raison et la logique et partout l’instinct de l’homme l’a conduit à postuler l’existence de Puissances Supérieures, puissances qui, d’une manière ou d’une autre, gouvernent son destin, et qu’il peut apaiser ou offenser par des cérémonies. Que ces puissances supérieures soient multiples, ou qu’elles soient la prérogative d’un Etre Unique, c’est une chose de peu d’importance. En ce qui concerne les attributs de cet Etre Unique, on constate une grande diversité de doctrine, et un progrès graduel vers une manière de voir qui va toujours en s’améliorant.
L’idéal le plus élevé atteint par l’humanité se reflète à chaque époque dans ses notions sur la Divinité, une conception adéquate étant nécessairement limitée par son développement moral et intellectuel. Si l’animal a un culte quelconque, il ne peut qu’adorer l’homme, son supérieur tangible et visible. L’homme a atteint un culte supra-sensoriel. Il est capable de représenter son interprétation symbolique de l’Univers dans des images ou sous d’autres formes artistiques. Le Christianisme a illuminé notre perception du divin en exaltant l’idée de l’Incarnation.
Mais quelles que soient la diversité, et l’élévation de nos conceptions, il est hors de doute, comme le dit le Père Tyrrell, que l’essence de la religion repose sur la croyance en un autre monde, en un autre ordre d’existence, et sur nos tentatives d’entrer en communication avec lui. Nos Eglises et nos Chapelles, avec leurs cérémonies de prière et d’adoration, sont d’éloquents témoignages de cette tendance universelle. Le préambule de toutes les religions est l’existence d’un monde spirituel, c’est-à-dire l’existence d’intelligences et d’êtres bien plus élevés que l’homme. Quand leur existence est non seulement admise, mais que l’on sent qu’ils peuvent influencer et aider notre vie, quand on entrevoit la possibilité d’entrer en relations avec eux, et obtenir leur aide, cette croyance devient alors plus qu’intellectuelle, elle s’épanouit en des formes de religions plus ou moins parfaites.
Les savants puisqu’ils sont humains autant que scientifiques, ont réagi individuellement et diversement contre cette tendance vers le supra-normal, qu’on pourrait justement appeler le miraculeux. Quelques-uns vont jusqu’à mépriser et condamner ces tâtonnements qui sont en dehors de la vraie science, d’autres les acceptent humblement comme l’héritage de l’humanité, sans chercher à la formuler ou à les comprendre. Mais la majorité, tout en considérant d’un œil respectueux et même compatissant la conduite des êtres religieux, est d’opinion que ces choses n’ont rien à voir avec leurs occupations professionnelles et intellectuelles, et sans positivement nier ces choses, ils ne s’y intéressent pas.
Le groupe extrême des hommes scientifiques qui prétendent être des philosophes, regardent l’existence au point de vue matérialiste ou sensualiste, ne manque ni d’éloquence ni d’enthousiasme ; ce groupe tend vers le dogmatisme afin de consolider sa philosophie robuste mais quel quelque peu froide. Ces hommes se réjouissent de leur émancipation hors de la tradition religieuse ; ils somment les autres de partager leur rejet hardi des sources de la consolation populaire ; ils montrent un calme de stoïcien au milieu de ce qui, pour les autres, semblerait la ruine et la désolation. Je citerai comme exemple, l’extrait d’un essai par M. Bertrand Russell F.R.S.[2] intitulé : « A Free Man’s Whorship » (Le Culte d’un Homme libre) ; de nombreuses professions de foi moins éloquentes de la part d’autres écrivains pourraient être citées, tendant toutes au même effet :
« Que l’homme soit le produit de causes n’ayant aucune prévision du but qu’elles poursuivent, que son origine, son développement, ses espoirs et ses craintes, ses amours et ses croyances, ne soient que le résultat de l’assemblage fortuit des atomes ; qu’aucun enthousiasme, aucun héroïsme, aucune intensité de la pensée ou du sentiment ne puissent conserver la vie individuelle au-delà de la tombe ; que les travaux de tous les âges, la dévotion, l’inspiration, l’éclat resplendissant du génie humain soient voués à l’extinction avec la disparition grandiose du système solaire, et que le temple entier des œuvres humaines doive être infailliblement enseveli sous les débris d’un univers de ruines, - toutes ces choses, si elles ne sont pas indiscutables, sont presque si sûres qu’une philosophie qui les rejette ne peut se maintenir. Ce n’est qu’avec l’échafaudage de ces vérités, et sur la base solide d’un désespoir intransigeant qu’il est dorénavant possible de construire en toute sécurité l’habitation de l’âme humaine. »
Ce conseil de désespoir final est empreint d’une conviction presque triomphale. Peut-petre est-ce un chant de bataille destiné à soutenir le moral des combattants ? Il n’est pas éloigné de cette triste contemplation du sort des humains, dont les poètes classiques de l’antiquité étaient quelquefois affligés. Tennyson apostrophe ainsi Virgile :
« Thou that seest Universal Nature moved by Universal Mind :
Thou majectic in thy sadness at the doubtful doom of human kind.”
“Toi, qui vois toute la Nature mue par l’Esprit Universel ;
Toi, majestueux dans la tristesse pour le destin douleur de l’humanité »
Dans l’agnostique moderne, cette acquiescence triste a été remplacée par un sentiment ressemblant plutôt à l’exaltation du fait que le destin n’est apparemment plus douteux. Si cela était la vérité, on ne pourrait qu’admirer ce stoïcisme, tout en s’étonnant de voir tant d’énergie dépensée au service d’une race appelée à disparaître ; la seule raison qui m’engage dans la discussion d’une telle philosophie et d’une telle étique, c’est que, quelque admirable qu’elle soit en elle-même, je crois fermement qu’au fond, elle est scientifiquement fausse. L’agnostique du dix-neuvième siècle oubliait quelquefois d’être simplement agnostique, et de même que le Professeur W. K. Clifford se livrait à la dénégation exubérante de toute existence spirituelle ou supra-sensorielle, cette foi négative est partagée aujourd’hui par bien des gens, y compris la clientèle de cet infaillible et peu modeste périodique le « Freethinker [3]».
Ces gens sont très fiers de ce qu’ils considèrent comme leur liberté de pensée, laquelle n’est réellement que leur point de vue bornée :
« The Universe is made of ether and atoms, and there is nos room for ghosts »
“L’Univers est composé d’éther et d’atomes et ne laisse aune place pour les esprits”.
Des négations spéculatives de ce genre auraient pu être confirmées par des connaissances plus étendues, et acceptées comme un verdict de la science. Mais au cours de ces dernières années, plusieurs de ceux qui avaient voué leur vie aux études scientifiques ont fixé leur attention sur certains phénomènes bizarres et peu ordinaires. Des phénomènes que bien des personnes considèrent comme la démonstration de l’existence d’un monde invisible, supra-normal, et probablement spirituel : un monde de réalités individuelles et immatérielles, selon le mot de Frédéric Myers. A la suite d’une longue étude de ces phénomènes, quelques-uns d’entre nous sont arrivés à la conclusion – non sans un vif sentiment de leur responsabilité, - que l’explication la plus facile que l’on puisse en donner se trouve dans l’hypothèse de travail que notre existence n’est pas aussi limitée à la terre et aux choses terrestres que nous le pensions, et que nous sommes en relation en contact avec un autre ordre d’existence. Ainsi, notre attitude envers les phénomènes, même d’ordre mental, devra s’étendre et devenir cosmique et universelle. En d’autres termes, les phénomènes ne peuvent s’expliquer si nous nous bornons aux expériences ordinaires et normales de la vie terrestre.
Une seconde révolution de Copernic est ainsi en cours : la terre, y compris les autres planètes qui ressemblent à la terre, n‘est pas la seule demeure de l’intelligence. Je commence, en effet, à penser, non par suite d’intuitions religieuses, mais en raison des indications encore un peu obscures d’une science naissante plus large, que l’intelligence n’est pas limitée aux surfaces des masses planétaires, mais qu’elle pénètre et domine l’espace. Elle est active partout, n’est absente nulle part. Il me semble possible et même probable, que l’essence de la vie et de l’intelligence doit habiter l’éther si toutefois elle a besoin d’un véhicule physique, elle ne s’incarne que par exception et temporairement dans la matière lorsque les circonstances sont favorables, et si des conditions délicates et exceptionnelles sont réalisées.
Ainsi, il semble que la vie incarnée, telle qu’elle est connue de nous, a besoin de la substance complexe, que nous appelons protoplasme, comme demeure. Cette agrégation moléculaire complexe ne peut se former qu’à une température assez basse. Il en est de même pour certains atomes dont elle se compose ; or, nous savons que la plus grande partie de la matière composant l’univers est à une température très élevée et même incandescente. Parmi les masses qui se sont suffisamment refroidies, beaucoup sont trop petites pour retenir une atmosphère. Il est tout à fait exceptionnel qu’un corps céleste ait une masse assez importante pour retenir, par gravité, des gaz à sa surface, sans être assez volumineux pour y conserver ou y développer trop de chaleur. Pour entretenir la vie, une planète ne doit pas avoir une température trop basse, qui solidifierait l’eau ; ni trop élevée, qui la vaporiserait. Afin que l’eau puisse exister à l’état liquide et que le protoplasme vive, il faut exactement l’échelle des températures qui se trouvent sur la surface terrestre.
La vie, sur la terre, se trouve distinctement et évidemment associée avec la matière, partout ou cela est possible. Chez les créatures supérieures, la vie s’épanouit en intelligence. Ainsi, d’une façon curieuse et après tout, assez naturelle, nous sommes arrivés à la conclusion que la vie est l’esprit ne peuvent exister qu’associés avec la matière, et lorsque le véhicule de la vie est usé et rejeté, nous sommes portés à croire que la vie et l’intelligence émancipées ont disparu à jamais de l’existence et ne sont plus.
Ce qui est étonnant, ce n’est pas qu’elles survivent à leur incarnation matérielle, mais qu’elles n’aient jamais pu s’incarner si peu que ce soit. J’en suis arrivé à admettre la vérité probable, autant que je puisse savoir, que l’association de la vie et de l’esprit avec la matière est une chose exceptionnelle. Je crois que cette association est mieux « chez elle » dans la régions cosmique et inter-planétaire, presque ignorée encore aujourd’hui par les sciences orthodoxes aussi biologiques que physiologiques.
J’admets qu’un véhicule quelconque pour le fonctionnement de l’intelligence soit pratiquement nécessaire, mais je ne suppose pas que le corps soit nécessairement composé uniquement par l’assemblage des charges électrique positives et négatives que nous avons l’habitude de nommer « matière ». Cela m’apparaît une supposition gratuite et mal fondée, ainsi que beaucoup d’autres suppositions que les théories scientifiques récentes (spécialement les soi-disant doctrines de Relativité) nous ont amenées à rejeter. Je puis imaginer une autre structure composée d’éther, aussi solide et substantielle que la matière ordinaire, mais avec cette différence qu’elle dépasse la limite de nos sens corporels actuels, et qu’elle n’est pas soumise au contrôle musculaire direct. Les particules dont se compose un bloc matériel, sont maintenues ensemble par les forces de la cohésion, de l’affinité chimique, et de la gravitation, et ces forces immatérielles, ou tensions, sont de plus en plus reconnues comme fonctions de l’éther de l’espace. Le corps matériel que nous voyons et que nous touchons n’est jamais le corps entier, et je soupçonne que dans le cas des êtres vivants, c’est la contrepartie éthérique qui est vraiment animée. D’après moi, la vie et l’esprit ne sont jamais associés directement avec la matière, et ne peuvent agir sur elle qu’indirectement par leur connexion avec un véhicule électrique qui est leur réel instrument, un corps éthérique qui par interréaction est capable d’influencer la matière.
Les particules matérielles assemblées par le corps éthérique subissent un changement continuel, leur nature est fortuite et temporaire, elles sont quelquefois désagréables et maladives ; finalement le corps matériel se délabre. La matière a de nombreuses imperfections, mais l’éther n’a jamais donné aucun signe d’imperfection. Il est absolument transparent, et ne laisse aucune énergie s’échapper : toute structure composée d’éther est, selon toute probabilité, permanente. Nous possédons actuellement un corps éthérique, indépendant de tout accident pouvant survenir à l’assemblage de la matière associée, et nous continuerons à posséder ce corps éthérique longtemps après le rejet de son enveloppe matérielle. La seule objection à cette réalité réside dans le fait qu’il n’existe rien de nature éthérique susceptible d’affecter nos sens actuels ; tout ce qui appartient à l’éther (même en science physique) doit être connu par déduction. L’observation directe semble sans espoir. Il se peut que nous vivions dans un corps éthérique permanent, et invulnérable, dont nous ne connaissons absolument rien parce qu’il pénètre tout l’assemblage des particules du corps matériel qui sont perpétuellement en vibration, activant constamment nos nerfs et attirant toute notre attention.
Telle est, d’une manière très sommaire, la conclusion à laquelle je suis lentement arrivé. Il reste à indiquer, d’une manière générale, la bas d’expérience sur laquelle elle repose et tout ce qu’elle implique. Je ne puis m’engager ici dans la discussion des arguments modernes concernant l’éther et sa nécessité philosophique pour la compréhension de tous les phénomènes traités d’une manière abstraite, laissant les équations mathématiques sans interprétation physique. Mais j’essaierai de résumer la position générale que l’observation des faits m’a conduit à prendre. Je parlerai ensuite des faits, tels qu’ils me sont connus. Une méthode qui consiste à mentionner les déductions avant de citer les faits sur lesquels ces déductions sont basées semblera peut-être une méthode un peu paradoxale. Mais une hypothèse de travail est toujours une aide. Elle ressemble à un fil sur lequel on peut enfiler des perles. Sans piste, nous battons la campagne, perdus dans un labyrinthe, sans moyen de s’orienter. Si une hypothèse n’est pas en harmonie avec la vérité, elle devra être modifiée ou abandonnée, cela va de soi. Mais en attendant, elle aura pu nous être utile, et la meilleure façon de s’assurer de ses points faibles est de la mettre à l’épreuve.
Toute théorie devra être supportée par des faits résultant de l’observation et de l’expérience. On doit cependant lui donner une chance de vivre et ce n’est que lorsqu’elle s’est révélée fausse et erronée qu’il y a lieu de la détruire sans merci. Voici, en conséquence, les thèses que je me propose de soutenir.
Résumé des postulants ou conclusions provisoires tirés de l’expérience
(Numérotés pour référence)
1. Que l’activité mentale n’est pas limitée à ses manifestations corporelles, bien qu’un certain moyen matériel soit nécessaire pour nous démontrer son activité actuelle ici présentement.
- Que le mécanisme cérébro-nervo-musculaire, ainsi que le reste du corps matériel, forment un instrument construit, gouverné et utilisé par la vie et l’esprit ; instrument qui peut se détériorer ou s’user de manière à empêcher son utilisation régulière par l’entité dirigeante normale ; que les signes de cette détérioration ou de cette dislocation peuvent clairement se montrer, sans nous donner le droit d’en tirer d’autre conclusion que celle d’une obstruction ou d’une imperfection dans le canal ou le lien de communication entre l’esprit et la matière.
- Que ni la vie ni l’esprit ne cessent d’exister quand ils sont séparés de leur enveloppe ou organe matériel : ils cessent seulement de fonctionner dans la sphère matérielle jadis comme lorsque l’instrument était en bon état. En fait rien ne cesse d’exister, la forme seule change. Une chose peut parfaitement disparaître à nos yeux, devenir imperceptible à nos sens, mais ceci n’est pas une preuve que cette chose a cessé d’être. Ce fait, bien évident quand il s’agit de matière et d ‘énergie, est également vrai, à mon avis quand il s’agit d’existence vitale ou spirituelle. Nous n’avons aucune raison de supposer que quelque chose de réel peut cesser d’exister, bien que facilement dispersé ou rendu inaccessible à nos sens.
- Que ce que nous appelons « un individu » est une définie, ou une association avec la matière de quelque élément vital ou spirituel qui possède en lui-même une existence continue. L’identité, ou, dans ses développements supérieurs, la personnalité, ne dépend certes pas de l’identité des particules matérielles qui la font se manifester : elle ne peut être qu’un attribut de l’entité dirigeante qui assemble ces particules pendant un certain temps, les rejette et les renouvelle pendant sa vie ordinaire, sans que sa continuité en soit en aucune façon affectée.
- Que la valeur de l’incarnation se trouve dans l’opportunité ainsi offerte pour l’individualisation d’une portion de mentalité spécifique graduellement plus vaste, isolée de son milieu primitif cosmique, afin de lui permettre de développer une personnalité qui sera la caractéristique de cet organisme particulier.
- Que lorsqu’une telle individualité ou personnalité est réelle, il y a tout lieu de croire qu’elle persistera comme toute autre réalité, et qu’en conséquence, elle peut survivre à sa séparation de l’organisme matériel qui l’aidait autrefois à s’isoler pour rendre possibles les traits caractéristiques individuels de son caractère. Que le caractère individuel ainsi formé persiste vraiment comme individu emportant avec lui sa mémoire, ses expériences et ses affections selon les opportunités et les privilèges associés au corps matériel pendant la vie terrestre : c’est une question qui sera résolue par l’observation directe et par l’expérience. Voici donc ma conclusion finale :
- Que l’évidence déjà accessible suffit à prouver que le caractère individuel et la mémoire persistent ! Que les personnalités qui ont quitté cette vie, continue à exister avec les connaissances et l’expérience acquises ici-bas, et que dans certaines conditions connues partiellement, nos amis disparus peuvent nous prouver leur survie réelle, individuelle et personnelle.
Position actuelle de ces thèses
Maintenant, toutes ces conclusions ou déductions provenant d’une longue enquête sont considérées comme douteuse par la science orthodoxe qui, jusqu’ici, s’est bornée aux manifestations terrestres sans rechercher quoi que ce soit dans l’au-delà. Toute insistance sur de telles propositions rencontre la dérision qui les envisage comme spéculation pure ou même comme superstition. Ces conclusions d’ailleurs ne semblent pas essentielles à la religion dans leur acceptation générale ; elles sont pour la plupart désapprouvées comme inutiles à l’enseignement religieux. On peut en conséquence se demander pourquoi, avec quelques autres, nous sommes tellement frappées par la vérité et l’importance vitale de ces doctrines, que nous acceptons de subir tous les reproches et toutes les dérisions dont on peut accabler leurs partisans, et pourquoi je considère comme un devoir de défendre ces thèses, qui méritent une considération respectueuse et s’améliorent au fur et à mesure des progrès de notre expérience et de nos connaissances, telle est la question à laquelle je désire répondre brièvement dans cet ouvrage autant qu’il est possible. Une réponse complète exigerait l’étude des faits enregistrés dans une littérature portant au moins sur un demi-siècle et plus longue encore, car la littérature ancienne est remplie de faits identiques, quelque insuffisants et peu scientifiques qu’en soient les récits. L’évidence des faits augmente chaque jour et continuera à augmenter plus rapidement encore lorsque le ban de la critique dédaigneuse aura disparu, et que le simple témoignage sera libéré du joug d’une suppression militante.
CHAPITRE II
LES SEPT PROPOSITIONS
This main miracle, that thou art thou.
Will power on thine own act and on the world,
From that true world within the world we see,
Whercof our world is but the rouding shore.
Tennyson
Ce miracle le plus grand : que tu es toi,
Pouvant diriger les actions et le monde,
De ce monde réel intérieur nous voyons le monde extérieur,
Dont le nôtre n’est que le rivage et la limite.
Prenons les propositions de la fin du chapitre précédent et procédons à leur discussion et à leur élaboration…
I
D’abord, l’esprit peut agir indépendamment des organes corporels. J’en avais la conviction dès l’année 1883, en raison des faits de télépathie expérimentale que Sir William Barrett avait déjà signalés dans un rapport adressé à l’Association couvert au moyen de la télépathie expérimentale. L’apparition ou le fantôme vu par le percipient sensitif qui, jusqu’ici, avait naturellement été considéré comme l’effet d’une présence réelle et mystérieuse, pouvaient ainsi être attribués à une impression vive produite télépathiquement et à son insu, par une personne éloignée, en détresse, en danger, ou peut-être même sur le point de mourir. De nombreux cas semblables furent réunis par la suite et examinés à fond par des investigateurs sérieux et experts, dans un livre intitulé : « Census of Hallucinations ». Ce fut une entreprise laborieuse faite avant et pendant le cours de l’année 1894 et traitant ouvertement des fantômes des vivants aussi bien que ceux des morts. Après élimination de tous les cas douteux, mise en lumière des points faibles, et des explications suivant les hypothèses normales, la conclusion de ces investigations fut ainsi résumée à la fin du volume[4].
« Il existe entre les cas de mort et les apparitions du mourant un rapport qui n’est pas la conséquence du hasard seul. Nous considérons ceci comme un fait acquis. La discussion de tout ce qu’il implique ne peut être envisagée dans cet ouvrage, pas plus qu’elle ne sera probablement épuisée à notre époque ».
Ce rapport long et extrêmement consciencieux était signé du Professeur et de Madame Henri Sidgwick[5] et portait aussi d’autres signatures. Je ne prétends pas imposer dogmatiquement l’idée que l’hypothèse de télépathie de l’agent transmetteur au percipient soit réellement l’explication complète de ces expériences. Je crois qu’il existe d’autres explications supplémentaires, ainsi que d’autres causes. Dans tous les cas, l’hypothèse de la télépathie entre les deux personnes intéressées est la plus plausible et la plus rationnelle : autrement dit, c’est un minimum d’explication supra-normale rendant compte des faits établis.
Il est intéressant de rappeler que le grand philosophe Kant s’est, à une certaine époque, beaucoup occupé d’études psychiques ; il a même examiné deux ou trois cas remarquables se rapportant spécialement à Swedenborg, son intérêt pour ces cas s’est plus tard atténué. Feu le Professeur William Wallace a fait remarquer, dans un essai sur Kant, qu’il est possible d’envisager les apparitions d’un point de vue subjectif, et il termine par une citation de Kant qui est certainement en rapport avec l’explication téléphonique suggérée longtemps plus tard Myers et Gurney dans leur ouvrage « Phantasms of the living » ; ils s’appuient particulièrement sur le fait que de telles visions, quelle qu’en soit l’origine, sont authentiques ; il se peut même qu’elles aient plus d’importance que Kant n’était disposé à leur attribuer. Voici la citation de Kant dans Wallace :
« La possibilité d’une communication entre un esprit nu et un esprit revêtu de son enveloppe charnelle, dépend de l’établissement d’une connexion entre les idées abstraites et spirituelles, et les images de même sorte, révélant des conceptions sensorielles qui sont analogues et symboliques. Ces associations se trouvent chez des personnes ayant un tempérament spécial. A certains moments, ces voyants sont assaillis par des apparitions qui ne sont pas (comme ils le supposent) les entités spirituelles, mais uniquement une illusion de l’imagination qui substitue ses propres images à des influences réelles et spirituelles imperceptibles à l’âme grossière humaine. Ainsi, les âmes disparues et les esprits purs, quoiqu’ils ne puissent jamais produire une impression sur nos sens extérieurs, ou prendre contact avec la matière, sont encore susceptibles d’agir sur l’âme humaine qui appartient comme eux, à la grande communauté spirituelle. Car les idées qu’ils excitent dans l’âme, s’habillent selon la loi de fantaisie dans les images alliées, et créent en dehors du voyant, l’apparition des objets correspondants. »
II
La seconde proposition – que le corps est un instrument – dépend, dans une grande mesure de la première proposition, et sert de réfutation à l’argument souvent mis en avant par les anatomistes et les physiologistes que le cerveau et l’esprit sont identiques ; de sorte qu’une lésion au cerveau implique ipso facto une lésion correspondante dans l’esprit, et que la destruction de l’un équivaut à la destruction de l’autre. Cette hypothèse peut être considérée comme la base de la philosophie matérialiste, et est évidemment d’accord avec l’expérience ordinaire qu’une lésion chirurgicale du cerveau implique un défaut mental correspondant. Inutile de dire que tous ces faits de constatation courante sont complètement admis par moi, mais je prétends que la déduction suggérée dépasse ce qui est légitime. Tout ce qui est réellement prouvé, c’est que si l’instrument est endommagé, le pouvoir de déployer une activité mentale est également endommagé – ce qui tombe sous le sens commun. Mais il ne s’ensuit pas de ce fait indubitable que nous ayons le droit de déduire quoi que ce soit relativement à l’esprit, à moins que nous ne supposions que le cerveau et l’esprit sont un. Si le cerveau cesse de fonctionner, il n’y a naturellement plus de communication : la manifestation de l’esprit par l’arrêt du fonctionnement du mécanisme a cessé. L’aphasie s’est peut-être déclarée : les idées ne peuvent plus être exprimées si la portion du cerveau en fonction du langage est endommagée.
Les événements passés ne peuvent plus être recueillis par la mémoire si les cellules cérébrales ou leurs fibres de communication sont incapables de stimuler les muscles de la main ou du larynx. Mais dire que la mémoire elle-même est annihilée parce que son organe de reproduction ne peut plus fonctionner est une déduction dépassant toute mesure. Ceux qui considèrent que le cerveau n’est pas seulement l’instrument de l’esprit, mais qu’il est l’esprit lui-même, sont obligés d’émettre la supposition étrange, gratuite, et intrinsèquement absurde, que la masse de matière renfermée dans le crâne est susceptible de penser, de concevoir, de regarder et en avant et en arrière, de projeter de grandes œuvres littéraires et artistiques, d’imaginer de grands poèmes, d’explorer le mécanisme de l’Univers, d’éprouver de la douleur et de l’affection, de déterminer des actions, et, en un mot, non seulement de manifester, mais en réalité, de ressentir en propre tous les sentiments associés avec les mots : Foi, Espérance et Amour.
Cependant on doit admettre que le cerveau ne peut pas plus voir que l’œil. L’œil et le cerveau ne constituent ensemble qu’un instrument grâce auquel la vision devient une possibilité. L’oreille est indubitablement un instrument physique qui nous permet d’entendre. Mais c’est certainement bien l’esprit qui voit et entend ; c’est lui qui interprète la signification de la vue et de l’ouïe, qui extrait une impression mentale ou une émotion des images, poèmes et musique, - réponse psychique tout à fait étrangère aux attributs de la matière. Le sentiment du beau, par exemple, peut être éveillé par un assemblage de particules matérielles, mais aucun assemblage de celles-ci ne peut admirer sa propre beauté. On ne peut pas supposer, non plus, qu’une portion de matière, si animée qu’elle soit, est capable de prendre l’initiative d’une série d’actions, d’imaginer une œuvre d’art ou une théorie scientifique, ou une action spontanée quelconque. Les particules matérielles sont complètement subordonnées aux forces mécaniques qui agissent sur elles. Elles sont incapables de volonté, mais sont absolument et complètement dociles. Ceci est aussi vrai des atomes de matière organique que de matière inorganique, car la science tend à l’abolition de la distinction entre l’organique et l’inorganique et à accentuer le fait, quelque exceptionnelle que soit la façon d’agir des organismes, que les particules elles-mêmes sont entièrement subordonnées aux lois de la physique et de la chimie, et ne peuvent indiquer de phénomènes vitaux et mentaux qu’en fonction du contrôle vital et mental.
Je trouve un simple énoncé de ce principe dans un ouvrage du Professeur Wincenty Lutoslawski, philosophe Polonais, intitulé : « Le Monde des Ames ». Cet ouvrage, qui semble avoir été écrit en 1899, ne fut publié en Angleterre qu’en 1924, et n’est pas suffisamment connu, malgré la forte recommandation qu’en fait William James. Voici le passage en question :
« Pour comprendre la relation entre la pensée et le cerveau, il suffit d’admettre que le cerveau est l’organe à travers lequel nous recevons toutes nos impressions extérieures, et grâce auquel nous produisons tous mouvements, particulièrement la parole. L’évidence consiste seulement à manifester ces fonctions du cerveau, et toute assertion attribuant au cerveau le pouvoir de penser est basée sur un sophisme qui ressemble à celui qui attribue au cœur toutes les émotions parce que les émotions ont une influence sur l’action du cœur… Ainsi la pensée nous est connue, non comme processus physiologique, mais comme un fait de conscience par notre expérience mentale, et nous n’avons aucune raison de supporter qu’elle puisse s’identifier à une activité corporelle quelconque visible… Votre âme n’est pas autre chose que ce dont vous avez conscience… C’est par une fausse analogie de langage que nous disons « mon âme » comme nous disons « mon cerveau, mon corps », et ainsi de suite. En effet, vous êtes une âme, et vous ne devez pas parler de posséder une âme, comme si l’âme différait de vous-même."
III
Beaucoup de phénomènes familiers permettent d’illustrer la troisième proposition affirmant que les choses qui disparaissent ne sortent pas de l’existence. L’indestructibilité de la matière n’est pas un fait qui saute aux yeux. Il a fallu le prouver scientifiquement. On croit généralement qu’une chose brûlée est détruite, que le lait répandu sur la terre est perdu, que le nuage qui s’évapore sous la chaleur solaire a cessé d’être. Mais tout le monde sait aujourd’hui que quelle que soit la dispersion de la matière, ses particules sont indestructibles, qu’il reste autant de vapeur d’eau quoique invisible, même lorsque le nuage est devenu invisible. Il n’est pas nécessaire d’insister en détail sur ce fait. Mais on pourrait répondre que cette admission milite contre la survie individuelle : superficiellement, oui, mais au fond, en aucune façon. Le nuage ne possédait aucune individualité : il n’était qu’un assemblage de particules possédant, par hasard, le pouvoir d’affecter les rayons lumineux de façon à les rendre visibles à nos yeux. Une foule peut être dispersée, une armée licenciée ; leur existence historique a été corporelle jusqu’à leur dispersion. La réalité de cette existence pendant sa durée se trouve dans le stimulant mental qui unissait les parties constituantes et non dans le groupe lui-même. Les composants de la foule se sont éloignés lors de la séparation, car rien n’est permanent dans la juxtaposition. Une armée ou une flotte obéit à des ordres donnés par des hommes d’Etat, transmis ensuite par l’intermédiaire d’officiers spéciaux. Les membres de cette agrégation ressemblent aux particules de notre propre corps réunies par quelque agent supérieur, obéissant aux ordres pendant un certain temps jusqu’au moment du licenciement. Elles cessent d’être en tant que corps, mais l’entité gouvernante qui les commandait et qui les dirigeait n’a plus rien de commun avec elles : c’était là l’instrument dont se servait l’agent transmetteur pour produire certains effets. La puissance gouvernante peut continuer à fonctionner longtemps après l’abandon du mécanisme subordonné. Mais sans instrument, elle ne peut fonctionner. Dieu lui-même ne produit pas de résultats sans moyens convenables. Le psychique et le physique semblent continuellement en rapport. En résumé, il doit toujours être vrai que la Divinité agit par des agents. Ce que nous appelons les lois de la nature sont nos formules de reconnaissance de quelques-uns de ses agents transmetteurs. Les théologiens supposent que les anges et les autres êtres surnaturels comptent parmi les agents et messagers divins, tandis qu’il est reconnu comme une vérité familière que l’humanité seule peut accomplir certaines choses. L’homme est l’instrument de puissances supérieures et lui-même a besoin d’instruments pour l’exercice et la manifestation de ses facultés. Comme un fabricant d’instruments peut se réjouir lorsqu’un artiste fait bon usage de ceux-ci, de même le Très-Haut peut se réjouir par l’usage bienfaisant des facultés et des talents de ses créateurs.
Georges Eliot dit : “Quand un maître tient entre ses mains et son menton un de mes violons, il est heureux que Stradivarius ait vécu et qu’il ait fabriqué des violons, les meilleurs du monde. Car si Dieu a donné le génie, moi je donne les instruments pour manifester. Dieu se sert de moi pour l’aider. Il n’aurait pu faire les violons d’Antonio Stradivarius sans Antonio »
IV
La quatrième proposition – que l’individu est une incarnation temporaire de quelque chose de permanent – touche au problème plus difficile de l’identité personnelle. Qu’entendons-nous par « individualité personnelle ? » Doit-on supposer que l’individu a toujours existé ? Si une chose doit persister, est-il nécessaire qu’elle ait pré-existié ? Nous pouvons en somme comprendre que cela n’est pas nécessaire. Un poème, un drame, peuvent être immortels, mais ils ont vu le jour dans un temps défini et des circonstances spéciales les ont fait naître.
Il me semble actuellement probable que l’individualité s’est formée pendant l’isolement dans la matière de ce que nous pouvons appeler la substance psychique brute, inexpérimentée. Le corps est graduellement saturé par la « psyché » ou âme non-identifiée, selon ses capacités de réception : portion infinitésimale au commencement du processus, augmentant peu à peu dans une certaine mesure, en raison des efforts et des opportunités de l’individu. L’afflux est parfois tellement important qu’il forme ce que nous appelons un « grand homme », bien que dans la plupart des cas, l’action s’arrête longtemps avant d’arriver à ce résultat. Après un intervalle de développement, l’âme, maintenant identifiée, s’en retourne à son point de départ, soit graduellement et naturellement, soit brusquement en cas de catastrophe, mais dans les deux cas, elle conserve les capacités, les aptitudes, les goûts, la mémoire et l’expérience acquises pendant sa vie incarnée. Elle comporte cet accroissement de valeur et le fait contribuer au Tout qu’elle joint – quel que soit ce Tout – approprié à sa nature : Tout ce qui peut être un moi subliminal plus grand, dont les portions peut-être sont soumises à une forme modifiée de réincarnation dans une vie future. Je réserve mon opinion sur ces questions. Mais nous pouvons être certains que les particules matérielles, toujours subordonnées aux fins de la personne, dont la croissance était temporaire, ont joué leur rôle, et qu’elles sont définitivement abandonnées ; ces particules proviennent d’une nourriture quelconque ; elles sont assimilées pendant un certain temps, puis continuellement rejetées pour donner place à d’autres. Les particules n’exercent aucun contrôle ; poussées ici et là, elles sont perpétuellement affluentes. Mais tout l’organisme conserve son identité à la façon d’un fleuve qui reste toujours le Gange ou le Tibre, bien que les particules d’eau passant dans son canal changent constamment. Ces analogies ne sont nullement exactes, mais simplement suggestives. Une fois récité, un poème ne cesse pas d’être. Une partition d’orchestre est l’incarnation temporaire d’un homme de génie dont les idées sont sujettes à réincarnation.
V
La cinquième proposition implique que l’incarnation terrestre a une valeur et que nous pouvons en comprendre partiellement la raison. L’individu se manifeste à nous par son corps, et l’expérience ordinaire nous montre qu’ainsi il est très isolé de ses pairs, et que, par suite, il est obligé de vivre sa propre vie et de développer de son mieux son propre caractère ; lorsqu’il rencontre d’autres êtres dans la même situation, il a l’occasion de se faire des amis. Le corps matériel est une sorte d’écran psychique, ainsi qu’un moyen physique d’union : nous rencontrons des gens dans la rue, que nous n’aurions jamais connus autrement. Notre mécanisme corporel nous fait connaître des évènements historiques et même des événements qui n’ont eu d’existence que dans la littérature. Le corps est un bel instrument d’éducation.
Le mécanisme cérébro-nervo-musculaire qui constitue, du côté matériel, l’être humain, est assez complet en lui-même ; il n’est généralement sensible aux influences extérieures qu’à travers ses organes sensoriels. Il devient ainsi conscient du monde extérieur et des autres individus qui sont dans une condition similaire de la sienne. Il peut prendre contact et coopérer avec eux par les moyens physiques de communication, pour apprendre quelque chose de cet Univers dont il constitue une portion individualisée. Il est tout à fait exceptionnel qu’une personne possède une connexion télépathique ou directe avec d’autres personnes, ou en reçoive une inspiration immédiate. En général, l’expérience se borne à l’information reçue par les moyens physiques, et surtout par un code de symboles constituant le langage, que nous sommes obligés d’apprendre par d’autres et que nous parvenons graduellement à interpréter. Toute connaissance est difficile à acquérir et exige un effort : sans instruction et sans effort, nos connaissances seraient fort limitées. Les organes spéciaux des sens sont pour ainsi dire, autant de fenêtres donnant sur l’univers, à travers lesquelles l’âme regarde et recueille des renseignements. Ainsi considérée, la matière est utile, et cependant elle semble être quelque chose d’étranger qu’il est nécessaire de manipuler énergiquement pour qu’elle exprime ou reçoive des idées. Il faut même un certain effort pour soutenir et pour maintenir le corps matériel. Les difficultés ainsi rencontrées font partie de l’éducation de l’âme : la valeur du caractère individuel dépend du succès de ses efforts, de l’utilisation des conditions spéciales, enfin de la sagesse des modes d’emploi. L’épisode qu’est la vie terrestre a donc une grande valeur dans le développement du caractère, et des connaissances ainsi que pour le développement d’amitiés nouvelles, en un mot, pour l’enrichissement de la vie.
VI
La sixième proposition affirme que les réalités sont permanentes, et ne dépendent pas des véhicules matériels qui manifestent, aident et rendent possibles nos compréhensions. Des unités psychiques, incarnées et isolées, sont munies d’organes sensoriels leur permettant de communiquer avec le reste de l’univers. Il faut cependant nous rappeler que nos sens spéciaux sont très limités dans leur portée, qu’ils ont pris naissance très bas dans le règne animal, afin de permettre à l’organisme de gagner sa nourriture, d’échapper à ses ennemis et d’éviter les autres dangers environnants. C’est seulement chez les créatures supérieures que ces moyens d’information sont utilisés, non seulement pour les besoins ordinaires, mais aussi pour les études scientifiques et philosophiques. Cependant, nous savons que les faits, chez l’homme, ne sont pas seulement observés et rappelés comme chez les animaux, mais qu’ils sont classifiés, généralisés et qu’ils forment le sujet de spéculations dont on tire des conclusions. La science devient un système qui dépasse de beaucoup tout ce que l’on aurait pu espérer comme résultat de simples vibrations et des contacts qui nous sont seuls transmis par l’univers matériel.
Je parlerai des déductions de nos sens dans le cinquième chapitre. Tout ce qu’il faut actuellement reconnaître, c’est que nos sens nous apprennent très peu, ou même rien, directement, de l’Univers dans son ensemble et dans son immensité. Ils nous limitent à la perception de la matière. Nous ne nous apercevons même pas en réalité des vibrations ; nous percevons uniquement les corps résonnants, lumineux ou éclairés d’où elles proviennent. C’est pourquoi la matière joue un rôle si vaste dans notre pensée que certains sont tentés d’y croire exclusivement. Voilà pourquoi il nous semble si difficile de croire qu’il y a un univers de vie, d’esprit et de pensée et d’aspiration en dehors des agrégations matérielles temporairement animées par ces choses qui, seules, d’une façon quelconque, peuvent impressionner directement nos sens.
Quand nous dépassons la sensation directe, nous sommes obligés d’exercer notre imagination et de nous représenter mentalement des images, c’est-à-dire ce que la terminologie scientifique nomme des « modèles » bien que dans ce sens, ce mot n’ait qu’une signification purement technique. Le physicien imagine constamment des analogies, ou des modèles d’expérience, quand il quitte le terrain positif de ses équations. C’est ainsi qu’il fait ou conçoit des images mentales de l’imperceptible, voire même de la quatrième dimension. C’est ainsi qu’il suit les complications de la structure de l’atome, le mouvement des électrons, la nature de la radiation, et par le fait, tout ce qui est en relation avec l’éther subtil de l’espace. Le physicien peut être incapable de se former des images claires et satisfaisantes, et pendant tout le dix-neuvième siècle, cela lui a été jusqu’à un certain point impossible. Ce n’est qu’au début du vingtième siècle qu’ils commença à trouver la clé du problème : mais pendant tout le cours même du dix-neuvième siècle, le chimiste s’est servi de cette méthode imaginative pour découvrir la composition des molécules de presque toutes les substances qui l’intéressaient, avec de nombreux détails remarquables dont une partie se confirme actuellement par les progrès de la physique. La distribution de quelques tâches sur une plaque photographique exposées aux rayons X parle à l’imagination du physicien comme le feraient plusieurs volumes.
A un niveau plus élevé et plus mystérieux, c’est l’unique moyen qui permette aux humains d’entrevoir les mystères de la religion et d’édifier une Théologie. L’appréhension sensorielle a besoin d’être aidée, et ne devient possible, en effet, qu’au moyen d’images. L’invisible doit être illustré et être rendu accessible par ce qui est visible. L’imagination doit posséder un noyau de perception sensorielle pour être claire et distincte. Si ce processus est poussé trop loin, il devient dangereux, ce qui a incité une école de pensée à désapprouver ce procédé. Nous devons cependant ne pas confondre l’image avec l’idole. Les vraies images ne sont pas de l’idolâtrie mais de la vraie vision. Les images sont essentielles pour la compréhension des choses spirituelles ; elles constituent une sorte d’incorporation, une glorification de la nature matérielle et s’élèvent jusqu’à leur véritable hauteur dans l’incarnation. Et si la matière se transfigure pendant une incarnation « in excelsis » il n’y a pas lieu de nous en étonner, car rendre possible à l’âme l’incarnation est la plus haute fonction de la matière, c’est son apothéose. Telle est sa gloire principale et sa raison d’être. Car l’âme est la forme et façonne le corps. Le corps est fait pour enchâsser et pour aider l’âme. L’âme peut alors refléter, dans des moments de sérénité, Dieu lui-même. Je présume que c’est la signification d’un poème écrit par mon fils dans lequel le corps est représenté comme un tabernacle de l’âme, qui, à son tour, est un calice ou une coupe, dont le contenu, lorsqu’il est calme et serein, peut réfléchir, quelque éloignée et brillante qu’elle soit :
La maison et la coupe
O corps, toi qui es libre et bon, sois une demeure propre pour contenir l’esprit ;
Et toi, esprit, fais belle ta large coupe pour recevoir l’âme,
O âme, sois calme, réfléchis l’image claire et lointaine de l’Etoile du Soir.
O. W. F. L.
C’est par l’exercice de notre faculté d’imagination que nous faisons des théories et que nous saisissons la vérité cachée même derrière la chose la plus ordinaire. Nous inférons constamment la réalité, le substratum, ou l’entité que nous ne percevons qu’indirectement, en commençant par les faits de l’électricité et du magnétisme. Le magnétisme, par exemple, ne nous est connu que par des mouvements bizarres de certaines substances, et cependant tout le monde admet l’existence du champ magnétique dans le vide. Le développement théorique de la science est immense dans ce sens. La lumière, dès qu’elle existe, est également tout à fait indépendante de la matière, et ne cesse pas d’exister même sans la matière. Rien ne s’échappe hors de l’existence. Tout n’est que transformation. Les réalités sont permanentes.
Mais de même que la lumière existe et voyage pendant des milliers d’années dans l’espace dépourvu de matière, emportant avec elle chaque détail de l’impression dont elle était l’objet à son origine, en révélant ses secrets à un spectroscope très éloigné au cours de générations postérieures ; de même il en est, à mon avis, de l’intelligence empreinte de la mémoire exacte de la vie terrestre, qu’elle conserve ensuite sous une forme qui peut être déchiffrée par un médium possédant la réceptivité nécessaire.
VII
La septième proposition comporte l’évidence de la survie humaine. Question d’une importance capitale : même en admettant une sorte de persistance impersonnelle de l’esprits, la conscience peut-elle retenir son individualité longtemps après la dispersion de l’assemblage des particules qu’elle habitait, c’est-à-dire quand l’organisme matériel est détruit, bien que cet organisme eût pu être la condition physique de son individualisation ? Nous pourrions imaginer à tort, que la personnalité dépend de l’assemblage particulier des particules qui pour nous, constituent l’individu, et qu’après leur dispersion la personnalité cesserait ou reviendrait à l’océan hypothétique, général cosmique d’où elle est venue. Il serait déraisonnable de supposer qu’elle doit entièrement cesser d’exister, mais il est et il a été raisonnable de supposer que ce que nous appelons la mort est la fin de l’individu tel que nous l’avons connu. Nous ne pouvons pas établir par le raisonnement seul (quant à moi, cela m’est impossible) l’existence continue de la personnalité qui s’est développée en association avec la matière, lorsque cette matière est abandonnée. Le Socrate de Platon a fait de son mieux dans cette voie, mais son œuvre n’est pas convaincante. Nous arrivons donc ainsi à la pierre de touche de la question, et nous devons recourir à l’expérience. Nous devons nous guider par les faits résultant de l’observation, et établir (si du moins nous le pouvons), la survie de ce que nous pouvons maintenant appeler l’âme individuelle, non au moyen de la logique, mais par les faits. Comment ?
Certaines déclarations curieuses sont faites par des physiologistes éminents et par quelques médecins (qui n’ont aucune tendance vers le spiritisme, voire plutôt une certaine répulsion), affirmant la formation ou la production de matière protoplasmique hors du corps d’une personne en état de transe, enfin l’observation de cette intelligence temporairement incarnée. Cette intelligence, après avoir exécuté quelque action ordinairement accomplie par la contraction musculaire, - par exemple, le déplacement d’objets, en laissant peut-être une empreinte sur une matière plastique, - abandonne le tissu organisé qu’elle occupait temporairement et retourne probablement à la région d’où elle est venue, tandis que la substance matérielle supposée empruntée, retourne à sa source. Je ne tiens pas trop à insister sur ce phénomène ; on peut admettre qu’il est difficile d’y croire. Mais beaucoup de faits touchant la matérialisation normale de l’hérédité nous sembleraient incroyables s’ils ne nous étaient pas familiers, cependant l’évidence de la télékinésie et de cette matérialisation peu ordinaire m’impressionne. Je crois que ces évènements bizarres une fois établis, seront susceptibles de raffermir et d’illustrer ma doctrine de l’association temporaire avec la matière d’une intelligence habitant l’éther, association qui se trouve à la base de toutes les incarnations. Il est même possible qu’ils suggèrent des méthodes pour amener la vie de l’esprit à entrer en relation avec la matière d’une manière différente de celle avec laquelle nous sommes familiers.
Mais l’occurrence même de ces incarnations ou matérialisations pour ainsi dire anormales – de ces dérangements matériels psycho-physiques – est discutée, et en tout cas, leur signification et leur implication restent obscures. Il est peu probable que par ce moyen ou avec une telle aide, nous parvenions à fortifier notre conviction de la survie personnelle. Pour bien des gens, ces phénomènes semblent hors du sentier battu ; ils les considèrent comme lugubres et en éprouvent une certaine répugnance, la science cependant ne les rejettera jamais pour cette raison. Je les mentionne en passant, parce qu’ils témoignent, dans tous les cas, de quelque chose de tangible et de physique, au delà de la portée de la doctrine scientifique reconnue, et il se peut que par cette voie d’approche, la forteresse scientifique soit attaquée, que la curiosité et l’intérêt soient éveillés, et qu’ensuite, les portes soient ouvertes à l’invasion d’un flot de connaissances supra-normales. J’espère que cela viendra avec le temps.
Laissons de côté cette partie du sujet comme étant relativement hors de propos et revenons à la question. Quel est le moyen le plus simple et le plus direct pour établir la persistance de la personnalité individuelle après la mort ? S’il était réalisable, le moyen le plus direct serait sûrement de se mettre actuellement en communication avec des personnes décédées, pour savoir si elles existent toujours, et si elles conservent sans changement leur caractère et leur mémoire.
Mais comment se mettre en rapport avec des entités désincarnées, en supposant qu’elles existent, puisqu’elles n’ont pas de corps matériel ni aucun moyen de manifestation ou aucune méthode de communiquer avec nous par nos sens ? Cela peut sembler impossible. Mais ceux qui ont vu la chose de près et qui ont ouvert leur esprit à l’évidence, trouvent peu à peu que ce n’est pas impossible, et la télépathie vient à leur secours. Nous avons déjà vu que certains individus ne sont pas complètement à l’abri d’influences psychiques lorsque leurs organes sont « fermés » et qu’aucune excitation physique n’y est appliquée. On pourrait « recevoir » quelque chose indépendamment de tout instrument transmetteur ou récepteur. Si ces influences psychiques persistaient encore, ces personnes pourraient percevoir des impressions même de la part d’intelligences désincarnées puisqu’il n’était pas toujours nécessaire de recourir aux méthodes de communication physiques dans le cas où elles les possédaient encore. Il serait par conséquent possible d’utiliser quelque moyen de communication, soit éthérique, soit purement psychique lorsque les vieux corps matériels sont détruits.
Il paraît ainsi possible qu’une véritable communication puisse se faire avec les désincarnés. Cependant, la faculté de réceptivité n’est pas très répandue, elle n’est possédée que par quelques rares personnes, comme toute autre faculté. Il y en a chez qui la faculté arithmétique, est particulièrement remarquable ; ces personnes sont des calculateurs prodiges. Il y en a d’autres dont la faculté musicale est marquée. La connaissance de la relation entre les tons leur vient naturellement, elles peuvent par suite apprécier et produire la succession et la coexistence des vibrations aériennes, qui peuvent également être appréciées à un degré inférieur par des personnes ordinaires. Cette faculté n’est pas seulement le résultat de l’éducation puisqu’elle se présente quelquefois chez des enfants tout jeunes. Il y a des personnes chez qui elle est très développée, de sorte qu’un assemblage de couleurs peut exciter chez les unes et chez les autres une émotion intense ; elles peuvent ainsi parler au monde dans un langage de couleur et de forme – langage compris seulement en partie par les gens ordinaires. Il y a diversité dans les dons lesquels ne sont pas le résultat du développement matériel, mais spirituel. Il ne faut donc pas nous étonner de voir des personnes douées d’une faculté spéciale de réceptivité psychique, qui leur paraît naturelle, en dehors d’une éducation spéciale.
Nous trouvons en conséquence des êtres dont la qualité réceptive ou télépathique est particulièrement développée. En langage populaire, on les appelle des « médiums » car c’est par eux et par leur aide qu’il nous est possible d’atteindre au privilège de la communication indirecte avec les désincarnés. Cette faculté paraît indépendante de la race, des circonstances, de l’éducation, du sexe, et même de l’intelligence. Ce sont des hommes, des femmes, et même des enfants ; quelques-uns sont des érudits, d’autres des ignorants, mais la plupart ne sont que des gens ordinaires et simples qui ne seraient considérés par personne comme exceptionnels. La manière d’exercer leurs dons varie selon les cas. La faculté réceptive n’est jamais continue. Une certaine placidité paraît nécessaire. Seuls ou avec un observateur, leur organisme corporel est mis en action par une intelligence qui n’est pas la leur. Il paraît même dans certains cas que l’opérateur psychique agit directement sur l’organisme au moyen de son appareil cérébro-nervo-musculaire. Dans d’autres cas, la transmission semble de nature télépathique ; l’esprit du percipient reçoit des idées qui sont reproduites par son organisme physiologique de la marnière ordinaire, à laquelle nous sommes habitués, quelque mystérieuse que ce soit l’action entre l’esprit et la matière. Je développerai cette idée dans le chapitre V. Il en résulte ou bien que leur main écrit, ou bien que leur bouche prononce des mots et des phrases, - peut-être des messages à un parent encore sur la terre, - dont la signification est inconnue de l’écrivain automatique, mais représente plus ou moins bien l’intention de la personne communicante, adaptée pour être mieux comprise de la personne à qui elle s’adresse ou à qui elle est destinée. Ces messages sont souvent reçus par des gens ayant perdu quelqu’un de leur famille, et c’est ainsi qu’ils parviennent à se mettre en communication avec leurs chers disparus et à découvrir que la mémoire, l’affection et le caractère de ceux-ci persistent toujours. L’évidence de l’identité est donnée, et doit être donnée par ce que l’on peut appeler les circonstances triviales, l’espèce de réminiscence dont se servirait naturellement une personne éloignée, désireuse d’établir son identité, disons, par téléphone. L’évidence de l’identité est souvent si forte que le scepticisme de la personne affligée disparaît, et que la consolation et l’espérance reviennent dans son cœur. On peut supposer que les gens ainsi affligés sont particulièrement aptes à croire et prêts à s’accrocher à un fétu de paille. Cela peut arriver, mais il n’en est nullement toujours ainsi ; quelquefois leur désir ardent de conviction les rend, justement très septiques.
D’ailleurs, la preuve ne dépend pas seulement du témoignage de ceux qui ont perdu les leurs. L’évidence de l’identité a été étudiée par des investigateurs scientifiques, qui se rendent compte de toutes les difficultés associées, telles que la possibilité de transmission de pensée par les vivants, le danger de personnification et d’autres encore. La preuve de l’identité personnelle est ainsi graduellement établie d’une manière sérieuse et systématique par l’examen critique des investigateurs et surtout par les efforts spéciaux et hautement intelligents des communicateurs de l’Au-delà. Quelques-uns de ces derniers s’intéresseraient spécialement au sujet lors de leur séjour sur terre et semblent faire un effort particulier en vue de l’exclusion des hypothèses faciles ou ingénieuses, graduellement accumulées et avancées comme des hypothèses d’explications possibles.
Pour moi, l’évidence est virtuellement complète et je n’ai plus aucun doute sur l’existence et la survie de la personnalité, pas plus que je n’en ai sur la déduction d’une expérience quelconque ordinaire et normale. Les personnes qui communiquent sont à peu près telles qu’elles étaient ici-bas, elles progressent graduellement sans doute, mais ne perdent pas immédiatement contact avec la terre. Quelques-unes sont animées d’affection pour ceux qui sont restés sur terre ; elles sont troublées par leur douleur, elles partagent leur joie, et désirent vivement leur donner la consolation et l’espoir en leur faisant part de leur affection, de leur intérêt et de leur aide continue, de la certitude de reconnaissance et de l’espoir de réunion finale. D’autres sont animées par le sens du devoir qui les pousse à éclairer le monde sur la réalité de la survie, à nous instruire de leur mieux sur leur genre d’existence, à nous montrer leur sympathie et leur pouvoir de nous aider dans les affaires de cette vie. Il paraît qu’elles peuvent de temps en temps prévoir l’avenir et nous donner des conseils comme elles auraient pu le faire pendant leur vie terrestre. En général, elles peuvent nous faire sentir l’importance de la vie terrestre, la responsabilité de nos privilèges, la permanence de notre caractère, la puissance du travail et du service dans l’Au-delà.
Une fois leur identité établie, elles peuvent causer avec nous, quoique avec quelque difficulté et dans des conditions comprises, pas en ce qui concerne leur vue agrandie de l’existence et des ses larges possibilités. Inutile de dire que leur compréhension des choses est loin d’être complète ; leur savoir n’est qu’un peu plus que le nôtre. Il y a des choses qui les intriguent encore bien qu’elles croient avoir trouvé la solution de quelques-uns de nos problèmes.
Il ne faut pas les considérer comme des oracles ou des sources d’informations infaillibles ; elles ont leurs faiblesses, mais tout cela diminue avec le temps, et leur enseignement présente en général un caractère noble et élevé.
On pourrait affirmer que certaines de nos propres inspirations – les pensées géniales – viennent d’elles ; elles sont plus au courant de nos affaires que nous le soupçonnons, et il semble que de notre côté, nous pouvons les aider par nos pensées et nos actions. Il n’y a entre l’Au-delà et nous ni gouffre ni abîme, si ce n’est une lacune sensorielle ; nous sommes encore de la même famille. Ces intelligences ont été émancipées des difficultés matérielles, mais n’ont pas changé autrement. Elles regardent notre vie terrestre avec courage et espoir ; elles forment, comme on l’a dit, un monde de témoins. Elles attendent une époque de réunion, un progrès continu et l’acquisition de conditions encore plus hautes et meilleures qui sans l’homme ne seraient pas réalisables.
Difficultés et objections
On fait une objection à l’utilisation des médiums pour les communications. On se demande pourquoi on ne pourrait pas soi-même communiquer directement. Ceux qui en ont la faculté peuvent le faire, ceux qui ne l’ont pas doivent recourir aux moyens établis. Quand on désire communiquer par télégramme avec une personne éloignée, on ne le fait pas directement, on ne sait pas comment s’y prendre. On utilise le service d’opérateurs non intéressés. Nous nous servons constamment d’un médium sans bien nous en rendre compte. Il en est ainsi avec tous nos moyens normaux de communication. Pour parler, nous utilisons des vibrations atmosphériques ; pour la vision, nous utilisons les vibrations éthériques, et pour le toucher même, nous utilisons l’instrument habituel qu’est notre propre corps. Pour la communication avec les désincarnés, nous sommes obligés de nous servir du mécanisme corporel de gens possédant la faculté nécessaire pour une telle communication.
Cette faculté nous est peut-être miséricordieusement refusée, afin que nous puissions nous occuper de nos affaires et accomplir nos devoirs respectifs.
Un médium est une personne qui sacrifie une partie de sa vie pour venir en aide aux autres. Nous devons lui en savoir gré et rendre sa tâche plus facile. L’idée de lui reprocher une rémunération modeste qui lui permet de vivre en se dévouant au service des autres, et tout à fait absurde. La suspicion générale, en même temps qu’une législation surannée, rendent actuellement sa tâche encore plus difficile, et il souffre de l’activité fâcheuse de quelques imposteurs qui, n’ayant eux-mêmes aucune faculté réelle, imitent celles-ci pour parvenir à leurs fins intéressées. De tels scélérats, certainement, existent, mais il est probable que leur nombre est limité. Ils sont dangereux partout où ils se trouvent, comme tous les escrocs. Un investigateur compétent peut les découvrir promptement et mettre fin à leur carrière frauduleuse.
La faculté de communication authentique est variable ; certains médiums sont plus forts que d’autres, et la puissance n’est uniforme chez aucun d’eux. Il faut user de bon sens et d’indulgence vis-à-vis d’eux à ce sujet comme pour tout autre. Si la méthode de communication était facile, elle aurait été reconnue depuis longtemps. Il n’y a pas de raison pour que la démonstration scientifique et la preuve de la survie humaine soient faciles. La science moderne commence graduellement à s’y intéresser, et l’amélioration sera progressive. Elle traverse actuellement les premières étapes auxquelles toutes les sciences naissantes sont astreintes. Jadis, la télégraphie sans fil était impossible à réaliser ; c’est aujourd’hui une banalité. Je ne dis pas que l’usage de la télépathie ou de la médiumnité deviendra banale, car nous avons affaire ici à des puissances qui sont bien moins comprises que le sont les artifices de la télégraphie sans fil. Il y a seulement un siècle, nous ne savions pas nous servir de l’électricité ; elle semblait et peut-être semble-t-elle encore, quelque chose de mystérieux. On a nié l’existence de l’éther universel pénétrant partout, bien que nous sentions son frissonnement quand nous nous chauffons devant un feu ou au soleil, et que nous transmettions quotidiennement des messages par son intermédiaire. Qu’il existe un médium physique pour la communication télépathique, que l’éther de l’espace soit nécessaire dans ce but, et que notre existence soit constamment associée avec cette substance plutôt qu’avec la matière, voilà ce dont nous ne sommes pas absolument certains. Les trépassés semblent penser qu’il en est ainsi, et autant que je le sache, ils ont raison. Mais il est équitable que nous poursuivions nos propres investigations pour toutes les questions scientifiques, n’acceptant les témoignages de l’Au-delà, quoique apparemment bien fondés, qu’après vérification. Relativement à cette question et à beaucoup d’autres tout aussi obscures, nous pourrons acquérir plus de connaissance, meilleure théorie si nous progressons graduellement selon les voies de la méthode scientifique qui s’est déjà montrée si fertile. Pour citer encore F. W. Myers : « La science est le langage commun de toute l’humanité ; elle peut s’expliquer si elle est mal comprise, et rectifier ses dires si elle a tort ; l’humanité n’a pas encore trouvé que, suivies avec méthode et sincérité, les méthodes de la science nous aient, en fin de compte, induits en erreur. »
CHAPITRE III
LA RECHERCHE PSYCHIQUE
“Quand le pionnier, éprouvé et combattu par des forces opposées,
aura enfin établi son affirmation dans l’opinion générale,
alors l’Autorité s’inclinera et lui ouvrira les portes.
La chose considérée autrefois comme hérétique
passera tranquillement dans les archives de l’Orthodoxie »
Hibbert Journal de janvier 1928
Article sur les opinions du Barons von Hugel,
à propos de certaines questions
Ecclésiastiques.
Si notre enquête nous conduit d’abord à travers le maquis de la fraude
et de la folie, y a-t-il lieu de nous alarmer ?
Christophe Colomb aurait pu céder à la panique de ses marins
lorsqu’il fut empêtré dans la Mer des Sargasses.
Si les premiers faits clairement établis au sujet du Monde Invisible
nous semblent mesquins et communs,
cela doit-il nous détourner de nos recherches ?
Colomb aurait pu rebrousser chemin pour regagner l’Espagne
quand l’Amérique était encore lointaine,
sous prétexte que la découverte d’un continent
qui ne se manifestait que par des troncs d’arbres flottants
n’en valait pas la peine.
F. W. H. Myers
« La personnalité humaine. II 306.
(Edition originale).
L’histoire de la science est sans doute le tableau des résultats intéressants, mais elle est aussi le record de l’opposition et de l’obstruction conservatrice. Les théories en place dominent le monde et les hypothèses nouvelles sont mal accueillies. Les protagonistes de la vérité ont toujours relevé le gant de la critique hostile et quelques-uns ont eu la chance d’échapper à la persécution. Les anatomistes ont été obligés de poursuivre leurs études en secret. La circulation du sang a été accueillie par l’opprobre. Les découvertes télescopiques de Galilée ont eu des antagonistes, et certains savants ont refusé de regarder dans ses instruments, leur idée fixe étant que les apparences étaient trompeuses. Ainsi non seulement, des théories mais les faits eux-mêmes ont été rejetés ou négligés. Roger Bacon fut accusé de magie et de superstition. Une réprobation unanime a salué presque toutes les découvertes. On se souvient que de nos jours même, les premières démonstrations de Joule sur la conservation de l’énergie ont été rejetées, et que la première communication faite à la Société Royale sur la théorie cinétique des gaz fut repoussée. On ne peut même pas dire que la découverte de « l’argon", gaz chimiquement inerte, ait été accueillie avec enthousiasme par les chimistes. Il n’y a donc rien d’étonnant dans le fait que les investigations de Sir William Crookes sur les phénomènes psychiques aient été mal reçues, méconnues et laissées complètement en dehors du domaine scientifique. Elles ne sont pas encore admises aujourd’hui, et le scepticisme y trouve certainement quelque excuse, attendu que ces expériences avaient un caractère qui semblait absolument incroyable. Toutefois, il persista dans quelques expériences simples et mécaniques, montrant soit un changement apparent dans le poids des corps, soit l’existence d’une force mystérieuse, espérant bien alors pouvoir persuader les représentants de la Société Royale d’en faire l’examen ; il ne réussit cependant pas à obtenir leur consentement pour constater ce qui paraissait une impossibilité.
Quoique cela paraisse peut-être un peu difficile à l’époque actuelle, il est sans doute instructif de comprendre que la méthode expérimentale elle-même, la méthode du libre examen des phénomènes, n’a pas de nombreux siècles à son actif. Elle a dû être soutenue par Francis Bacon, Lord Verulam, et lorsqu’elle fut mise en pratique par Galilée, elle fut considérée comme une nouveauté presque impie. Les résultats obtenus étaient souvent en contradiction avec les enseignements anciens, qui avaient l’autorité des siècles ou même de millénaires en leur faveur, Sans doute ces oppositions venaient non seulement des philosophes aristotéliciens, mais aussi d’ecclésiastiques qui se basaient sur les écritures anciennes sacrées, avec lesquelles semblaient être en contradiction les faits de l’Astronomie et de la Géologie. L’opposition cléricale à la Géologie a continué presque jusqu’à nos jours.
Néanmoins, l’entêtement des hommes scientifiques a désormais gagné la bataille pour la libre exploration de la nature dans presque tous les domaines, même au détriment des anciennes doctrines, et sans tenir compte des contingences. Dans les sciences chimiques, physiques et biologiques, la méthode expérimentale a finalement gagné la faveur générale si ce n’est de la part de quelques dissidents. L’opposition rationnelle formule aujourd’hui principalement des vues théoriques que l’on peut légitimement mettre en question, tandis que les faits sont, pour la plupart, acceptés, ou tout au moins, soigneusement examinés et étudiés par le corps scientifique presque en entier. Ainsi les faits véritables sont séparés des faux et toutes les hypothèses de travail sont tolérées comme un effort raisonnable en vue de les comprendre. On pourrait dire qu’actuellement il n’y a rien dans les doctrines établies sur les sciences mécaniques, physiques, ou chimiques, que l’on puisse envisager comme trop sacré ou comme absolument certain, pour en éviter la reconsidération, l’amélioration ou la réforme. On pourrait même affirmer que la complaisance actuelle à admettre les théories révolutionnaires comme celles des « Quanta » et de la relativité, est poussée à l’extrême, car ces hypothèses sont faites librement sur une minime évidence, et admises comme un pas préliminaires vers une connaissance future plus haute et plus étendue ; alors que parfois elles vont à l’encontre, temporairement, de nos connaissances acquises et de nos prédilections, basées sur ce que nous pensions.
Mais bien que tout cela soit vrai pour la plupart des sciences établies, il est digne de remarque que ce que nous pouvons appeler en résumé la science psychique, n’a pas encore gagné son droit à la liberté. Dans cette science, la méthode expérimentale est encore sous un nuage de soupçon et d’aversion. Des faits sont affirmés par des investigateurs compétents, auxquels aucune société orthodoxe ne daigne faire attention ; ils semblent en contradiction avec la structure générale de l’Univers, telle qu’elle nous est connue, et par conséquent, en dépassent les limites. Cependant le moment viendra sûrement où cette opposition sera brisée par la force et le renouvellement continu des faits eux-mêmes sans parler de l’action des chercheurs qui se sont sacrifiés au point d’en essayer l’examen. La méthode expérimentale appliquée à ce que le Professeur Richet appelle « La Métapsychique », c’est-à-dire la branche anormale et rare de la psychologie, est à l’essai. Elle ne fait que lentement son chemin contre les difficultés causées par la désapprobation générale et la tendance à persécuter les instruments humains qui permettent seuls de faire les expériences grâce auxquelles on peut acquérir une connaissance du sujet.
Il faut supporter cet état de choses quelque temps encore, car il est faux d’admettre que les faits sont surprenants. Ils doivent être étudiés dans des conditions peu communes ; ils ont été souvent enveloppés d’une atmosphère de légende, de superstition et de fraude. D’ailleurs, certains d’entre ces faits semblent porter sur les espoirs et les aspirations de l’humanité ; ils sont mêlés à l’affection et aux pertes humaines ; ils contribuent à la consolation et touchent la foi religieuse ; nous sentons instinctivement par cela même qu’ils devront être critiqués et examinés avec un soin méticuleux. Il faut faire un effort pour les traiter avec le sang-froid et l’esprit critique qui sont particuliers à la méthode scientifique.
Ces phénomènes ont été affirmés dans toute l’histoire humaine sous une forme ou sous une autre. Ils abondent dans la littérature religieuse de l’antiquité. On en trouve des relations dans les pratiques des races non civilisées. Ils semblent, d’une façon ou d’une autre, étrangers à l’état actuel de notre civilisation, et ne peuvent qu’être difficilement acceptés par les observateurs modernes, scientifiques et experts. Mais tout ceci ne ferait que démonter leur immense importance, si leur réalité pouvait seulement être établie, car, d’après les assertions des investigateurs, leur variété est très grande. Les faits impliqués ne sont pas seulement intellectuels, mais ils sont aussi physiques et physiologiques, et si, à la longue, leur authenticité est prouvée, cela signifiera l’ouverture de plus d’un nouveau chapitre sur les connaissances humaines.
Récapitulons brièvement quelques points où ils semblent être en désaccord avec la tendance générale de l’explication mécanique et matérielle qui, depuis Newton, a été si fructueuse et si victorieuse.
Il faut d’abord insister sur le fait qu’ils ne remplacent et ne nient en aucune façon l’explication mécanique ; ils la supplémentent comme tous les phénomènes vitaux. Car ils nous invitent clairement à aller plus loin et à admettre que la machine physiologique n’est nullement le dernier mot du problème. L’explication mécanique est incomplète si l’on n’admet pas quelque chose de plus. Les faits impliquent l’admission que la vie et l’esprit sont des réalités, en dehors de la matière et des procédés matériels ; ils sont cependant capables d’agir sur ces derniers en qualité de guide en accord parfait avec les lois de l’énergie, afin d’obtenir des résultats qui, par la nature inorganique seule, ne se seraient jamais produits. Le cerveau devient l’organe ou l’instrument de l’esprit, il n’est pas l’esprit lui-même. Que l’organisme soit une cellule protoplasmique ou une agglomération de cellules semblables, il est animé par une entité inconnue que l’on appelle la Vie. C’est cette dernière qui utilise la matière et l’énergie pour ses propres fins. Les opérations mécaniques peuvent être suivies, dans chaque domaine, de métabolisme ; les phases de la croissance graduelle d’un organisme ne peuvent pas s’expliquer selon les termes de l’activité moléculaire seule.
De plus, ces entités, supérieures que nous appelons la vie et l’esprit, paraissent posséder des facultés d’un caractère qui, jusqu’ici est resté inexploré et inconnu, dépassant les lois actuelles étudiées dans les branches diverses de la biologie et de la psychologie. Certains faits paraissent démontrer que l’activité de l’esprit ne se borne pas au fonctionnement de son organe corporel, mais peut opérer sans le secours d’un instrument matériel quelconque, quoiqu’il soit admis qu’un appareil matériel est nécessaire pour indiquer le résultat de ces opérations. La raison en est probablement que nous sommes entravés dans nos perceptions par la limitation des organes de nos sens, ces organes que nous partageons avec les animaux, qui ne nous renseignent directement que sur la matière, n’étant évolués que pour des buts bien éloignés de la recherche scientifique et philosophique.
Il est vrai que nous suppléons à nos organes physiologiques par des instruments, mais ces derniers sont aussi d’une nature matérielle et mécanique, du moins si nous admettons l’électricité comme faisant partie de l’Univers matériel. D’une façon stricte, cependant, l’électricité, le magnétisme et la lumière, la cohésion et la gravitation, quoique perçus par l’intermédiaire de la matière, sont, dans un sens large, d’une nature physique plutôt que matérielle au sens ordinaire de ce mot. Il me paraît que si nous tenons compte de l’éther nous pourrons espérer découvrir la clé de l’activité sur la matière de ces entités. La vie et l’esprit, selon toute probabilité, ont une liaison plus réelle et plus permanente avec l’éther qu’avec les particules matérielles noyées en lui. C’est actuellement une simple hypothèse de travail sur laquelle il ne faut pas trop s’appesantir. Mais ceux qui sont pénétrés de la nécessité d’un concomitant physique pour l’activité mentale ou pour tout autre, ne sont pas obligés d’abandonner leur croyance prématurément, mais peuvent avoir l’espoir qu’une explication jusqu’ici inconnue de la vie et de l’esprit, sera découverte par une compréhension plus juste de la structure, des propriétés et des fonctions de l’éther de l’espace.
Laissant tout cela comme matière spéculative, quels sont les faits expérimentaux suffisamment approfondis pour nous former une opinion ? C’est d’abord la télépathie, c’est-à-dire la communication d’informations, d’idées ou même de sensations entre deux esprits en dehors des moyens ordinaires de communication corporelle reconnus. La faculté de réception télépathique n’est pas très répandue parmi les gens civilisés qui ont usé davantage des autres facultés. Il est possible que la parole et l’écriture aient rendu la télépathie inutile, de sorte que cette faculté se serait partiellement atrophiée. Ou bien est-elle peut-être le germe d’une faculté naissante qui n’attendra son plein développement qu’après l’abandon de l’organisme corporel. Car celui-ci semble nous isoler individuellement et nous gêner dans la réceptivité des pensées, si ce n’est par les moyens familiers de l’ouïe, de la vision et du toucher.
L’expérience a démontré que chez certains individus la transmission des idées est possible par des moyens inconnus. L’idée transmise peut être la notion d’un objet, une douleur localisée, une impression de maladie, ou de mort. Cette dernière ne rentre pas cependant dans les catégories de l’expérience ; elle vient plutôt comme une impression spontanée, apparemment indépendante de la distance. Elle est quelquefois assez forte pour provoquer une image que l’on appelle une hallucination ou une vision, ou même une audition de la part de la personne éloignée, fort désireuse de les voir. La possibilité de ces exemples, quelquefois pathétiques, a été justifiée par la transmission expérimentale de la pensée, ou de l’idée transmise est d’un caractère très banal, et déterminée seulement par l’investigateur chargé de l’expérience.
Les conditions générales des expériences télépathiques de ce genre doivent être actuellement assez bien connues, et il est tout à fait probable que si plus d’expériences étaient tentées avec soin, on découvrirait des traces de faculté réceptive chez beaucoup de personnes. Ces phénomènes ont sans doute leurs propres lois et c’est à nous de découvrir les conditions de réussite du procédé, et tout expérimentateur sait que l’insuccès ne doit pas le décourager.
Supposons que l’existence de la télépathie soit définitivement établie, quelle est son importance ? Son importance principale paraît résider dans la démonstration que l’activité mentale n’est pas limitée aux organes corporels et aux instruments qui la transmettent régulièrement ; en d’autres termes, que l’esprit est indépendant du corps, et que nous ne sommes pas obligés de supposer que l’esprit cesse d’exister quand son instrument est détruit. En effet, ce serait un pas, mais un premier pas seulement, vers la démonstration de la survie.
Mais les chercheurs déjà ont été plus loin. Ils affirment en effet, et j’affirme moi-même, qu’il est possible de se mettre en communication télépathique avec ceux qui ont survécu à la mort du corps. Leur esprit, leur caractère, leur personnalité, persistent, et quoiqu’ils ne puissent faire aucune impression directe sur nos organes des sens, néanmoins, poussés par l’affection ou par une autre cause, ils sont de temps en temps, capables d’utiliser un instrument physiologique, - le mécanisme cérébro-nervo-musculaire appartenant à une personne vivante douée d’une faculté réceptive ou télépathique – de sorte qu’ils peuvent transmettre des messages à ceux qu’ils ont laissés sur terre. En ce faisant, ils prennent souvent des mesures appropriées pour prouver leur identité et la continuité de leur existence.
Tout cela n’est pas facile à dire parce que ce n’est pas une chose qu’on dit à la légère. J’en parle sous l’influence d’une grande masse d’évidence actuellement connue de moi et de beaucoup d’autres personnes. Ou elle est vraie, ou elle est fausse. Si elle est vraie, il est difficile d’exagérer sa formidable importance. Il faut longuement et soigneusement scruter l’évidence. Les espoirs et l’avenir de l’humanité sont là.
Cette sorte d’expérience, jusqu’à ce jour, a été complètement ignorée par la science orthodoxe. Le monde scientifique et le monde religieux s’offensent l’un et l’autre, des expériences sur de telles choses. Les instruments, c’est-à-dire les « médiums » ou réputés tels, par l’intermédiaire de qui nous faisons ces expériences, sont exposés aux persécutions légales. La science n’a pas encore conquis sa liberté. Il existe encore des branches impopulaires de recherche, des sujets sur lesquels il nous est défendu de parler ; il faut encore braver le ridicule. Mais les temps changent graduellement, l’atmosphère s’éclaircit ; elle est déjà bien plus claire qu’elle ne l’était dans ma jeunesse alors que moi aussi j’aurais rejeté tout ceci comme une simple superstition. Je m’attends à voir prochainement quelques membres plus jeunes de l’élite scientifique, non pas seulement des physiciens, mais des biologistes, ouvrir leur esprit à des possibilités insoupçonnées, et avec le temps, construire un édifice somptueux sur les tâtonnements, les hésitations et les assertions incroyables du passé.
Mais ces phénomènes mentaux qui semblent se grouper autour de la télépathie et établir la survie, ne sont en aucune manière les seuls phénomènes que les investigateurs ont affirmés ou découverts. Ils sont en quelque sorte les plus intéressants quoique la portion la moins tangible et la moins matérielle du sujet. On prétend quelquefois que la télépathie, c’est-à-dire l’action de l’esprit sur le corps et sur le cerveau.
Que l’esprit agisse sur le corps, c’est un fait assez familier, mais habituellement il agit sur son propre corps. Dans les cas extraordinaires, il s’agit d’un esprit étranger agissant temporairement sur le mécanisme physiologique dont le propriétaire lui a cédé le contrôle. Il est probable que les phénomènes hypnotiques sont produits par la transmission mentale ordinaire. Mais l’esprit subconscient peut agir sur un corps d’une manière bizarre, d’après le témoignage médical, en produisant des stigmates et autres marques sur l’organisme, en intervenant dans le processus vital d’une manière incompréhensible. On affirme que ça peut également se produire à distance, et que les cellules d’un cerveau, à la suite d’un effort spécial, peuvent être stimulées par un esprit désincarné non habituellement associé avec ce cerveau individuel. C’est ainsi que l’écriture ou la parole automatiques se produisent à l’égard de choses non connues par la personnalité normale.
Enfin on affirme que dans des conditions spéciales et en présence d’un organisme en rapport avec elles, des choses inorganiques peuvent être mues, des poids soulevés, des objets transportés, et d’autres actions accomplies qui, quoique faciles d’exécution par les muscles, peuvent apparemment et exceptionnellement se faire d’une autre manière. Ces phénomènes bizarres ont été principalement étudiés sur le continent par des chercheurs dont l’instruction médicale permet de prendre toutes les précautions nécessaires pour garantir l’authenticité des faits de ce genre. L’hypothèse de travail est que les objets sont mus par une sorte d’émanation dite « ectoplasme », sortant du corps du médium : portion de l’organisme extériorisée temporairement qui, ayant atteint son but, retourne à sa place. Quelques-uns de ces phénomènes peuvent être d’un aspect repoussant, mais ils exigent néanmoins une étude de la part des hommes qui sont compétents. Ils appartiennent à la biologie, et peut-être à la pathologie, sujets sur lesquels j’ai en général l’habitude de me taire. On prétend qu’au moyen de cette substance bizarre, de véritables matérialisations peuvent se produire, de manière à apporter et à montrer matériellement des formes n’existant antérieurement que dans l’éther. On soutient également que de même que nous sommes des incarnations ou des matérialisations associées avec la matière pensant un peu moins d’un siècle, ces choses sont des formations ou matérialisations se montrant pendant un temps limité pour disparaître ensuite, susceptibles entre temps, d’être vues, touchées et photographiées. Est-il étonnant que la science fasse la sourde oreille et reste aveugle devant ces phénomènes fantastiques, si troublants et parfois si pénibles à produire, si difficiles à étudier ?
Non, ce n’est pas étonnant. Tout fait nouveau peut paraître bizarre tout d’abord, mais l’évidence est forte, et ceux qui sont compétents pour étudier ces choses encourent une responsabilité en les rejetant de prime abord. Il semble qu’elles n’ont pas de place dans l’ensemble des sciences reconnues : quant à moi, je n’affirme rien pour le présent à leur égard, car mes connaissances premières sont comparativement limitées. Mais j’en ai assez vu pour reconnaître que la télékinésie, c’est-à-dire le déplacement des objets sans contact apparent, se produit réellement, et mon expérience me fait envisager avec intérêt les assertions des physiologistes et des anatomistes qui ont attesté l’authenticité des phénomènes de matérialisation.
L’émission d’une matière ectoplasmique hors du corps peut d’abord sembler un sujet d’investigation déplaisant, mais il faut se rappeler que nos propres organes intérieurs ne sont pas spécialement attractifs, quelques utiles ou intéressants qu’ils soient pour ceux qui les étudient. L’ectoplasme n’est que le nom donné à une sorte de matière cellulaire organisée, affirme-t-on, émanant temporairement avec des propriétés extraordinaires et inexpliquées, de certains individus ; cette substance se moule, prend la forme de visage et de mains, comme si elle était guidée par une intelligence subconsciente, afin d’accomplir en dehors du corps les mêmes actions qui habituellement se passent à l’intérieur du corps. Le phénomène est dû probablement à l’activité normale du corps dans les divers organes destinés à la manifestation. Ce n’est pas la nourriture elle-même, mais le principe formatif qui détermine la croissance d’un ongle ou d’un cheveu, et qui contribue à la formation d’un muscle ou de toute autre partie du corps. En effet, à l’aide du placenta, un ovum fertilisé est capable de former un organisme nouveau, complet et séparé, chose qui en elle-même pourrait être considérée comme assez extraordinaire.
Le fait que ce même principe formatif soit capable d’agir en dehors du corps comme il le fait normalement en dedans, est à peine croyable et la science orthodoxe ne l’admet pas encore. La question de savoir si c’est un fait ou non est nette, il s’agit de la résoudre, non par des théories ou des préjugés, mais par l’observation et l’expérience. Ceux qui se chargent de telles expériences doivent déjà posséder certaines connaissances biologiques et anatomiques. La question est purement scientifique. Si elle est résolue par l’affirmative, elle élargira nos connaissances des connexions entre la matière et l’esprit, sans avoir aucun rapport avec la survie ou les autres sujets qui intéressent la majorité de l’humanité. Il faut en même temps admettre que tout fait, - pourvu que ce soit vraiment un fait, - possède une importance en soi. Une haute autorité a déclaré que rien dans la nature ne doit être considéré comme commun ou vil. Il existe encore un groupe de phénomènes qui sont moins superficiellement désagréables que le dernier, ce sont la clairvoyance et la lucidité, c’est-à-dire la perception des évènements ayant lieu à distance, la lecture des lettres cachetées ou des livres fermés, et la découverte d’objets cachés ou des cours d’eau souterrains. L’évidence que certains individus possèdent une faculté de ce genre se confirme. Quelques-uns de ces faits ne semblent pas s’expliquer par la télépathie ou par la lecture de la pensée. On devra pousser l’hypothèse télépathique jusqu’à son extrême limite avant de tenter d’en établir une autre. Nous désirons avoir le plus petit nombre possible d’hypothèses. Tenant compte que tout ce qui est écrit ou imprimé a dû se trouver dans l’esprit de quelque personne à un moment donné, nous devons nous garder de supposer que de tels textes sont lus d’une manière supra-normale, c’est-à-dire d’une manière à laquelle nous ne possédons pas le moindre indice. Il est déjà vraiment extraordinaire que des marques noires sur du papier puissent normalement posséder pour nous une signification, et bien que nous soyons habitués à cette méthode de stimuler les idées et la perception artistique, il serait téméraire de supposer que nous avons épuisé toutes les possibilités de lecture de ces signes, en face de l’évidence contraire.
Il semble bien exister en effet, une action réciproque de l’esprit et de la matière. Nous pouvons mouvoir la matière par nos pensées, notre volonté, notre intention, et produire ainsi non seulement l’écriture et la parole, mais aussi de grandes choses telles que des ponts et des cathédrales qui n’existaient précédemment que dans l’esprit. Et les arrangements matériels ainsi obtenus, - disons, les œuvres d’art. – sont susceptibles d’évoquer dans les esprits qui existeront plus tard quelque chose rappelant l’émotion ressentie par l’artiste inventeur. Tel est le principe entier des œuvres d’art. Ce sont autant d’accumulation d’intelligence et d’émotions latentes. La question se pose de savoir si d’autres arrangements de la matière peuvent impressionner nos sens d’une manière moins déterminée ? Les impressions mentales peuvent déjà s’enregistrer dans la matière au moyen d’instruments tels que le gramophone et la plaque photographique. Certains pensent qu’une émotion vive peut également s’enregistrer dans la matière de sorte qu’une chambre où une tragédie a eu lieu peut influencer une prochaine génération ou toute personne assez sensitive. On espère qu’un jour par ce moyen, l’influence étrange de certains endroits sera expliquée d’une manière rationnelle. Ainsi le phénomène troublant connu sous le nom populaire de « hantise » disparaîtra de la superstition et s’établira dans le domaine des faits.
Sous bien des rapports, les facultés du subconscient, telles qu’elles se montrent dans les diverses clairvoyances et dans la lucidité, - ce que le Professeur Richet appelle la « Cryptesthésie » - dépassent les limites ordinaires de l’espace, de sorte que la distance et l’opacité ne sont pas un obstacle à cette perception ultra-normale. Quelques autres faits ont été observés, qui ont graduellement vaincu le scepticisme de ceux qui les avaient étudiés, et ont amené les chercheurs à penser que les limitations du temps peuvent vaguement être discernées, non seulement dans le passé éloigné, mais aussi jusqu’à un certain point dans l’avenir. Cette question des prémonitions et de la pré-connaissance est d’une difficulté exceptionnelle. Jusqu’à quel point l’avenir est-il assez déterminé pour qu’une perception de ce qui vraisemblablement doit arriver soit possible, soit une question soulevant des problèmes sur la nature du temps, que nous ne pouvons résoudre à l’heure actuelle.
Nous savons que la prédiction est possible en ce qui concerne le monde inorganique, particulièrement pour les mouvements étudiés par l’Astronomie, et il est permis de supposer qu’une connaissance plus étendue, disons, des mouvements moléculaires et de la structure de la matière – pourrait nous permettre de prévoir ces changements catastrophiques que nous dénommons couramment accidents, et d’anticiper ainsi les désastres et les convulsions de la nature avant toute indication normale. On peut admettre que l’Univers est une conséquence directe de cause à effet, et qu’une connaissance complète des conditions actuelles pourrait nous permettre de déduire l’émergence future de ce qui se prépare. Nous ne possédons pas de telles données, mais s’il y a des intelligences supérieures dans l’Univers, - et ce serait une supposition absurde de supposer que là nous sommes les plus hautes intelligences existences, - elles peuvent posséder des moyens d’information dont nous ne disposons pas nous-mêmes, et par là communiquer avec nous à l’aide d’individus sensitifs.
De telles spéculations nous mènent trop loin au delà des limites de la science connue, et nous ne devons avancer dans ce sens qu’avec prudence. Mais nous découvrirons peu à peu que nous ne sommes pas aussi isolés que nous le pensions dans l’Univers, que nous sommes entourés d’intelligences dont nous ne savons rien normalement, lesquelles ne sont qu’indirectement et occasionnellement associées avec la matière. Et j’espère qu’une étude soutenue, prudente et soigneuse, nous conduira bien au delà de nos connaissances actuelles des choses, en nous guidant vers des régions dont nous n’avons actuellement que des aperçus vagues et bizarres. La science, en fait, ne fait que débuter. Peut-être n’a-t-elle pas même commencé à découvrire la réalité de ce monde spirituel qui, pendant si longtemps, a exercé son influence sur les poètes, les saints, et les mystiques : ce monde qui a été la source de l’inspiration, le thème de la théologie et la force animatrice constante de la religion.
CHAPITRE IV
EXPLICATION DE QUELQUES PHENOMENES PSYCHIQUES
“Bacon prévoyait la victoire graduelle
de l’observation et de l’expérience
– le triomphe du fait réel, analysé, -
dans toutes les branches des études humaines ;
dans tous les sujets, sauf un seul…
Je prétends aujourd’hui qu’il n’y a plus lieu
de faire cette grande exception. »
F. W. H. Myers
« La Personnalité Humaine » II, 279
A titre d’illustration des facultés auxquelles je fais allusion dans les chapitres précédents, je fais allusion dans les chapitres précédents, je pourrais citer un grand nombre d’incidents, dont beaucoup ont été recueillis dans des ouvrages ou dans les procès verbaux de la Recherche Psychique. Mais je me bornerai à quelques épisodes principaux inédits servant d’explication aux facultés médiumniques. Bien que frappants, ces épisodes ne seraient pas concluants par eux-mêmes, mais feraient partie d’une masse d’évidence du même caractère, ils ont cependant leur valeur. Les incidents choisis sont représentatifs de quatre classes de phénomènes psychiques simples. Pour des raisons diverses, ils n’ont pas encore été publiés, sauf les deux exemples non personnels avec lesquels je commence et termine.
La première classe consiste en faits qui montrent la possibilité d’information au sujet d’évènements courants et distants, actuels ou passés. Je choisirai trois de ces incidents ; deux furent susceptibles de vérification immédiate : le troisième n’est pas encore vérifié et il est sans doute peu probable qu’il le soit jamais. Néanmoins, il me semble qu’il doit être enregistré pour le cas où des circonstances rendraient possible sa confirmation ou sa réfutation ultérieure[6].
La seconde classe d’incidents est une illustration de la faculté de prédiction d’évènements futurs improbables. Ce ne sont pas des évènements d’importance publique ; ils se sont néanmoins vérifiés plus tard.
Troisièmement, je prends un exemple de psychométrie – ou de diagnostic – d’un objet, faculté assez commune et bien connue des investigateurs.
Quatrièmement, il s’agit d’un épisode d’un genre différent – un exemple de nos causeries ayant lieu avec l’esprit contrôlant Mme Léonard, « Feda ». C’est une discussion de relations entre les trépassés et les vivants. Cette conversation permettrait incidemment d’établir une sorte d’épreuve – d’un succès douteux – pour vérifier l’identité de l’un des communicateurs.
CLASSE I - CLAIRVOYANCE. EXEMPLES DE CONNAISSANCE D’EVENEMENTS CONTEMPORAINS
“Die Geisterwelt ist nicht vershlossen »
(Le monde des esprits n’est pas fermé)
TROIS INCIDENTS
Episode A
D’abord, une information au sujet de l’assassinat de la reine Draga et de ses frères en Serbie. Ce renseignement a été reçu par mon ami le Professeur Richet, qui à l’époque, m’en a fait un rapport complet (1903). Le voici, en résumé :
Le soir de l’assassinat (qui naturellement était absolument inconnu et imprévu) le Professeur Richet et quelques-uns de ses amis assistaient à une séance de « table » à Paris, les lettres de l’alphabet étaient ponctuées par de petits coups. On notait les lettres pour les interpréter plus tard. Je ne connais ni le groupe ni le médium, et donne le récit de seconde main. Après la réception de quelques messages ordinaires, le contrôle parut changer et devenir précis, les lettres suivantes furent indiquées par des coups très nets :
« Bancalamo ». Richet remarqua : « on va se servir du latin avec une plume ». Mais l’épellation continua avec des lettres en apparence sans signification : « rtgu ». Tout en y attachant moins d’importance, il continua à prendre machinalement : « ettefamille ». Le message semblait n’avoir que peu de sens, seulement quelque rapport avec une famille. On s’aperçut peu après que les lettres pouvaient être séparées en mots, comme suit :
« Banca la mort guette famille. »
Ce message a été reçu le mercredi 10 juin 1903, et à 10 heures et demie du soir (22h 30).
Deux jours après, les journaux français donnaient de nombreux détails sur le meurtre sauvage du roi Alexandre, de son épouse la reine Draga et de ses frères de Belgrade ; le nom du père de la reine, décédé depuis peu, était donné comme Pança dont toute la famille a été en danger de disparaître par l’assassinat. (Le ç avec une cédille pouvait être l’imitation la plus rapprochée en langue française d’une lettre serbe qui, me dit-on se prononce entre les sons s ou (s et z ou tz, sans équivalent en français). Ce qui est surprenant, c’est que Richet, ayant lu ce nom dans les journaux du soir, fut frappé de la similarité entre ce nom Pança encore inconnu et parfois cité comme Panka, et le commencement du mot mystérieux inconnu Banca, la seule faute était dans la confusion entre le B et le P. Il pouvait donc lire le message comme une sorte de communication télégraphique de la part de Paça ou Panca, prévenant qu’à ce moment, la mort guettait sa famille : « La mort guette famille ».
Après avoir pris des renseignements et approfondi l’affaire, Richet apprenant que le crime avait été commis un peu après minuit, c’est-à-dire qu’au moment de la séance, il n’avait pas encore eu lieu, mais l’heure à laquelle le message était parvenu à Paris devait être proche de celle où les assassins quittaient l’Hôtel de la Couronne de Serbie à Belgrade, pour accomplir leur tragique besogne. Il n’existait pas « d’heure d’été » à cette époque, et 10 heures et demie du soir à Paris correspondaient pratiquement à minuit en Serbie. Comme l’a fait remarquer Richet, le mot « guette » était singulièrement bien choisi - l’attitude d’un chat guettant une souris. – Il n’aurait pas été aussi à propos quelques heures plus tard, ni même quelques heures plus tôt.
Le meurtre a été commis le mercredi vers minuit, ou mieux, « un peu avant l’aube », le jeudi matin 11 juin 1903 – pour citer le livre de Mijatovitsch (« SerbianTrajedy » 1906.) « entre 10h 30 du soir et 2 heures du matin le 11 juin, (pour citer le « Times » du vendredi 12 juin 1903). La nouvelle est parvenue à Paris le jeudi à 2 heures de l’après-midi, comme l’a appris Richet, mais il n’a lu aucun détail avant le vendredi. Richet ne cherche pas à expliquer pourquoi une communication était ainsi faite à Paris, à des gens inconnus et indifférents au fait que la famille Pança était en danger de mort. Tout ce que nous savons, c’est que cet assemblage de lettres a été reçu au cours de cette occasion spéciale, et que subséquemment, il a pu être interprété intelligiblement. Richet le considère seulement comme un exemple de « cryptesthésie couvrant une distance de 2000 kilomètres », mais je ne comprends pas du tout comment un terme qui suggère l’hyper-sensibilité d’une impression physiologique, peut s’appliquer à cet exemple. D’après l’hypothèse spirite que je suis disposé à accepter, quoique Richet ne le soit pas, on pourrait s’imaginer que Myers ou un autre membre du groupe de la S. P. R.[7] « de l’autre côté » ai vu une occasion de fournir une preuve de faculté supra-normale, en intercalant soudainement, parmi les messages fragmentaires qui étaient épelés par son ami Charles Richet, une phrase qui, quoiqu’elle fût obscure et intéressante.
Ce récit de l’incident est le vif souvenir de ce que me disait le Professeur Richet à ce moment là. Il en était fort impressionné surtout en raison de la coïncidence de temps. Il est vrai que la mort aurait pu guetter beaucoup de familles, mais s’il s’était agi d’une famille obscure, un tel message aurait été inutile. La famille spéciale à laquelle il se référait était désignée simplement sous le nom de Banca, qui n’est pas exactement le même que Pança ou Panka. Dans le récit imprimé du Professeur Richet[8], il discute la somme d’erreurs impliquées par la doctrine du calcul des probabilités, et il trouve qu’il est impossible de supposer que la grande similarité du nom donné dans le message soit due à la chance. Quant à l’absence réelle de nouvelles normales, elle était alors complète. Personne à Paris n’était au courant du complot secret tramé contre le roi Alexandre et son épouse Draga, et parmi les cinq personnes qui assistaient à la séance, aucune n’était en relation avec un Etat Balkanique quelconque, et n’avaient probablement jamais entendu parler de la reine Draga. Le message, si c’en était un, avait certainement été transmis avant l’événement, bien qu’on puisse justement le classer sous la rubrique des « évènements contemporains » et non sous celle des « prédictions ». Toute la famille Pança se trouvait alors sous la menace d’un terrible danger ; Draga et ses deux frères étaient actuellement assassinés et ses sœurs échappaient tout juste au même sort.
REMARQUES SUR LA METHODE DE RECEPTION ALPHABETIQUE DES MESSAGES
Le message ci-dessus a été apparemment reçu au moyen de coups frappés. En ce qui concerne la méthode au moyen de laquelle j’ai connu des incidents semblables, je dois dire que l’une des deux dames dont il a été question possède la faculté d’épeler les phrases par une méthode plus élémentaire que par des coups, c’est-à-dire au moyen de secousses imprimées à un petit guéridon sur lequel elle pose la main. Elle récite rapidement l’alphabet, s’arrêtant à la lettre voulue par le communicateur, dont l’autre dame prend note immédiatement en même temps que moi, si je suis présent. La signification de la succession de ces lettres n’est pas toujours immédiatement claire – quoique cela arrive quelquefois – et il est surprenant qu’on puisse obtenir une cohérence par ce procédé apparemment laborieux. Il est cependant d’un usage facile, et n’est pas trop lent. Il y a souvent une série courte de communications se suivant l’une l’autre, et chacun des communicateurs ayant dit ce qu’il voulait dire, cède sa place à un autre. Quelquefois, nous ne connaissons le communicateur du message que lorsqu’il donne son nom, mais les communicateurs habituels se reconnaissent facilement à leur style et à leur manière d’agir. Quand Myers opère, le médium se sent immobilisé et raide, il a davantage de laisser-aller avec les autres. Dans le cas de ce médium amateur féminin, depuis de nombreuses années, il semble souvent que le contrôle est exercé directement par le communicateur sur le bras manipulant le guéridon, de sorte que l’esprit du médium ne saisit guère, ou rarement essaie de saisir, ce que l’on dit. Les lettres étant écrites, la signification de chaque phrase complétée devient claire. Les rapports des séances sont exacts, avec une légère omission de temps à autres, pour les rendre plus brefs.
Episode B
L’incident suivant est très court et très simple. Il se rapporte l’élection de Hindenburg à la Présidence de la République Allemande. Le soir du dimanche 26 avril 1925, ma femme et moi tenions une séance privée avec deux amies anglaises à Paris. Nous causions en famille avec Raymond par l’intermédiaire du petit guéridon, sans penser le moins du monde aux affaires publiques et complètement désintéressées de ce qui se passait en Allemagne, quand, tout à coup, à 10 heures du soir, Raymond cesse la causerie en épelant : « Hindenburg est élu. Je vais voir la fête. Bonsoir. R. L. »
Le lendemain, lundi 27 avril 1925, une annonce de la dernière heure dans le « Daily Mail », édition continentale, disait « Un message de Reuter de 1h 18 ce matin déclare que Hindenburg a été élu."
ILLUSTRATION DE L’ACTIVITE POSTHUME ; EFFORT POUR REPARER UN TORT
Episode C
Le cas suivant a été relaté à la Société des Recherches psychiques par l’un de ses membres canadiens, dont l’attention a été dirigée vers l’incident à la suite d’un rapport paru dans un journal ; ce journal donnait des instructions à un homme de loi demeurant dans l’Etat de Caroline du Nord (où les évènements se sont produits) afin qu’il fît des recherches sur les faits en question pour son compte personnel. Ces faits avaient déjà été cités comme évidence au cours d’un procès, avec l’examen de professionnels quant à leur véracité. La Société britannique de Recherches Psychiques a reçu en temps voulu certains documents légalisés, et ce qui suit est partiellement un résumé de ces documents et des extraits ;
James I., Chaffin, testateur, était un cultivateur du Comté Davie, Caroline du Nord. Il était marié et avait quatre fils nommés comme suit par rang d’âge ; John A. Caffin, James Pinkney Chaffin ; Marshall A. Chaffin et Abner Columbus Chaffin. Le 16 novembre 1925, ledit James L., Chaffin faisait son testament dûment attesté par deux témoins, par lequel il léguait sa ferme à son troisième fils Marshall, nommé seul exécuteur testamentaire. Il ne laissait absolument rien à sa veuve et à ses trois autres fils. Seize ans après, le 7 septembre 1921, le testateur mourait des suites d’une chute. Son troisième fils, Marshall obtenait la succession le 24 septembre de la même année. La mère et les trois autres fils, n’ayant aucune raison valable pour le faire, n’avaient pas contesté le testament. Mais plus tard, en 1925, certains évènements bizarres se produisirent :
Extrait de la déclaration de James Pinkney Chaffin, second fils du testateur :
« Pendant toute ma vie, je n’ai jamais entendu dire que mon père avait fait un testament postérieur à celui de l’année 1905. Je crois que c’est en juin 1925 que j’ai commencé à avoir des rêves qui m’ont vivement frappé ; mon père m’apparaissait au bord de mon lit mais ne me faisait aucune communication verbale. Un peu plus tard, je crois que c’est vers fin juin 1925, il se montrait une fois encore près de mon lit, habillé comme je l’avais souvent vu de son vivant, portant un pardessus noir qui était le sien. Cette fois, l’esprit de mon père me parla ; il saisit son pardessus, le tirant en arrière, et disant : « Tu trouveras mon testament dans la poche de mon pardessus », puis il disparut. Le lendemain, je me suis levé ; bien convaincu que l’esprit de mon père m’avait fait une visite dans le but d’expliquer quelque erreur. Je partis chez ma mère pour chercher le pardessus, mais je m’aperçus qu’il avant disparu. Ma mère me dit qu’elle l’avait donné à mon frère John, qui réside dans le Comté de Yadkin, soit à environ 32 kilomètres au nord ouest de ma maison. Je crois que c’est le lundi 6 juillet après les événements racontés dans le dernier alinéa, que je suis allé chez mon frère dans le compté de Yadkin, où j’ai trouvé le pardessus. Je constatai à l’examen de la doublure de la poche intérieure avait été cousue. Je la défis immédiatement et trouvai un petit rouleau de papier ficelé, portant uniquement les mots suivants : « lisez le vingt-septième chapitre de la Genèse dans la vieille bible de mon père."
J’étais à ce point tellement convaincu que le mystère serait expliqué que je ne voulus pas aller chez ma mère pour faire l’examen de la vieille bible sans la présence d’un témoin, et je persuadai un voisin, M. Thomas Black Welder, de m’accompagner : ma fille et la fille de M. Black Welder étaient également présentes. A notre arrivée chez ma mère, nous avons eu beaucoup de mal à découvrir la vieille bible. Enfin nous la trouvâmes dans le tiroir supérieur d’un bureau d’une chambre des étages supérieurs. Le livre était tellement délabré qu’il est tombé en trois morceaux au moment où nous le retirions de son tiroir. M. Black Welder ramassa le morceau contenant le livre de la Genèse dont il tourna les pages jusqu’au vingt-septième chapitre, où deux pages se trouvaient pliées l’une contre l’autre, la page gauche pliée vers la gauche, formant ainsi une poche, et dans cette poche M. Black Welder trouva le testament. »
C’est-à-dire qu’il trouva un document écrit sans formalités voulues, en date du 16 janvier 1919, ainsi conçu :
« Après lecture du vingt-septième chapitre de la Genèse, moi, James L. Chaffin, j’écris mes dernières volontés et mon testament, comme suit : je désire que lorsque mon corps aura été décemment enterré, ma petite propriété soit divisée également entre mes quatre enfants si, au moment de mon décès, ils vivent encore. J’entends que ma propriété, tant personnelle qu’immobilière, soit également partagée, et s’ils ne sont pas vivants, que l’on donne une portion à leurs enfants. Si ma femme vit encore, tout le monde devra prendre soin de sa maman. Telles sont mes dernières volontés. En foi de quoi, ma signature et mon sceau.
James L. Chaffin
Ce 16 janvier 1919. »
Quoique sans attestation, ce dernier testament a été considéré comme valable par la loi de la Caroline du Nord, puisque écrit entièrement de la main du testateur, à condition qu’une preuve suffisante fût fournie à l’authenticité de l’écriture. Ayant écrit son testament, le testateur avait dû le mettre entre deux feuillets de sa vieille bible de famille, qui appartenait autrefois à son père, le Révérend Nathan S. Chaffin, en pliant les pages de manière à en faire une sorte de poche. Les pages ainsi pliées étaient celles contenant le vingt-septième chapitre de la Genèse, où il est dit que le frère cadet Jacob avait pu supplanter le frère aîné Esaü, et ainsi gagner son droit d’aînesse en même temps que la bénédiction de son père. Le seul à bénéficier du premier testament, était, on s’en souvient, un frère cadet.
Autant qu’on ait pu le savoir, le testateur n’avait mentionné à personne avant sa mort l’existence de ce deuxième testament, mais dans la poche intérieure d’un pardessus lui appartenant, il cousait le rouleau de papier sur lequel il avait écrit les mots : « lisez le vingt-septième chapitre de la Genèse dans la vieille bible de mon papa ».
Peu après sa découverte, le document fut présenté pour être légalisé, comme véritable testament du défunt. La cause fut présentée dans une séance de décembre 1925. Un jury fut assermenté, l’audition commença, puis le tribunal s’ajourna pour déjeuner. A la reprise, un avocat annonça que dans l’intervalle, on était parvenu à s’entendre à l’amiable et que le nouveau testament serait admis à la légalisation sans opposition.
Voici la copie officielle des notes du Juge-Président du Tribunal :
Jugement par consentement
Concernant le testament de Jas. L. Chaffin décédé,
Caroline du Nord, Comté de Davie
_____
Tribunal supérieur
Trimestre de décembre 1925
_____
JUGEMENT
Attendu que cette cause a été entendue et que les questions suivantes ont été soumises au jury : - l’écriture du papier daté du 16 janvier 1919 constitue t-elle en son entier le dernier testament de James L. Chaffin, décédé ?
Réponse : Oui
Attendu que le jury a répondu affirmativement, sur la proposition de MM. E.. Morris, A. H Price et J. C. Busby, avoués pour les demandeurs, il est ordonné, décrété et arrêté que ledit testament sera inscrit au Greffe du Tribunal Supérieur du Comté de Davie, sur le Registre des Testaments, et que le testament daté du 16 novembre 1905, légalisé le 24 septembre 1921 (voir Registre des Testaments n° 2, page 579), supposé être le dernier testament du défunt James L. Chaffin est, par les présentes, annulé et révoqué.
Au début du procès, Marshall, l’héritier original, était mort, mais sa veuve et son fils étaient prêts à attaquer le second testament. Dans l’intervalle du déjeuner, on leur a montré ce testament. Dix témoins étaient prêts à témoigner qu’il était bien de l’écriture du testateur, ce que la veuve et son fils ont immédiatement admis après lecture, retirant ainsi leur plainte.
La déclaration de M. James Pinkney Chaffin se termine ainsi.
« Pendant le mois de décembre 1925, mon père m’est apparu encore une fois. C'était environ une semaine avant le procès Chaffin contre Chaffin. Il me demanda : « Où est mon ancien testament ? » Il paraissait être d’assez mauvaise humeur. A partir de ce jour, j’ai cru que je gagnerais le procès, ce qui eut lieu. J’ai parlé de cette apparition dès le lendemain à mon avoué.
Beaucoup de mes amis ne croient pas qu’il soit possible aux vivants de communiquer avec les morts, mais je suis parfaitement convaincu que c’est bien mon père qui s’est montré à moi dans ces diverses occasions et je le croirai jusqu’au jour de ma mort »
Certains témoignages et documents justificatifs concernant les faits suivent. Je citerai seulement la déclaration du voisin, M. Black Welder [9]:
« Je me nomme Tommas A. Black Welder. Je suis âgé de 38 ans et suis le fils de H. H. Black Welder. J’habite une ferme dans la commune de Callihan, à environ 1 kilomètre et demi de l’endroit où est mort Jas. L. Chaffin en 1921. Je crois que c’est le 6 juillet 1925 que M. J. P. Jaffin (fils de James L. Chaffin et l’un de mes voisins) est venu me voir. Il me demanda de l’accompagner pour aller chez sa mère et me dit en même temps que son père lui était apparu dans un rêve et lui avait dit comment il pourrait trouver son testament. M. Chaffin me dit aussi que quatre années s’étaient écoulées depuis la mort de son père qui lui était apparu dans un rêve pour lui faire savoir qu’il trouverait dans une poche intérieure de son vieux pardessus quelque chose d’important. M. Chaffin a déclaré en outre qu’ayant pris ce pardessus, il y avait trouvé un morceau de papier portant l’écriture de son père, et il désirait que je l’accompagne chez sa mère pour examiner leur vieille bible. Je l’ai suivi, et nous avons cherché la bible que nous avons trouvée quelque temps après dans le tiroir d’un bureau au deuxième étage de la maison. Nous avons retiré la bible, qui était très ancienne, en trois morceaux séparés. J’en pris un et M. Chaffin les deux autres. Il arriva que celui que j’avais en mains contenait le livre de la Genèse. J’ai tourné les pages et au vingt-septième chapitre, j’ai trouvé deux feuillets pliés intérieurement avec un papier écrit, plié entre les deux feuillets. C’était le dernier testament de James L. Chaffin. »
CLASSE II. PREVISION
Exemple de prédiction. – Episode de la Maison
“Peu de gens ont longuement réfléchi sur ces problèmes du passé et de l’avenir sans se demander si le passé et l’avenir sont réellement autre chose que des mots, et si nous n’envisageons pas comme un ruisseau de successions ce qui est un océan de co-existence, découpant en tranches au fil de nos siècles et de nos années subjectives des choses absolues qui sont hors du temps."
F. W. H. Myers
« La Personnalité Humaine, » II. Page 273
PRELIMINAIRE
Ma femme prenait le thé avec son amie, Mademoiselle Clarissa Miles, dans son appartement, à Egerton Gardens. Londres, le 6 mai 1913, et comme divertissement, Mlle Miles avait invité une clairvoyante professionnelle appelée Mme Vera, afin de donner ce que l’on pourrait appeler une séance par intuition sans transe. Rien d’important ou même d’un intérêt spécial ne s’était produit, mais ma femme avait appris à prendre des notes, - autant qu’elle pouvait le faire sans le secours de la sténographie, - pour le cas d’un intérêt éventuel postérieur. Ses notes étaient approximatives, mais notre fils Raymond les revoyait : il s’y intéressait un peu parce qu’il y était question d’Italie, où il avait été la même année rendre visite à des amis. Je choisis celles de ces notes qui se rapportent à ce que disait Mme Vera à la fin de son discours. Je ne suppose pas que les notes originales ont été prises mot pour mot, le récit interrompu fragmentaire ; je crois que les points saillants ont seuls été notés. Voici ce qui a été écrit à cette date, et copié par Raymond, en 1913, avant la guerre :
« Une maison à la campagne, de la joie, une rivière coulant au fond du jardin. La maison paraît toute en longueur, comme un bâtiment assez bas et étendu ; un pré descend vers l’eau. Une condition heureuse, un temps heureux. Sur une hauteur ; le jardin s’incline vers l’eau, un sentiment de paix tranquille. A l’ancienne mode ; une porte d’église. Les pièces sont surannées ; il n’y en a pas deux qui se ressemblent ; les marches sont basses, très curieuses ; on monte une marche et on descend une autre. Quelques pièces sont longues et étroites ; elles sont de toutes formes. Quelque chose qui s’associera avec votre vie. Petit vestibule, maison basse, vieux chêne. Cette maison est celle que vous allez habiter. Grands tableaux suspendus, veux tableaux. Le mur de face ressemble à de la pierre. C’est dans la campagne accidentée. Loin de la gare. Un pavillon qui s’étend transversalement, il y a une table et des chaises à l’intérieur, façade en verre. »
La famille s’est trouvée intéressée par cette description détaillée d’une maison imaginaire, essayant de l’assimiler à une maison quelconque du voisinage, mais sans succès. La porte d’église prise au pied de la lettre semblait une particularité impossible ; par le fait aucun des détails ne semblait s’appliquer à une maison quelconque susceptible d’être habitée par nous. Depuis ma jeunesse, j’avais toujours habité dans les environs des « cinq villes » de M. Arnold Benett ; j’ai toujours vécu à Londres, Liverpool ou Birmingham, c’est-à-dire des endroits où l’on trouve des universités modernes, où je pouvais gagner ma vie et avoir ma part d’instruction. Il était tout à fait invraisemblable que je ne m’enterrerais jamais à la campagne, car il me semblait que l’on venait de décrire une maison perdue dans la campagne.
Il faut maintenant laisser passer quelques années pour donner les détails biographiques nécessaires à la compréhension de l’épisode. En 1914, nous sommes allés avec l’Association britannique[10] en Australie. La guerre éclate, et Raymond est tué au cours de l’année 1915.
Longtemps après, en 1919, j’allais quitter ma position de recteur de l’Université de Birmigham, et nous étions en conséquence à la recherche d’une petite maison ou d’un « cottage » où nous pourrions nous retirer après avoir quitté la grande maison familiale de « Mariemont » (Edgbaston, Birmingham). Par l’entremise de certains médiums tels que Mme Osborne Leonard, qui, de temps en temps, donnait des séances à la mère de Raymond, ce dernier, maintenant « de l’autre côté » exprimait son intérêt sur ce qu’il appelait « notre chasse à la maison." Il parlait de plusieurs maisons que sa mère avait déjà vues. Il décrivait, par exemple, un trou dans le mur pour le service, entre la salle à manger et la cuisine, existant dans une maison près de Crowborough qu’elle avait visitée. En mai 1919, il discutait sur une autre maison à Datchet, mais pensait que nous pourrions faire mieux, et nous suggérait de ne pas quitter Mariemont avant un an. Nous nous sommes enfin fixés sur une petite maison sise dans la Cité-Jardin, à Hampstead-Londres, et avons même entamé les pourparlers au sujet du bail. Raymond n’en était pas tout à fait satisfait. Il nous faisait remarquer que les murs étaient trop minces pour avoir le calme et la tranquillité, et que la place manquait pour mes livres, - ce qui était certainement vrai. Nous avons néanmoins fait des arrangements pour louer la maison. Dans les premiers jours de l’automne, le 3 juillet 1919, ma femme partit pour Vichy en France, pendant quelques semaines. En son absence un message réitéré arriva par les moyens habituels : « Dites à ma mère de cesser sa chasse à la maison. J’en ai trouvé une et j’espère vous la procurer. Raymond. »
Pendant que ma femme était encore absente en juillet, je suis allé faire une de mes visites périodiques de quelques jours à nos amis Lord et Lady Glenconner. Ils n’étaient pas alors à Glen, qui se trouve à la frontière de l’Ecosse où nous les avions souvent visités, mais dans une de leurs propriétés plus petites, Wilsford Manor, à environ 14 kilomètres au nord de salisbury. Cette plaine n’est pas plate, comme on pourrait le supposer ; c’est un groupe de collines calcaires de hauteur médiocre s’étendant sur la partie mériodonale du Comté de Wiltshire. Elle est arrosée par cinq rivières convergeant de vallons larges et ouverts comme les doigts d’une main ouverte et se réunissant à son poignet près de Salisbury, au sud. Ces cinq rivières se continuent par l’Avon jusqu’à la mer, Christchurch, dans le Comté de Hampshire. Avoisinant les prairies irriguées par cette dernière rivière et sur un calcaire sec, se trouvent Wilsford Manor et quelques autres maisons.
Un après-midi, Lord Glenconner m’invita à faire une promenade, visitant, chemin faisant, une vieille ferme dans la vallée de l’Avon. Elle se trouvait sur une propriété qu’il venait d’acheter à un de ses voisins, au nord de la sienne. Il remarqua, en passant, qu’il y faisait faire quelques changements et venait de construire un porche. Son acquisition avait été faite pendant la guerre, et il l’avait meublée pour servir d’habitation à quelques officiers militaires de service sur la plaine de Salisbury, qui est un camp d’instruction militaire. Il s’y trouvait quelques vieux tableaux, portraits de famille, tableaux sportifs, etc. Il faisait alors faire quelques améliorations, et entre autres, il faisait construire un porche comme porte d’entrée nouvelle, afin de la protéger contre les intempéries du côté nord. Les ouvriers avaient presque terminé, et la maison était entre les mains d’un gardien. Il y avait des granges, un jardin potager, mais très peu de pelouse, seulement juste ce qu’il fallait pour le bétail. Il s’en occupait ainsi que de l’amélioration des alentours parce qu’il songeait maintenant à louer la propriété. Mais il ajoutait qu’il attacherait quelque importance au caractère des locataires éventuels puisqu’ils seraient ses proches voisins (moins d’un kilomètre, avec champs avoisinant) ; d’ailleurs la plupart de ceux qui seraient désireux de louer voudraient sans doute avoir des droits de chasse et de pêche sur les trois cents hectares de terre labourable annexée, mais de cela, il ne voulait pas entendre parler. Nous avons ensuite visité la maison, dont la simplicité me conquit de suite, et plus particulièrement les prairies des alentours et la belle vallée de l’Avon, vue des hauteurs de la plaine de Salisbury. Je me souviens de lui avoir dit, tout en continuant notre promenade : « Pourquoi ne nous la loueriez-vous pas ? Je ne désire ni pêcher ni chasser. » Il répondit : « Je ne demanderais pas mieux, mais elle ne vous conviendrait pas : elle est trop loin d’une gare, et sans doute trop loin de Londres. » J’étais plutôt de son avis, puisque je n’avais aucun désir de m’enterre à la campagne.
Cependant une de mes filles était arrivée pour faire une visite à Wilsford Manor avant mon départ, et je lui fis voir la maison ainsi que la campagne environnante. Elle en fut aussi satisfaite que moi, et certaine qu’elle plairait à sa mère, qui avait toujours aimé les paysages du Susses, près de Brighton. De sorte qu’après quelques dépêches à Vichy, je décidai de la prendre, dans le cas où nous pourrions installer une bibliothèque en haut, en surélevant le toit. Il en fut ainsi décidé et le travail commença. En attendant, je m’étais débarassé de la gentille maison de Cité-Jardin à Hampstead, ce qui n’avait offert aucune difficulté, et je prenais les mesures des chambres de Normanton House, dans le but de nous y installer, disons, six mois après notre déménagement de Mariemont. Nous n’avons effectivement effectué notre installation que pendant l’été de 1920, après la longue série de conférences que j’ai faites en Amérique au commencement de la même année.
Une fois installés, nous nous occupâmes à parcourir les papiers de Raymond, renfermés dans une boîte, nous tombâmes sur la copie d’un vieux document composé des notes de la séance de sa mère avec Mme Vera, plus de sept années auparavant. Nous fûmes immédiatement frappés de la description d’une maison faite à la fin de cette séance ; bien qu’elle ne pût s’adapter à aucune maison visitée par nous, il était maintenant évident qu’elle se référait presque exactement à notre demeure actuelle. Elle est très éloignée de la gare (environ 14 kilomètres) et quoique la gare d’Amesbury sur un embranchement de Bulford n’en soit qu’à 5 kilomètres, la seule que nous utilisons sur la grande ligne est Salisbury. La rivière Avon est toute proche et un de ses bras passe au fond du verger ; son débit est réglé par des vannes. Quelques panneaux en chêne sont dans la salle à manger, qui est aussi la salle d’entrée, dont la porte s’ouvre directement, avec descente de trois marches, de sorte que le niveau de la salle est au-dessous de celui du sol extérieur ; chose peu ordinaire et probablement faite depuis peu de temps pour la surélever à partir du moment où elle a cessé de servir de remise pour les outils agricoles (comme le disent les plus vieux habitants du pays) pour devenir habitation. Elle est longue, basse et étroites (12 m x 25 x 3 m 90 x 2 m 75), et au plafond se trouvent de vieilles poutres en chêne presque complètement usées qui sont sans doute là depuis des siècles. Entre les fenêtres il y a des panneaux en chêne, et les volets sont en chêne. Un escalier remarquable en chêne, conduit de la salle d’entrée à un étage supérieur, continuant jusqu’à une pièce récemment convertie en bibliothèque après enlèvement de vielles poutres et surélévation du toit.
Au début de notre location, on avait laissé quelques vieux tableaux dans la maison ainsi que des meubles, jusqu’au moment de notre installation complète. Il y avait également une marche à la sortie du salon, ainsi qu’une autre à un endroit imprévu d’un corridor de l’étage supérieur qui faisait quelquefois faire un faux-pas aux visiteurs, de sorte qu’on m’a dit spontanément : « Cette maison ne semble faite que de marches à monter ou à descendre » ce qui, bien qu’exagéré, ressemblait à la phrase prononcée par la voyante. En face de la porte d’entrée, le jardin potager était à moitié entouré d’un mur de calcaire, couvert de chaume à la mode du Wilshire, et ce mur de marne calcaire ressemble à de la pierre.
Parmi tous les points qui sont en accord, celui du porche est cependant le plus remarquable. Construit récemment pour protéger l’entrée, il possède une véritable porte d’église, évidemment très ancienne et d’une épaisseur considérable uniforme d’environ 7 centimètres. Cette porte était garnie partout de rivets ou de boulons, avait des gonds très longs, deux verrous fort épais et un loquet adéquat. Je me suis renseigné auprès de mon propriétaire au sujet de cette particularité de la maison et j’ai appris que lorsque le nouveau porche en pierre avait été construit autour de la porte d’entrée donnant sur l’avenue au nord de la maison, on s’était aperçu que ce porche s’était un peu trop ouvert par le temps ; en conséquence Lady Glenconner, lors d’une visite à la maison au moment des améliorations, avait fait observer aux constructeurs que l’entrée pourrait être améliorée, en y ajoutant une seconde porte extérieure au porche, ajoutant qu’elle savait où trouver une porte qui conviendrait. Cette dernière était dans une dépendance de Wilsford Manor, et avait probablement été mise de côté au moment où l’église fut réparée par l’ancien propriétaire de Wilsford. Cette belle et ancienne porte fut donc ramenée et mise en place dans le porche de la maison de Normanton. Elle montre encore à certains endroits des taches provenant sans doute de l’usage qu’en avaient fait les peintres en bâtiments pendant ses années de réclusions. Mais notez bien qu’elle n’a plus servi de porte qu’après la guerre, c’est-à-dire bien longtemps après la vision ou prédiction de 1913. A cette époque même, le porche n’existait pas et la maison n’était pas encore en possession de la famille Glenconner, qui a acheté la propriété en septembre 1915.
Il serait peut-être bon d’ajouter que lorsqu’on faisait des changements à la maison de Normanton en 1919, les Glenconner n’avaient aucune connaissance d’une prédiction quelconque, et cette prédiction ne nous revint à l’esprit que longtemps après. Le porche et les changements secondaires avaient été complètement achevés avant que nous eussions vu la maison ou seulement connu son existence.
Le toit avait été enlevé et une bibliothèque de mansarde ajoutée au commencement de l’année 1920. Il est presque incroyable que tous les autres détails dont la prédiction fait mention aient pu s’adapter aussi correctement à cette maison par l’effet du hasard, et ce qui paraît plus incroyable encore, c’est que l’existence d’une porte d’église dans le porche d’entrée d’une maison déterminée ait pu être prévue à l’avance. Je préfère ne pas faire un effort maladroit pour expliquer l’incident.
Quant aux autres détails secondaires ; une verrière sur le côté sud de la maison, avec des tables et des chaises, il n’y a peut-être pas lieu d’en tenir compte, attendu que je l’ai fait bâtir moi-même à cet endroit avec une petite serre. En le faisant, je n’avais pas le moindre souvenir d’une prédiction quelconque à cet effet. La prédiction disait : « il n’y a pas deux pièces qui se ressemblent." Les deux pièces dont la ressemblance pourrait frapper étaient le petit salon du matin et le salon principal, tous les deux au rez-de-chaussée, face au sud. Ils sont à peu prés de la même dimension, mais il existe des différences. L’une des pièces a un plancher surélevé avec une marche à monter, de sorte qu’elle est moins froide que l’autre. Le chambranle de la cheminée de l’une d’elles est bien plus grand qu’il n’est d’usage. L’apparence longue et basse de la maison était plus évidente avant la surélévation et l’addition d’un étage supérieur.
Il y a, de l’autre côté de la pelouse, deux belles granges détachées qui pourraient, à un autre point de vue, être considérées comme faisant partie de la maison dont elles sont une caractéristique frappante. Il est vrai que la maison n’est pas sur une hauteur, mais elle est élevée bien au-dessus du niveau des prairies avoisinant la rivière. Le comté de Wilshire est légèrement accidenté et ondulé dans le seul sens de l’ondulation de toute la région. Il est facile de faire une promenade de 800 mètres en pente montante jusqu’à une altitude d’environ 70 mètres, et de voir au-dessous de soi la maison dans la vallée de l’Avon, tandis que Stonchenge est à 5 kilomètres un quart environ de l’autre côté, sur une partie plus plate de la plaine. Ces derniers points sont les seuls qu’un critique rigoureux pourrait considérer comme inexacts. Cependant, tout récemment, ce qui vaut peut-être d’être mentionné, une femme poète américain, après une courte visite, m’a envoyé ses amitiés, à « la maison grise en bas des collines du Wilshire. »
Mon amie, la Vicomtesse Gray dont j’ai parlé jusqu’ici[11] sous le nom de Lady Glenconner, m’a permis de citer son nom dans ce rapport auquel elle a ajouté des choses intéressantes. On sait qu’elle a aussi perdu son fils aîné pendant la guerre, - Edward Wyndham Tennant, dont elle a écrit les mémoires[12]. On lui donne dans ce livre son sobriquet familial affectueux : « Bim », et l’on sait pertinemment qu’elle reçoit de temps en temps de lui des communications par l’intermédiaire de médiums de bonne réputation. Elle m’autorise à dire qu’elle a été d’autant plus frappée de cette coïncidence lorsqu’elle en a été informée au début de notre location, qu’elle avait pris des notes pendant ses séances avec Mme Osborne Léonard le mois précédent, lesquelles lui paraissaient maintenant faire certaines allusions à l’affaire. Ses notes de séances prises à cette époque indiquent des passages tels que : « De nouvelles personnes arrivent. Il en est très content, ce n’est pas exactement une construction, mais des changements, changements dans le toit… Ils sont si contents des voisins… »
A cette époque, une autre maison se trouvait à louer sur la propriété de Lord Glenconner, et la réfection complète des toits de plusieurs granges était actuellement en cours. On supposait que les phrases citées se référaient à ces travaux, mais qu’elles étaient loin d’être convaincantes. Plus tard, dit Lady Grey, à la lumière des évènements ultérieurs, ces allusions et d’autres similaires sont devenues absolument claires au père de Bim et à elle-même. Dans une autre séance ultérieure avec Mme Léonard, près de Londres, Raymond exprimait sa joie d’apprendre que nous allions obtenir la maison qu’il avait vue, et il espérait qu’elle conviendrait à la santé de sa mère et serait satisfaisante. C’est ce qui s’est produit.
Remarques. – L’épisode complet, en tant qu’il concerne Raymond n’est qu’un des nombreux exemples où il a montré sa connaissance des évènements courants et s’est rendu utile ; jusqu’à ce point tout est simple et facile à expliquer. Mais comment expliquer la prévision de Mme Vera, - si c’était une prévision, - faite à un moment où nous n’avions aucune intention de quitter le voisinage d’une Université-Cité moderne, ni la moindre idée d’aller habiter la campagne ; et comment expliquer, en particulier, la possibilité de prévoir les détails d’une maison qui, à cette époque, se trouvait en d’autres mains, et employée alors comme maison de ferme ; voilà des choses que je ne comprends pas. Je ne comprends pas non plus l’existence prévue des vieux tableaux dans une habitation qui pour nous, ne pourrait naturellement être qu’une maison non meublée, comme, en effet, cette maison l’aurait été si au moment de la louer Lord Glenconner n’avait pas songé à y mettre pendant la guerre, des tableaux pour la rendre plus confortable aux officiers auxquels il l’avait cédée.
Je n’ai pas la moindre compréhension, non plus, de la prévision d’une porte d’église, qui en 1913, était pratiquement non existante, à laquelle personne ne songeait et qui se trouvait dans une dépendance ou écurie, presque à un kilomètre de distance. Je ne peux que vaguement conjecturer une sorte de « préparation » de l’Au-delà pour produire de telles choses. Car, comme je l’ai dit par ailleurs, la déduction du présent et l’établissement de projets pour l’avenir, sont nos deux méthodes normales de prédiction dans les affaires ordinaires de notre vie.
Note supplémentaire. – Je pense qu’un point auquel je me suis déjà référé, vaut la peine d’être développé. C’est celui de certaines allusions, par anticipation apparemment à cet épisode, dont note a été prise par Lady Glenconner, lors de ses séances avec Mme Léonard en mai 1919. Ces allusions étaient tellement antérieures à toute l’affaire qu’elles sont demeurées sans interprétation à l’époque. Nous n’avions jamais vu la maison ni entendu parler d’elle, et personne non plus n’avait même eu l’idée de songer à nous sous ce rapport, jusqu’au jour de cette promenade avec le premier Lord Glenconner à une date que je trouve, d’après mon agenda, être le 12 juillet 1919. Lady Grey m’a permis de voir les notes de sa séance avec Mme Léonard, le 1er mai 1919, dont elle en a choisi et transcrit ce qui suit.
« Bim dit, savez-vous qu’il aura bientôt quelque chose à faire pour son père ? – Oui, c’est vrai. D’ici quelques semaines. Il donne à Feda l’impression du milieu de l’été. C’est quelque chose d’important au sujet de I.. Quelqu’un qui s’appelle I. sera intéressé. Un nom de famille. Un homme. Bim dit que cela se rapporte intimement à son père et que c’est important. Dans quel sens ? demande Lay G. D’une manière matérielle, et cependant il ne s’agit pas seulement d’affaires, mais de quelque chose d’heureux, quelque chose de plus grand. Vous serez tous les deux, si contents et si heureux, mais un peu de patience est nécessaire avant la réalisation. »
« Le bâtiment va être abattu en partie, » dit Bim, « mais en partie seulement, il en est si content ; quelque chose au sujet du toit. » dit-il, ce sera plutôt de la reconstruction. Cette arrivée me fera une telle différence, » ajouta t-il. « Voisins. Ils sont si contents que l’affaire ait pu s’arranger. »
CLASSE III – LA PSYCHOMETRIE
“Nous avons des faits obscurs et bizarres à expliquer, et avant de les rattacher aux causes psychiques et transcendantales, il faut essayer de pense à tout ce que le corps humain pourrait découvrir, imaginer ou concevoir… On peut admettre que toutes nos facultés connues ne forment qu’une sorte d’œil-de-bœuf ; un endroit par où les influences extérieures et intérieures viendront le plus fréquemment toucher notre sensorium central ; tandis qu’autour de cet œil-de-bœuf toutes sortes de sensations obscures et non-classées se trouvent probablement dispersées. »
F.W.H. Myers
« La Personnalité Humaine », II, 369
L’exemple que je choisis pour la troisième classe de faits, c’est-à-dire la psychométrie ou le diagnostic d’un objet, est trop long pour le raconter en détail, si ce n’est dans les comptes rendus d’une société telle que le « S.P.R[13]. »
Je dois me contenter d’un résumé. L’expérience qui a donné naissance à cet incident a eu lieu au cours du printemps et de l’été de l’année 1901. L’année suivant ma nomination comme Recteur de l’Université de Birmingham qui venait d’être créée. J’avais donc quitté Grove Park. Liverpool, et loué une autre maison à Edgbaston-Birmingham. Il se trouvait ainsi que l’affaire était dirigée par mon assistant adroit et dévoué à Liverpool, M. Benjamin Davies, qui, pendant de nombreuses années m’avait aidé habilement dans beaucoup de recherches scientifiques[14].
Le médium en question était une certaine Mme Thompson qui demeurait dans une petite rue écartée, de Liverpool et dont la clientèle était composée principalement de pauvres gens auxquels elle donnait des séances et des conseils. J’avais raison de croire que ses facultés étaient réelles, et en conséquence M. Davies avait eu quelques séances avec elle afin de la mettre à l’épreuve ; il s’y trouvait seul et incognito. Il réussit à calmer ses appréhensions quant au but de sa présence, tout en conservant son anonymat ; et aussitôt qu’elle fut certaine qu’il n’était pas un agent de police ou un journaliste, elle lui donna des séances remarquables, au cours desquelles il enregistra entre autres, environ onze petites anticipations de ce qui pourrait lui survenir prochainement. Plus tard il a reconnu que sept de celles-ci étaient exactes, tandis qu’il ne pouvait pas dire des quatre autres qu’elles ne l’étaient pas.
Cependant là n’est pas la question. Il suffit de dire que ses séances préliminaires lui donnaient confiance dans les facultés du médium. Il suffit de dire que ses séances préliminaires lui donnaient confiance dans les facultés du médium. Il arriva que parmi la communauté galloise de Liverpool, se trouvaient des amis ou connaissances de M. Davies, entre autres une famille dont l’un des membres était paralytique et que j’appellerai David Williams.
La faiblesse de cet homme l’obligeait à rester couché sur un canapé, sa seule occupation consistait à faire passer un chiffon d’une main dans l’autre. Il paraît qu’il avait travaillé comme mineur gallois dans le Transvaal. Lorsque la guerre du Transvaal éclata, il s’était échappé de Johannesburg avec d’autres mineurs pour s’embarquer et revenir en Angleterre. Malade pendant le voyage, son état s’aggravait chaque jour. Il avait dû lui arriver quelque accident en remontant du fond, dans la cage encombrée d’hommes. Le médecin considérait son cas comme difficile à comprendre, un cas bizarre de paralysie.
Désireux d’aider ses amis, M. Davies proposa de confier au médium un objet appartenant au malade. Le frère du malade, accompagné de M. Davies, rapporta deux objets ; l’un étant le morceau du chiffon continuellement manié par le malade. Le frère n’avait pas été présenté. Aucun renseignement n’avait été donné ; les objets furent remis au médium. Elle s’aperçut immédiatement qu’il s’agissait d’un cas grave, et donna peu de renseignements. On l’encouragea cependant, parce qu’on désirait réellement savoir de quoi il s’agissait. On lui demanda si un accident avait eu lieu. – « oui », répondit-elle, « il a eu un accident dans un endroit ».
Rien de tout cela n’avait été localisé par le médecin, mais j’ai considéré que c’était une bonne occasion pour tenter une épreuve. J’écrivis par conséquent à un éminent chirurgien, M. Robert Jones, maintenant bien connu sous le nom de Sir Robert, qui exerçait alors à Liverpool, lui demandant, si, comme faveur, il consentirait à voir le malade dont je lui donnais l’adresse, pour déterminer la nature de sa maladie, sans rien dire (bien entendu) concernant le « diagnostic », entièrement non autorisé et non officiel, suggéré par le médium. Quoiqu’il fût très occupé, il eut l’obligeance de visiter le malade ; il constata, ce qu’il ignorait, une lésion au crâne à l’endroit préalablement localisé. Après une seconde visite il se décidé à l’opérer. Un schéma indiquait l’endroit de la blessure non apparente spécifié par le médium, ainsi que l’endroit voisin où la trépanation fût pratiquée, ainsi que la position annoncée du grumeau de sang. L’opération une fois terminée le chirurgien ne trouva pas de grumeau, mais il admit qu’il n’y avait rien de contraire à l’idée qu’un grumeau ait pu exister à cet endroit et qu’il ait été absorbé.
Le malade rétabli en partie pendant un certain temps a pu raconter quelques détails concernant son accident. On croit maintenant qu’il s’était penché au dehors de la cage tandis que celle-ci remontait le puits dans les mines à Johannesburg. Lorsque les mineurs s’empressaient de s’enfuir lors de la déclaration de guerre. On suppose que sa tête avait heurté quelque saillant en fer.
Voici le rapport chirurgical : 30 mai 1902 « J’ai opéré David Williams, en pratiquant une ouverture prés de l’endroit où il me semblait qu’une dépression existait dans le crâne. J’ai constaté un certain épaississement et une aspérité de l’os enlevé et quelques adhésions de la « dura mater » à l’os lui-même. S’il existait un grumeau de sang, il a dû être presque entièrement résorbé, et l’apparence de la « dura mater » on a constaté que la « pia mater » au-dessous paraissait être tout à fait normale et que la pulsation du cerveau était bien marquée, rejetant ainsi toute théorie de pression à l’intérieur du crâne. Le malade se trouvait en bien mauvaise condition au moment de l’opération, et celle-ci n’a apparemment fait que très peu de différence. Je ne l’ai pas revu depuis une quinzaine ou trois semaines, mais lors de mon retour de France, vers le 11 juin, je le visiterai et m’informerai de son état ».
« Votre, etc (signé) Robert JONES
« Post Scriptum. – J’ai oublié de dire qu’il y a sans doute eu une lésion du crâne indiquée sur le côté intérieur. Un peu plus tard, je pourrai peut-être enlever une plus grande partie de l’os. »
Beaucoup de cas semblables de diagnostics médiumniques se trouvent dans un livre du Docteur Eugène Osty, traduit en anglais par M. Stanley de Brath, et intiulé « Les Facultés Supra-Normales de l’Homme ».
CLASSE IV - COMMUNICATIONS
SPECIMEN DE CONVERSATIONS RECENTES SUR L’EXISTENCE POST MORTEM.
EPREUVES RELATIVES D’IDENTITE
“Lorsque la mort attaque un homme, on pourrait supposer que sa partie mortelle meurt, tandis que sa partie immortelle se retire à l’approche de la mort, préservée en toute sécurité… Sans aucun doute, l’âme est immortelle et impérissable et continuera d’exister réellement dans un autre monde. »
Phoedo
INTRODUCTION
Le quatrième épisode que je me propose de rappeler est d’un caractère différent. C’est uniquement un compte rendu d’une de mes conversations avec Raymond au sujet de l’au-delà et des conditions post mortem. Cette conversation se rapporte à l’aide que les esprits peuvent parfois nous donner : à l’aide mutuelle qui peut ainsi se créer entre eux et les vivants. Ces conversations ont lieu généralement avec la coopération et l’aide de celui qui, j’en suis convaincu, est mon vieil ami. F. W. H. Myers.
C’est de lui que Raymond apprend tant de choses et avec qui il coopère comme une sorte d’assistant : Myers lui-même, intervenant de temps en temps pour expliquer ou développer une phrase. Avant de faire le récit d’une partie de la conversation qui suit, il faut que j’explique une chose. Je savais que Myers, de son vivant, s’intéressait à cette idée d’aide mutuelle et de communion à travers le voile, et qu’une fois ou deux il avait fait allusion à un texte de la fin du Chapitre XI de l’Epître aux Hébreux où il est dit « que, sans nous ils ne seront pas rendus parfaits ». Il le citait quelquefois sous forme de traduction latine dans la Vulgate. Au cours d’une conversation, je pensais qu’à l’occasion ce serait une bonne idée de citer ce texte de Myers afin de savoir ce qu’il dirait. Feda agissait comme contrôle, et ce n’était pas chose facile de lui faire transmettre quelque chose d’étranger. Elle transmettait les sons de son mieux, mais il semblait probable que Myers pourrait comprendre mieux une de mes propres paroles. Je lui demandai s’il écoutait, puis me référant à notre récente conversation, je lui dis : Ut non sine nobis consummarentur (je crois que j’aurais dû dire « ne » au lieu de « non » d’après une certaine version). On me répondit que Myers faisait un signe de tête pour indiquer qu’il comprenait, et qu’il prononçait quelques mots que Feda mélangeait, de sorte que, malgré tout, j’en suis arrivé à écrire quelque chose comme : Rebus in ora (voir plus bas). Myers répondit : « Pas tout à fait exact », mais ne changea rien, - évidemment avec l’idée que je corrigerais par la suite.
Deux ou trois semaines plus tard en lisant le récit tapé à la machine, il me vint à l’esprit qu’il faisait peut-être allusion au contexte du passage de l’Epître des Hébreux. Ne me souvenant pas du contexte, je l’ai cherché. Les mots qui précèdent immédiatement sont : « Dieu a pourvu quelque chose de meilleur pour nous ». Le passage continue : « afin que sans nous, ils ne puissent devenir parfaits ». J’écrivis à mon ami le Docteur Rendall, ancien Proviseur de chaterhouse, pour lui demander s’il y avait quelque chose dans la Vulgate qui éluciderait l’essai grossier de Feda pour comprendre les paroles de Myers. Il m’a suggéré les mots « nobis meliora », qui, pensait-il, pouvaient bien être le souvenir rapide de Myers de mots essentiels dans le contexte, c’est-à-dire, « choses meilleures pour nous ». Car quoique dans la version authentique le singulier « melius aliquid » soit employé, le pluriel est également correct. En somme, je suis disposé à admettre que sa suggestion est bonne. Je n’insiste pas, et ne me base pas sur elle, mais c’est un exemple de la manière employée par Myers. Il pouvait probablement indiquer ainsi sa compréhension de la phrase latine, qui bien que fort simple, était tout à fait inintelligible pour Feda aussi bien que pour Raymond, j’en suis certain, et également inintelligible naturellement pour Mme Léonard en état de transe.
Comme suite à cet épisode comparativement sans importance, je citerai maintenant une partie de la conversation qui s’y rapporte et par ce moyen, je profiterai de l’occasion pour montrer que nos causeries avec l’au-delà ne se bornait pas à nos affaires domestiques et autres trivialités, mais qu’elles touchaient souvent à des sujets plus élevés et plus généraux. De temps en temps j’ajoute un commentaire entre guillemets, mais autrement je laisse le récit tel qu’il a été fait. Feda est le « contrôle » de Mme Léonard, et quoiqu’elle soit moins enfant qu’elle ne l’était jadis, elle est encore amusante parfois dans sa gaieté et son irresponsabilité. Il est difficile d’obtenir d’elle la transmission de renseignements sérieux. C’est pourquoi Myers préfère généralement la méthode de la table – plus lente mais plus précise – méthode employée de temps en temps, même chez Mme Léonard. Le nom que Feda donne à Myers est « Monsieur Fred ». Parfois Raymond l’appelle « l’oncle Fred », affectueusement, mais plus souvent (et spécialement au commencement), Monsieur Myers ».
RECUEIL DES NOTES DE LA SEANCE AVEC MME LEONARD EN DATE DU 16 SEPTEMBRE 1927
Il est entendu que Feda est la personne qui parle, elle raconte ce qu’on lui dit, et souvent elle parle à la première personne. Parfois elle cède la place à un autre contrôle pour quelques phrases. Après certaines remarques concernant des projets elle dit que selon M. Myers, un de mes livres prêt à paraître contiendrait :
« Quelques expériences psychiques… non seulement de vieilles expériences, mais quelques nouvelles. »
O. J. L. – Bien, je désire publier quelques unes des causeries avec lui et Raymond.
Réponse - oui, non seulement comme preuves, mais aussi au point de vue de leur intérêt général.
O. J. L. – c’est ce que je désirais faire.
Réponse - Vous avez donné beaucoup de preuves dont beaucoup sont satisfaisantes. Maintenant on désire savoir ce que nous faisons, comment nous vivons et ce que nous pensons des choses qui vous intéressent et ainsi de suite. C’est notre idée du livre… Raymond dit : « On demande souvent si nous disons quelque chose d’intéressant. On demande, me dites-vous, des choses comme « Vous allez trouver une photographie que vous n’avez jamais vue auparavant dans le tiroir d’un bureau. (Feda interrompait ici pour dire : « Voilà comment il parle ! C’est un méchant ! »). Ils en ont assez du coffre inconnu de la grand’tante et des photographies. Maintenant ils désirent savoir quelles sont nos idées et notre vie, et jusqu’à quel degré nous pouvons vous aider sur la terre.
O. J. L. – Vous ne nous dites pas grand’chose.
Réponse. – Le temps manque.
O. J. L. – c’est vrai, je voudrais seulement avoir plus de séances (je n’en ai que deux ou trois par année avec Mme Léonard).
Réponse. – Je voudrais vous pénétrer d’une chose : jusqu’à quel point et comment il nous est permis d’aider les gens sur la terre. On nous permet de vous aider par tous les moyens qui ne portent pas atteinte à votre libre arbitre. Si nous rendions compte que vous avez l’intention ou le désir de faire du tort, on ne nous permettrait pas de vous jeter à bas de l’escalier pour vous faire casser la jambe et vous empêcher ainsi de faire du tort. Ce serait porté atteinte à votre libre arbitre. On ne nous permet pas de vous hypnotiser et de faire ainsi changer d’avis. Mais il nous est permis de vous suggérer certaines choses et de vous rappeler certaines conditions, dans l’espoir que vous changerez d’avis, mais nous ne pouvons pas vous y forcer. Toute la raison d’être de la vie, est le développement de l’esprit. C’est simple. On se demande : Pourquoi ceci ? Pourquoi cela ? La raison d’être de la vie, c’est le développement. Le libre arbitre est la puissance étonnante qui permet à l’homme de choisir entre le bon et le mauvais. Nous ne pouvons pas choisir à sa place. Voici pourquoi nous n’aimons pas vous contraindre, et dire aux gens dans une séance, ce qu’ils devraient ou ne devraient pas faire.
O. J. L. – Oui, mais parfois vous êtes mieux renseignés que nous, et vous pouvez voir dans l’avenir.
Réponse – Oui, oui, mais pendant tout ce temps nous vous amenons dans le bon chemin, sans vous forcer, et du moment que vous, qui êtes sur la terre, avez choisi, il nous est permis de vous aider par tous les moyens possibles…
Ils désirent aussi donner une idée, nette et concise de notre milieu. Raymond dit. « Il ne nous faudrait pas longtemps pour le faire ». Je voudrais brièvement faire allusion à quelque chose maintenant[15].
Réponse. – Vous avez pensé probablement que notre monde est le même que le vôtre, regardé d’un autre côté : un autre aspect du vôtre.
O. J. L. – Oui, est-ce cela ?
Réponse – Comme notre monde est tellement différent du vôtre sous certains aspects, il est un peu difficile pour nous de le considérer à ce point de vue, mais je suis parfaitement d’accord avec vous sur un point, qui paraît avoir trait à votre théorie, et voici : Que tout ce qui est nécessaire à l’homme, tout ce que l’homme fait sien, pour ainsi dire, possède un double éthérique. Nous voyons ce double éthérique. Prenons comme exemple, une chaise[16] : il se peut que la chaise que vous voyez chez vous, votre chaise matérielle, et la chaise que nous voyons, qui est votre chaise vue de notre côté, la chaise éthérique, soient vraiment toutes les deux la même. Cependant la chaise éthérique paraît être avec nous. Vous avez constaté l’étonnement des communicateurs en retrouvant la table, la chaise, ou le tableau qu’ils affectionnaient. Vous les supposeriez comme étant les mêmes vus d’un autre côté.
O. J. L. – Etes-vous d’accord ?
« Père, c’est justement là où il est si difficile pour moi de dire si vous avez raison ou tort, parce que l’espace et le temps ont si peu de signification pour nous en comparaison de ce qu’ils sont pour vous : mais beaucoup de choses suggèrent que vous avez raison. Ce que « l’Oncle Fred » suggère c’est que les conditions mentales, les développements spirituels différents peuvent nier l’illusion de l’espace et du temps ».
« C’est juste », dit-il, et dans chaque sens important, il est vrai que cela crée une distance. Il me paraît toujours que j’ai commencé par voyager. Quand je vous ai quitté il m’a semblé que je devais parcourir quelque distance pour vous retrouver. J’avais l’impression que je devais quitter notre place pour celle où vous vous trouviez…
Maintenant, M. Fred parle (à Raymond), et dit : « Oui, jeune homme, c’est tout à fait juste. Mais ne voyez-vous pas que c’était votre manière de voir qui faisait toute la différence ? La distance maintenant ne vous paraît pas aussi grande ; vous ne vous en rendez pas compte maintenant. Quand vous êtes revenu, vous avez été frappé par votre naissance, de votre nouvelle vie, et il vous semblait que vous reviviez dans de nouvelles conditions. Votre esprit était persuadé qu’il s’agissait d’un nouvel état de choses, d’un endroit éloigné de celui d’où vous veniez. Ainsi quand vous pensiez à la maison de votre père, elle vous paraissait avoir une différence essentielle. Il vous a fallu vaincre le sens de la distance. La raison pour laquelle vous ne vous rendez plus compte de la distance c’est, maintenant, que vous avez traversé bien souvent le gouffre illusoire. »
Raymond. – Oui, père, il doit en être ainsi, mais je ne peux pas voir la chose tout à fait comme l’oncle Fred, et dire qu’il n’y a aucune distance de votre monde au nôtre. Cependant l’oncle Fred pense qu’il n’y en a pas. Peut-être plus tard pourrai-je penser et voir tout à fait comme lui. Notez bien, je n’ai pas l’impertinence de dire que ce n’est pas vrai. Mais, je ne vois pas entièrement de cette manière.
O. J. L. – Eh bien, Raymond maintenant je vais poser une question : Supposons que vous regardiez l’aspect éthérique de quelque objet ; je prends une hache et je la coupe en morceaux, que va-t-il arriver à l’aspect que vous regardez ?
Réponse – Père cela dépendra beaucoup (et c’est très important) de votre attitude mentale lorsque vous détruisez l’objet.
Il continua par dire que s’il s’agissait d’un objet affectionné, la forme éthérique pourrait persister encore ; mais que si l’objet était détruit par suite de mauvaise humeur ou de dégoût éprouvé pour lui, « il s’enfoncerait sous l’éther général, informe, l’éther que vous n’avez pas moulé, auquel vous n’avez pas donné la vie. Vous pouvez mouler un corps éthérique pour un objet, - un piano, un bureau, une horloge, - en l’aimant et en désirant le garder près de vous, vous faites pénétrer en lui une sorte de vie éthérique, vous fournissez le dessin, le dessin mental qui lui donne une forme éthérique. Votre pensée donne à une chose une sorte de dessin sur lequel l’éther se forme et se moule. »
O. J. L. – Une espèce de matérialisation à l’envers ?
Réponse – Quelque chose de semblable.
O. J. L. – Voulez-vous dire que vous ne voyez pas les choses matérielles à moins que nous ne pensions à elles.
Réponse – Père, nous ne voyons pas les choses matérielles. Quand nous disons que vous faites telle ou telle chose, ce sont vos pensées qui nous aident. Nous pouvons aller au théâtre avec vous et le trouver agréable. Mais supposons que vous vous y êtes terriblement ennuyé, que vous ne regardiez pas la pièce. Nous nous en ferions une très pauvre idée ? A moins que nous nous servions de la force de la pensée à quelqu’un près de vous.
O. J. L. – Vous voyez donc nos choses par nos yeux ?
Réponse – Oui, nous les voyons mais je dois expliquer quelque chose.
Pouvez-vous comprendre que non seulement nous voyons les choses par vous, mais à cause de vous[17] ? Il est difficile d’expliquer par Feda, vous pouvez voir sans le secours de vos yeux. Voir sans voir. Une part de vous doit enregistrer et l’autre pas. Certaines idées voltigent seulement au-dessus de l’esprit conscient, pour entrer dans le subconscient. Elles ne font aucune impression sur celui-là. Mais nous pouvons nous servir de votre perception subconsciente des choses.
O. J. L. – Je suppose que de la même manière nous voyons les choses spirituelles par vous et à cause de vous.
Réponse – Précisément, père, c’est précisément la même fonction. Quand vous vivez sciemment en contact avec nous et nos vies, vous devenez capables de puiser à certaines sources de connaissance qui appartiennent à notre plan. On veut que vous le fassiez, que vous essayiez de voir et d’écouter les choses de notre côté, tout comme nous le faisons du vôtre. Mieux vous pourrez le faire, plus vous monterez haut.
M. Fred dit : « C’est vraiment trouver Dieu par nous. Je ne veux pas dire que vous ne le trouviez pas directement, mais la voie la plus directe pour aller à Dieu est peut-être par nous. Pouvez-vous aller directement à quoi que ce soit ? Il y a toujours une série d’étapes entre vous
et votre but. Si Dieu est votre but, vous pouvez l’attendre par nous, à mon avis, c’est une des meilleures voies.
Raymond dit : « Je sens, que plus vous, habitants de la terre, faites usage de la vue et de l’ouie, plus nous sommes capables de voir votre plan. Plus votre portée sera étendue, plus vous nous aiderez à étendre la nôtre. »
O. J. L. – Dites donc, Raymond, en passant, je vais dire quelque chose, que Feda ne comprendra pas, et que vous ne comprenez pas, mais que M. Fred comprendra, s’il écoute. Ecoute-t-il ?
Réponse – Oui, il écoute.
O. J. L. – Très bien, donc, ut non sine nobis consummarentur.
Réponse – il est d’accord, et il dit des mots étranges : rebus in, rebus in tore tore, in tore tory, in ora hora, inora, rebus in « quelque chose » ora. Il secoue la tête, il dit : Pas tout à fait juste. Il pense qu’il est très important que les deux vies, les vies psychique et physique soient mêlées plus sciemment ; dans un sens cela augmentera la vie éthérique sur le plan physique…
Vous voyez, Lodge, il est vraiment désirable d’augmenter sur la terre ce que nous appelons la vie éthérique. Plus nous approfondissons, élargissons, la vie éthérique sur la terre, plus nous l’apprécions, plus nous l’évaluons, même si ce n’est que la vie éthérique d’une chaise ou d’une table, et moins nous serons plongés dans le marais animal et physique. Nous avons été tellement occupés de l’aspect simplement animal et physique de la vie que nous en avons négligé l’aspect éthérique. Quand nous comprendrons la valeur éthérique de choses, nous ne serons plus obsédés par des aspects matériels, tels que l’argent. Je sens que nous pourrons léguer un héritage de meilleure santé à la génération prochaine quand nous comprendrons l’éther.
O. J. L. – Myers, la beauté physique n’est pas un marais.
Réponse – Non. Lorsque vous comprendrez mieux l’éther, vous saurez mieux apprécier l’ordre physique et matériel, vos corps, votre beauté, tout ce qui est physique, mais vous ne serez ni submergés ni vaincus par lui : vous saurez l’apprécier à sa juste valeur. Le côté temporaire de la vie peut être très beau. Vous ne voudriez pas perdre, au sens matériel du mot, un de vos enfants, n’est-ce pas ? Mais quand vous verrez le côté éthérique de votre enfant, ou d’une autre personne, vous améliorerez le caractère de la vie sur la terre. Il ne faut jamais mépriser l’ordre matériel, c’est à nous de le rendre aussi beau que possible et de l’apprécier autant que nous le pouvons.
La conversation prit ensuite une autre tournure et bientôt se termina. Il prit ensuite une autre tournure et bientôt elle se termina.
Il devrait être inutile de dire que je considère ces conversations comme une discussion entre amis dans laquelle personne n’est infaillible, quoique quelques-uns soient mieux renseignés que d’autres. Il ne faut pas les traiter en oracles, mais elles sont souvent suggestives. Toute tendance vers trop de foi dans l’information obtenue autrement que par nos propres efforts doit être désapprouvée. Cela peut être démontré par des exemples de l’antiquité.
CLASSE V - ORACLES
NOTE CONCERNANT LES EXEMPLES ANCIENS
De la consultation des oracles
Laissez-moi terminer ces exemples des phénomènes mentaux hétérodoxes en rappelant à mes lecteurs quelques cas très familiers et anciens de la pratique de la divination, et particulièrement un cas d’épreuve apparemment excellent, imaginé par un homme qui avait acquis un peu de la sagesse de Solon, en même temps que la prospérité matérielle. Je le nommerai : Un effort primitif de recherche psychique.
On dit parfois, en passant, que la science psychique est vieille. Ce n’est pas exact, mais les phénomènes psychiques sont aussi vieux que l’humanité. La science elle-même est comparativement jeune et la recherche psychique est plus jeune encore. Cependant ce n’était pas chose inconnue des anciens. Le roi Saül fit une bonne expérience en se rendant sous l’anonymat chez un médium, quoique le message obtenu ne fût pas encourageant. Le médium était une bonne personne, qui s’occupa de ses besoins corporels, insistant pour qu’il fit un repas, elle craignait d’abord de contrevenir à une loi récemment promulguée et d’obtenir aussi une manifestation plus forte qu’elle ne l’espérait. Les exemples de la consultation des voyants domestiques ou des médiums (Gad, Iddo et d’autres) sont innombrables chez les rois israélites, et il semble que les consultations donnèrent souvent de bons conseils[18]. A l’époque classique, les essais de recours aux pratiques occultes furent aussi très communs. L’expérience remarquable de Crésus, - roi d’une grande partie de l’Asie-Mineure, - pour éprouver la valeur des oracles avant de les consulter sérieusement, est assez bonne pour satisfaire la Société des Recherches psychiques, en supposant que le récit donné par Hérodote soit exact. Je le cite d’après un vieil exemplaire du « Light ». Crésus envoya des messagers aux six oracles différents, sans doute les meilleurs et les plus fameux de son temps. Ceux-ci étaient dispersés dans tout le monde connu de la Grèce du Nord jusqu’à la lointaine Lybie.
« Les messagers furent envoyés par des routes différentes. Crésus ayant le dessein de mettre les oracles à l’épreuve afin qu’au cas où il constaterait qu’ils connaissent la vérité, il pût envoyer une seconde fois pour demander s’il pouvait risquer de faire la guerre aux Perses. Il envoya ses messagers faire l’essai des oracles dans un ordre tel qu’en comptant les jours depuis leur départ de Sardis (sa capitale) ils devaient tous consulter les oracles le centième jour suivant, en leur demandant ce que faisait Crésus à ce moment ; ils devaient lui rapporter par écrit la réponse de chaque oracle »
Hérodote nous dit qu’il ne connaît pas les six réponses, si ce n’est celle de Delphi, qui fut donnée par la pythonisse renommée (parlant en état de transe) du fameux oracle Delphique, dont l’emplacement est familier à beaucoup de nos soldats. Il ajoute, cependant, qu’une autre réponse avait satisfait Crésus : « L’oracle d’Amphiarus » (à Oropus en Attique). Mais on préféra la réponse de Delphes, probablement parce qu’elle était nette. Cette réponse Delphique est devenue fameuse et Hérodote la cite, écrite telle qu’elle était en vers hexamétriques.
« Je connais le nombre de grains de sable et l’étendue de la mer. Je comprends les muets. J’écoute celui qui ne parle pas. La saveur de la tortue à la coquille dure bouillie dans l’airain avec la chair d’un agneau frappe mes sens. L’airain est mis par-dessous et l’airain est mis par-dessus[19]. »
L’épreuve proposée par Crésus était bien imaginée, et des précautions spéciales avaient été prises. Les messagers avaient reçu l’ordre de poser leurs questions le centième jour suivant leur départ, et chacun d’eux avait la même question. Cette question était : « Que faisait Crésus à ce moment là ? ».
Evidemment ce dessein, s’il était dûment exécuté, empêcherait toute collusion, et toute lecture de pensée de la part de l’oracle dans les esprits des messagers. Ceux-ci en étaient complètement ignorants ; « la lecture de pensée » était hors de cause. Il est possible que Crésus lui-même ne savait guère ce qu’il déciderait de faire, étant vraiment inquiet, il avait eu la sagesse de ne rien décider jusqu’aux derniers jours.
« Il cherchait ce qu’il serait impossible de découvrir ou de deviner, et au jour voulu il coupa en morceaux une tortue et un agneau, et les fit bouillir ensemble dans un chaudron en airain, avec un couvercle en airain ».
La suite, comme tout le monde le sait, ne faut pas aussi heureuse, parce que Crésus se fiait alors imprudemment à l’oracle.
Il envoya une seconde question à propos de son invasion projetée de la Perse. Il reçut une réponse susceptible d’une double interprétation, et il agit d’après la mauvaise avec des résultats désastreux. Son vainqueur final, Cyrus, l’entendit juste avant son exécution imminente, citer Solon : « N’appelez aucun homme heureux avant qu’il ne soit mort », et, magnanime il lui épargna la vie.
CHAPITRE V
LES METHODES DE COMMUNICATION OU LA MEDIUMNITE
« Il paraît nécessaire d’insister… que la conformité
avec les conclusions du « sens commun » ou même de la
philosophie scolastique ne suffit pas par elle-même
pour rendre une hypothèse absurde ou insoutenable ».
Mac Dougall.
(« Body and Mind », p 363)
« Nous sommes actuellement les témoins du déroulement du
mystère principal de la vie humaine sous des conditions
nouvelles, s’ouvrant à une observation plus étroite que
jamais. Nous avons un esprit utilisant un cerveau. Le
cerveau humain est en dernier ressort un arrangement
matériel spécialement adapté pour être manipulé par un
esprit ; mais tant que l’esprit habituel le gouverne, son fonc-
tionnement est généralement trop facile pour nous permettre
d’observer le mécanisme. Maintenant nous pouvons regarder
un esprit non accoutumé à l’instrument s’y installer et l’étudier.
F. W. H. Myers
« La Personnalité Humaine », II, 254
Une des raisons pour laquelle les gens trouvent qu’il est difficile de croire aux assertions, regardant la médiumnité, ou au récit des communications ayant la prétention de venir des trépassés par l’intermédiaire des médiums, est qu’ils ne peuvent pas se faire aucune idée du processus, de sorte que cela leur semble étrange et impossible. Cependant, les témoignages concernant la réalité de la chose sont assez considérables et augmentent en volume rapidement. Ceux qui ont expérimenté en parlent comme étant assez simple et naturel. L’habitude seule suffit pour nous accoutumer graduellement à communiquer avec les morts, comme elle nous a déjà accoutumés à la conversation ordinaire avec les amis vivants ; car si nous faisons l’analyse du procédé de la conversation ordinaire, nous y découvrons des traits presque aussi bizarres que ceux que nous rencontrons dans la littérature appelée spirite.
Dans le but d’éclaircir ceci, je demande à mes lecteurs ou à ceux qui éprouvent cette difficulté d’étudier la nature de nos actions normales dans cette vie terrestre, particulièrement cette partie familière de notre organisme qui règle l’activité réciproque de l’intelligence et de l’émotion.
Examinons donc ce que nous savons tous, mais ce dont nous ne souvenons peut-être que rarement au sujet des méthodes ordinaires de communication.
LES METHODES DE COMMUNCATION EN GENERAL
L’expertise commune de l’humanité montre que chaque individu est composé d’un corps et d’un esprit ; un esprit pour l’entendement et la conception, un corps pour la réception d’un stimulus et l’exécution des intentions. Nous savons aussi que c’est par notre corps que nous réagissons sur l’univers matériel qui nous entoure et que nos pensées et nos volontés sont impuissantes et inefficaces à moins qu’une partie de notre corps ne soit mise en mouvement. Notre activité corporelle consiste, et se résume en la contraction musculaire. Le résultat de cette contraction est d’abord le mouvement de nos membres et ensuite de telle portion de la matière terrestre pas trop lourde ou trop fortement fixée, qui est en contact avec nous. Le mouvement de la matière d’un ensemble, ou d’une portion d’un objet matériel, voilà ce que nous pouvons accomplir, et nous n’accomplissons rien de plus dans la sphère physique. Si nous mettons en mouvement une portion seulement d’un corps solide, nous la soumettons à une tension, qui peut être élastique. Celle-ci peut exiger un effort continu pour sa conservation, ou si la matière est plastique, il peut en résulter une distorsion permanente. Si nous mettons en mouvement une portion matérielle isolée, ce mouvement continuera, à cause de ses propriétés matérielles jusqu’à l’arrêt provenant de la résistance. Tout ce que nous faisons sur le plan physique peut se résumer comme mouvement et par conséquent comme réarrangement de la matière.
Tout effet ultérieur suivant le mouvement – qu’il soit la tension d’un ressort, la combustion d’un bâtiment, la production d’un brut, la génération d’un courant électrique, ou la germination d’une graine de semence, - est causé par les propriétés inhérentes de la matière sur lesquelles nous n’avons aucun contrôle ; un évènement peut être imaginé et arrangé par nous, mais nous ne pouvons atteindre notre but qu’en disposant en portion convenable la matière de façon à permettre à ses propriétés d’agir comme nous le désirons. La production véritable du résultat ne tombe en aucune façon sous notre pouvoir direct.
Notre action sur le monde physique se borne à l’initiation ou à la réglementation des mouvements. En employant l’énergie, qui autrement se perdrait, nous pouvons la guider dans les canaux voulus, et au moyen de ce pouvoir de direction physique nous accomplissons une diversité étonnante d’efforts.
Primitivement et directement pourtant, nous sommes bornés à une intervention musculaire. Sur le côté réceptif nous ne sommes pas aussi limités, puisque nous sommes doués de certains organes des sens qui nous permettent d’apprécier les agents physiques que nous appelons « le son, la lumière, la chaleur » autant que nous apprécions les simples stimulants du mouvement et de la force. Nous pouvons recevoir des impressions par nos muscles et notre peau en général, mais nous les recevons aussi par les organes spécialisés de nos sens. Tout agent physique mentionné ci-dessus peut s’employer pour le but de communication élémentaire. Tout ce que nous avons à faire, c’est d’agir sur la matière de sorte que des variations et des fluctuations soient appliquées sur l’intensité de ces agents, puisque d’ailleurs on le sait bien, nos sens ne réagissent pas à tout phénomène qui se poursuit d’une manière parfaitement uniforme ; ils ne savent qu’apprécier le changement. Nous pouvons faire des signaux par des variations de son, de lumière, ou de température, aussi bien que par des changements de mouvement et de pression ; quoique la méthode utilisant la température ne soit pas, autant que je sache, actuellement en usage, excepté peut-être de temps en temps par un prestidigitateur.
Il est tout juste possible que quelques-uns de nous puissent répondre à la pensée directe, mais cela n’est pas encore une méthode de communication, et pratiquement, nous pouvons dire que si nous voulons communiquer avec nos compagnons clairement et intelligiblement, il faut faire plus que penser les idées que nous désirons envoyer, il faut les dire ou les écrire et dans ce but employer un cerveau et un mécanisme nerveux pour mettre en action certains muscles. En d’autres termes, il faut gouverner une machine corporelle de sorte qu’elle soit conduite à faire des marques conventionnelles sur une feuille de papier, ou bien exciter des vibrations dans l’atmosphère, d’une manière préalablement convenue, appelée langage, celui-ci étant choisi par rapport aux auditeurs, autant que le permet à l’orateur sa connaissance des trop nombreux codes conventionnels.
Nous sommes tellement habitués à cette méthode de communication orale ou pittoresque qu’elle nous paraît non seulement naturelle, mais inévitable, pourtant ce n’est vraiment pas un procédé simple, car plus on l’analyse, plus il étonne. La pensée, ou l’émotion, quand elles sont transmises, doivent forcément prendre la forme d’une vibration atmosphérique ou éthérique : atmosphérique, si des moyens acoustiques sont employés, comme pour la musique ou la parole, éthérique, si une méthode optique est employée, comme pour l’écriture ou la peinture. Il peut exister encore d’autres intermédiaires tels qu’une vibration électrique, par exemple dans le cas d’un fil télégraphique intervenant comme partie du mécanisme transmetteur. Toute l’opération est singulièrement mécanique, mais il est à noter que dans chaque cas il faut interpréter mentalement le phénomène physique avant sa terminaison : autrement l’effort oratoire, ou tout autre se perd en se transformant en une petite quantité de chaleur. Le pouvoir de perception des auditeurs ou des lecteurs possibles dépend d’abord de leur volonté de permettre au stimulus physique d’agir sur leurs organes, en second lieu il dépend de leur connaissance du code, et en troisième lieu de l’étendue de leur propre faculté sympathique et interprétative.
Chacune des trois conditions est essentielle afin qu’un stimulus physique puisse apparaître comme une idée. Tandis que, regardé du point de vue de la personne transmetteuse, le processus de communication consiste dans la mise en action, et dans la direction du mécanisme corporel dont elle est munie pour représenter son activité mentale sous la forme voulue. Notre familiarité avec l’opération ne doit pas nous leurrer quant à son caractère remarquable et merveilleux. Quand nous réfléchissons sur la vraie nature de la parole, de l’écriture, et de la production artistique, considérées seulement au point de vue de leur nature physique, il est tout à fait surprenant que les idées et les émotions puissent être transmises d’une telle manière.
Sans doute, il faut envisager le procédé comme étant principalement de nature mentale puisque, étant donné le code connu et l’intelligence, presque tous les instruments peuvent être utilisés comme véhicules de communication. Un diaphragme de téléphone (un mince disque circulaire en tôle), peut capter étonnement toute la complexité des vibrations indispensables à la parole articulée ou au jeu d’un orchestre.
Les timbres de chaque instrument sont reproduits. Un levier même faisant son tic-tac avec une répétition ennuyeuse, parle à l’opérateur télégraphique d’une voix certaine et nette. On peut transmettre des ordres, ou des renseignements d’une grande importance avec un drapeau tenu à la main ou par les oscillations d’un rayon lumineux. Une ligne ondulée tracée sur un morceau de papier par un tube de verre laissant une raie d’encre sur un papier mobile est la méthode habituelle de réception de l’information des nouvelles venant du bout du monde. La trace enregistrée d’une ligne encrée doit se présenter aux yeux du spectateur non instruit comme aussi inintelligible qu’à un sauvage. Le mystère, que l’esprit populaire attribuait au télégraphe sans fil au moment de son début, est un exemple du fait que le peuple est incliné à supposer que les méthodes physiques de communication sont bizarres et fantastiques du moment qu’elles lui son inconnues.
Pousser des cris ou agiter un drapeau sont des méthodes en réalité également mystérieuses ; mais dans ces cas nous sommes tout à fait accoutumés à l’instrument de réception(l’œil), sans comprendre pourtant grand’chos au sujet de sa manière d’opérer. La raison pour laquelle la rétine de l’œil est sensible aux vibrations éthériques n’est connue complètement de personne.
Etant donné deux esprits synchrones en raison de leurs connaissances communes, et instruits, aussi de leurs facultés de transmission et de réception (car celles-ci ne s’acquièrent pas naturellement : expérience des asiles pour les sourds-muets), nous trouvons que presque tous les instruments pourraient être utilisés pour transmettre des idées. Il suffit de rendre actif quelque procédé physique et de faire naître dans le monde matériel quelque mouvement. Une opération par l’intervention du monde matériel paraît essentielle dans tous les cas aussi longtemps que nous aurons des cerveaux, cependant le fait que l’esprit puisse agir un tant soit peu sur la matière, reste embarrassant. Comment franchit-on le gouffre entre le psychique et le physique ? Par quels moyens une pensée peut-elle actionner efficacement un organisme matériel ? Comment notre volonté ou notre idée peuvent-elles modifier le mouvement de la plus petite portion de matière, que ce ne soit que le petit doigt, ou une cellule cérébrale ? Tout cela reste à présent absolument inconnu. Ainsi nous n’avons aucune théorie pour l’explication dans la catégorie des impressions psychiques d’un stimulus physique.
Quelques philosophes nous disent que dans notre manque de compréhension concernant la connexion entre la cause et l’effet (dans ce cas à l’action réciproque entre le psychique et le physique) il n’y a rien d’exceptionnel. Nous nous rendons compte de la difficulté plus facilement ici que dans les cas ordinaires, mais cette difficulté existe partout, et notre erreur est de ne pas nous rendre compte de ce difficulté.
Ainsi dit Lotze, quoique je ne sois pas entièrement d’accord avec lui :
« Le fond de cette erreur est que nous croyons toujours posséder une connaissance de la nature de l’action réciproque des choses l’une sur l’autre, connaissance que non seulement nous ne possédons pas, mais qui est impossible en elle-même. De là nous considérons la relation entre la matière de l’âme, comme exceptionnelles, puis nous sommes étonnés de nous rendre compte que nous ne possédons pas, mais qui est impossible en elle-même. De là nous considérons la relation entre la matière de l’âme, comme exceptionnels, puis nous sommes étonnés de nous rendre compte que nous ne possédons aucune connaissance de la nature de leurs relations réciproques. »
« Il est facile de démontrer que dans la relation entre le corps et l’âme il n’existe aucune énigme plus grande que dans quelque autre exemple de cause et d’effet. Seulement notre fausse vanité de comprendre quelque chose dans un cas excite notre étonnement de ne rien comprendre dans l’autre[20].»
Je suis d’accord que nous ne pouvons pas comprendre entièrement l’action d’un fragment de matière sur un autre, de même la force exercée par un atome sur un autre, à moins que nous ne tenions compte des actions électriques ou magnétiques, c’est-à-dire à moins que nous tenions compte de l’éther. Et j’insiste que si nous pouvons espérer arriver à une compréhension rationnelle de l’action réciproque entre l’âme et la matière, nous serons forcés de faire appel d’une manière encore inconnue à cette grande et substantielle entité physique comme intermédiaire.
Mais quoique la nature de l’action réciproque entre le physique et le psychique soit inconnue, le fait lui-même est certain et familier ; tellement familier qu’il n’éveille aucune attention. Il est considéré comme un fait banal. Nous-mêmes (c’est-à-dire, notre « moi » spirituel et mental), c’est un fait positif, guidons l’énergie terrestre, mettons en mouvement la matière, changeons sa configuration, et produisons des effets qui, autrement, n’auraient pas lieu. Nous partageons ce pouvoir jusqu’à un certain point avec tous les animaux, qui, également produisent des structures spécifiques, telles que des nids, des toiles d’araignée, des coquilles. Mais parmi ces activités animales, il en est quelques-unes spécifiquement humaines, et plus spécialement ces signes physiques acceptés par notre portion de l’humanité, et qui sont intelligibles à notre race. L’instrument au moyen duquel nous accomplissons ces choses sur le plan physique est primordialement le système cérébro-nervo-musculaire composant la plus grande partie de notre corps.
D’une manière ou d’une autre, nous utilisons ou nous stimulons le cerveau de sorte qu’une impulsion passe par ses fibres à une vitesse qui est mesurable, et fait se contracter un muscle donné d’une manière déterminée. On peut vraiment considérer le procédé comme miraculeux ou comme toute autre chose ; mais quelle que soit sa nature, il existe, quoique nous ne puissions pas l’analyser complètement.
Pourtant nous pouvons dire qu’à moins de l’exécution d’un mouvement, que ce soit seulement le clignement d’une paupière, ou un mouvement du nez, rien n’est déplacé (rien, à moins que nous n’admettons la possibilité de la télépathie, qui n’est pas reconnue). Mais le dispositif est un morceau de matière, par exemple, le manipulateur d’un télégraphe Morse, un sémaphore, ou mieux encore, une plume ou un crayon permettant le mouvement à volonté, il n’y a pas de limite à l’intelligence ou à l’émotion qu’il est ainsi possible de transmettre indirectement.
Toutes les méthodes de transmission, quelle que soit la façon de les utiliser, présupposent une autre personne (douée de perception), dotée d’un instrument convenable pour recevoir l’impression physique, et suffisamment alerte dans son interprétation mentale. Nous pouvons ainsi stimuler le mécanisme et les esprits des autres assez facilement si nous avons un transmetteur. Quelques instruments valent mieux que d’autres, mais n’importe quel instrument pourrait presque suffire, et il est clair que le larynx avec son appareil n’est qu’un mécanisme plus hautement spécialisé pour sa fonction que toute autre portion de la matière, attendu qu’il est l’instrument que nous avons spécialement dressé et auquel nous nous sommes habitués.
POSSIBILITE D’EMPLOI D’UN INSTRUMENT EMPRUNTE
Nous pouvons maintenant admettre que toute personne possède un larynx et une main reliés à un système cérébro-nervo-musculaire semblable au nôtre, et que quelques-uns ont développé l’emploi de ces instruments par l’éducation presque de la même manière que nous. Serait-il possible que le mécanisme transmetteur d’une autre personne ne puisse jamais être employé par nous au lieu du nôtre ?
Supposons qu’un physicien ou chimiste fasse son entrée dans le laboratoire d’une autre personne, et essaye d’y faire quelques expérience ou de diriger quelques investigation ; il rencontrerait beaucoup de difficultés puisqu’il ne saurait guère dans quel ordre les choses sont arrangées, cependant quoique ce serait du sans gêne, il réussirait jusqu’à un certain point.
Il verrait les objets familiers, tels que balances, éprouvettes et flacons, et il connaîtrait presque tous les usages de l’appareil ; il y en aurait beaucoup dont il n’aurait pas besoin, et il en manquerait quelques-uns qui lui seraient nécessaires, mais il trouverait moyen de les choisir et de les adapter plus ou moins à ses fins, et d’en user à sa façon.
La question se pose donc de savoir si ce laboratoire don chacun est propriétaire, auquel chacun est accoutumé, peut, par un moyen quelconque, fonctionner et être utilisé par une intelligence étrangère, qui n’en est pas le propriétaire.
En d’autres termes, il nous faut demander si une pensée ou une idée, dans l’esprit d’une personne peut exciter un mouvement ou éveiller une réponse quelconque dans le mécanisme d’une autre.
Le fait expérimental de la télépathie paraît suggérer qu’une chose semblable est possible. L’action télépathique semble ordinairement se produire entre deux esprits, et le passage du psychique au physique peut se faire de la manière ordinaire. Mais la faculté de télergie encore plus obscure, à laquelle en apparence nous sommes parfois obligés de recourir pour trouver une explication d’un fait observé, parait démontrer que l’appareil transmetteur d’un sensitif ou d’une personne exceptionnellement douée, peut parfois être mis en activité par une autre intelligence pourvu que le propriétaire veuille bien laisser vacante une partie de son organisme, et qu’il soit assez généreux pour permettre qu’un autre en fasse usage. Que l’opération, dans un cas donné, soit faite par la télépathie ou la télergie, est un détail, et que l’opération soit rare ou fréquente, est également de peu d’importance. La chose principale, c’est que le mécanisme corporel de quelques personnes, quoique généralement sous leur contrôle, ne l’est pas exclusivement. Les faits de personnalité multiple ont suggéré il y a longtemps l’existence du contrôle d’une intelligence par d’autres intelligences étrangères, celles-ci n’étant pas toujours bienveillantes. La faculté ainsi démontrée pathologiquement, et reconnue sans contrôle, peut, dans des circonstances et des conditions meilleures et plus saines, être utilisée pour des services sympathiques.
Les médiums sont des personnes possédant la faculté de permettre que leurs mécanismes soient mis en opération par des intelligences autres que les leurs. La médiumnité, n’est donc que la réponse physiologique à un stimulus d’une autre intelligence, et qu’elle soit ou non une vraie faculté, c’est une question d’évidence. Je dis explicitement autant que je puisse le savoir à l’heure présente, que sa véritable existence est l’hypothèse la plus simple qu’on puisse faire pour l’explication de certains phénomènes connus de beaucoup de gens certains phénomènes connus de beaucoup de gens par expérience. Elle ne paraît pas une faculté rare, bien qu’elle existe à différents degrés. Elle est probablement susceptible d’être cultivée et améliorée. Beaucoup de gens peuvent obtenir ce qu’on appelle l’écriture automatique, une des formes les plus simples de la médiumnité, c’est-à-dire permettre à la main ou au bras d’être contrôlés par une intelligence en apparence étrangère, mais bienveillante, leur propre intelligence ne s’étant retirée que localement de l’intervention, mais restant toujours alerte.
La transe est une retraite plus prononcée de l’attention consciente. Pendant la transe, quelques personnes peuvent permettre à leur organe vocal d’être utilisé pour la transmission de la parole, et parfois pour l’expression d’idées tout à fait en dehors de leur portée. Ces personnes en se réveillant de leur transe, n’ont aucun souvenir de ce qu’elles ont dit, quoiqu’il y ait probablement toujours un enregistrement dans une partie de leur cerveau capable d’être excitée par des moyens convenables.
L’état de transe diffère du sommeil hypnotique ; les deux possèdent beaucoup de poins communs ; mais tandis que dans l’état hypnotique le sujet est sous le contrôle de la suggestion, ou plus ou moins contrôle de la suggestion, ou plus ou moins contrôlé par une personne vivante, le fait remarquable dans l’état de transe, ou dans une variété spéciale de cet état, c’est que l’organisme peut être gouverné par des intelligences désincarnées, en d’autres termes par des personnes dont le mécanisme corporel a été complètement détruit.
Il paraît qu’il existe tous les degrés d’impressionabilité et toutes les variétés de réponse physique depuis les secousses les plus élémentaires d’une table ou d’un bras de sémaphore, jusqu’à l’écriture ou la prononciation de phrases intelligibles ; parfois, cependant bien que rarement, des idées exprimées dans une langue inconnue du médium.
La facilité avec laquelle les communications peuvent s’établir dépend beaucoup de la faculté et de l’habileté du communicateur, et de l’intelligence de la personne qui les reçoit ; mais elle dépend aussi des aptitudes et des habitudes de l’instrument physiologique utilisé. Il peut très facilement être utilisé pour proférer des phrases habituelles et des banalités, mais il est bien plus difficile de lui persuader de communiquer des idées profondes ou de faire usage d’un langage inaccoutumé, et ceci est presque impossible au moyen d’un instrument sans instruction. Des mots vides de sens par ailleurs, tels que des noms personnels sont presque toujours difficiles et demandent un effort spécial. En effet, l’expérience parait bien parente de la dictée d’un télégramme dans un téléphone ; des phrases familières sont facilement saisies, tandis que des mots étranges et les noms personnels doivent être répétés plusieurs fois et laborieusement épelés ; ainsi des questions brusquement interjetées au milieu d’un message peuvent avoir l’effet de déconcerter le communicateur, et toute chose ressemblant à un changement brusque du sujet peut facilement gâter la netteté d’un message, à moins que celui-ci ait été écrit préalablement et qu’on le transmette d’une manière mécanique.
Dans chaque cas, le plus familier ou le plus extraordinaire, il est important de se rendre compte, - et je dois le répéter, - que la partie essentielle de la communication est toujours d’un caractère mental, qu’elle soit faite par la parole articulée, par l’écriture, ou par une représentation quelconque. Les moyens employés par un peintre par exemple, pour représenter son idée consistent dans un arrangement des couleurs d’une certaine manière, de même qu’un compositeur musical imagine certains sons, ce qu’il fait en réalité en écrivant des instructions qui permettront à une personne experte de reproduire plus tard les sons tels qu’ils sont désirés.
Et si cette reproduction a lieu en présence d’une personne non douée d’un appareil récepteur convenable (tel que celui que nous appelons un œil ou œil cultivés), le message imaginé par le peintre ou le musicien exécutant n’arrivera pas à son but. Tout ce qu’il y a dans le tableau, toute intonation dans la musique, peut être vu et écouté par un sauvage, ou par un animal, mais chez eux, comme chez le Philistin, aucune réponse n’est évoquée.
Pour voir un tableau comme il doit être vu, ou pour goûter la musique, il faut une certaine faculté, une espèce de vivacité mentale et de sympathie ; et sans ce psychique rien n’est communiqué. Notre appréciation d’une œuvre d’art dépend de notre contribution.
Il ne faut donc pas nous étonner que si l’harmonie psychique est établie, la partie physique de la transmission peut s’accomplir avec facilité. Un geste peut transmettre beaucoup sans parole. La lecture des lèvres est souvent employée par les sourds. L’inspection seule des tâches sur des lignes peut représenter à un musicien expert de l’harmonie et de la mélodie. Des taches noires sur une feuille de papier constituent le côté physique d’un poème. Les secousses même d’une table sont reconnues comme capables de transmettre l’intelligence et l’émotion, quelque étrange que le fait puisse paraître. La bizarre faculté de télépathie prouve qu’en fin de compte on peut même se dispenser du plus petit stimulus physique, quoique dans ces circonstances le procédé soit habituellement lent et incertain. Donc, il n’est pas vraiment étonnant qu’une organisation corporelle entière, quand bien même elle appartiendrait à une autre personne, puisse être employée habituellement par une intelligence désincarnée, en supposant que des intelligences semblables existent, et qu’elles aient la capacité et la volonté de transmettre aux gens encore associés avec la matière, quelque message affectueux, ou quelque preuve ingénieuse de leur existence persistante et de leur identité. Si nos parents et nos amis existent vraiment après avoir quitté leur corps, ils possèdent tout ce qui est nécessaire comme appareil psychique ou mental pour établir une communication ; la seule chose qui leur manque, c’est l’instrument physique, et, par hypothèse, la présence d’un médium parait l’assurer.
S’ils peuvent opérer sur un organisme physiologique étranger de même qu’autrefois ils opéraient sur le leur, sans savoir nullement comment, en dehors du simple fait d’opérer, le reste est facile ; ils sont au courant de nos codes et de nos façons de penser, et s’ils peuvent réussir à faire fonctionner le mécanisme physique d’une manière ressemblant un peu à celle d’autrefois, il est naturel de supposer que nous pourrons les comprendre. Il faut certainement nous mettre dans une attitude réceptive, et leur donner l’attention nécessaire, autrement ils seront impuissants. Quelquefois ils pourront faire des efforts spéciaux pour attirer notre attention, ils pourront nous appeler, pour ainsi dire, mais il faut une coopération mutuelle, pour recevoir un message quelque peu cohérent. Les messages qui nous parviennent sont fréquemment simples, quelquefois ce ne sont que des mots d’affection, suivis par des essais pour établir leur identité, en face d’une incrédulité persistante et traditionnelle, par des réminiscences insignifiantes et des phrases caractéristiques. Ces paroles, simples et hésitantes, transmises par des moyens inaccoutumés, avec une difficulté évidente, reçues par un silence voulu et souvent par une incrédulité mal dissimulée, sont une question troublante pour l’Eglise et une folie pour la Science, mais pour les affligées elles sont une puissance et un réconfort d’une incalculable valeur.
CHAPITRE VI
SERAIT-IL POSSIBLE DE COMMUNIQUER AVEC LES MORTS ?
« Le temps est venu pour une étude des choses invisibles
aussi sincère et ardente que celle avec laquelle
la Science nous a familiarisés pour les problèmes
terrestres.
« La Science, on le sait, ne reste pas indifférente à
l’exceptionnel, au catastrophique, au miraculeux…
son idéal élevé est la loi cosmique, elle commence à
soupçonner que toute loi vraiment cosmique est aussi
dans un sens, une loi d’évolution.
« la découverte de la télépathie nous révèle la possibilité
d’une communication entre toutes les formes de vie…
et si, comme noire évidence actuelle l’indique, ces rapports
télépathiques peuvent exister entre les esprits incarnés et
désincarnés, cette loi doit être le centre même de
l’évolution cosmique.
« Nos idées concernant ce qui es noble, et ce qui ne l’est
pas dans la nature, nous ont-elles guidés dans la découverte
de la vérité ? »
« Aristote, par exemple, croyant que les étoiles fixes étaient de
nature divine, à cause de leur éloignement, n’aurait-il pas estimé
indigne la supposition qu’elles consistaient en les mêmes éléments
que les cailloux que foulaient ses pieds ? Les âmes désincarnées,
comme les étoiles, ne peuvent-elles pas nous ressembler mieux
que nous n’avons l’habitude de nous l’imaginer ? »
F. W. H. Myers.
« La Personnalité Humaine »
On s’étonne souvent des procédés de la communication médiumnique, et on se demande même en admettant que cela soit possible, s’il est légitime de causer familièrement par n’importe quel moyen avec ceux qui sont généralement considérés comme sacrés ou disparus. Ils ne sont en fait ni l’un ni l’autre, et plus tôt le monde acceptera cette vérité d’une manière rationnelle, mieux cela vaudra pour eux et pour tout le monde.
Il faut vaincre graduellement des difficultés comportant une longue habitude et une vieille tradition, en partie par l’expérience directe, mais d’abord par la lecture de l’étude. Ainsi je m’adresse à ceux qui rencontrent quelque difficulté, peut-être même une objection religieuse, dans l’idée même de la communion posthume, et qui se demandent sérieusement : « serait-il possible de parler aux morts, serait il possible pour eux de communiquer d’une manière quelconque avec nous ? »
Aucune réponse à cette question n’est possible sur des considérations « a priori », à moins que ce ne soit une réponse négative et dédaigneuse basée sur une conjoncture trop hâtive concernant la signification de la question. S’il est vrai « que les morts ne savent rien », il s’ensuit qu’ils n’ont plus d’existence personnelle, et ainsi il ne peut pas être possible de communiquer avec une non-existence. Mais ceci est à raisonner à rebours. La bonne méthode d’attaquer le problème, c’est de s’assurer d’abord, par l’expérience et l’observation, si la communication est possible ; et ensuite, si ce fait est établi, de déduire qu’après tout, les morts savent bien quelque chose, et qu’ils ont une existence personnelle.
Alors la question se présente : « Comment serait-il possible de communiquer avec qui que ce soit, si intelligent qu’il soit, qui ne possède pas un instrument physique ou un organe pour la conversion de la pensée en action ? Comment serait-il possible d’apprécier la pensée même ? » Une réponse partielle est donnée par la découverte de transmission entre deux esprits. Mais il demeure toujours, que pour une sorte quelconque de reproduction, d’utilisation ou de transmission, un procédé physique est nécessaire ; il faut, en fin de compte, un mécanisme physiologique.
Il faut là un instrument quelconque, mais il ne s’ensuit pas que l’instrument employé doive nécessairement être la propriété de l’intelligence qui communique. Un musicien privé de son instrument favori pourrait apprendre à jouer sur un autre. Sans instrument de quelque espèce, quand bien même ce ne serait qu’une plume, son âme pourrait être pleine de musique, mais celle-ci serait silencieuse et incomprise ; elle ne pourrait jamais être reproduite, elle ne pourrait même pas être écrite ; un instrument inférieur ou étrange vaudrait mieux que rien, et pourrait peut-être, une fois encore, traduire quelque expression. Or, les faits de la personnalité multiple démontrent que dans des conditions exceptionnelles, un seul corps humain peut être contrôlé par plusieurs intelligences, et non plus seulement par une. Le propriétaire normal, pour ainsi dire, peut être parfois expulsé, et sa place prise par d’autres. Voilà l’apparence, et il est possible que cette apparence soit plus rapprochée de la réalité que l’on ne peut le penser. Il y a certaines gens dont la valeur, dans le but d’élargir notre expérience, est bien plus grande qu’on ne le savait jusqu’ici, tout en se sacrifiant, ils permettent l’utilisation de leur corps pour la transmission des messages reçus télépathiquement ou par quelque autre moyen d’intelligence hors de la leur propre.
Leur personnalité paraît suspendue, elle entre en transe pendant un certain temps, tandis que leur cerveau et leur corps restent en activité, des messages sont transmis concernant des faits préalablement inconnus d’eux, sans laisser aucun souvenir ultérieur dans leur mémoire. Une personne ainsi employée comme mécanisme de transmission pour une autre intelligence s’appelle un « médium ». Il y a diverses espèces de médumnité et celle-ci n’est pas toujours associée avec l’inconscience normale complète ; mais dans tous les cas, elle paraît être une variété saine et utile de ce qu’on appelle dans les cas pathologiques « la personnalité multiple ».
La personnalité secondaire dans le médium n’est pas par nécessité importune ou ennuyeuse, elle peut être raisonnable et logique, mais elle n’est pas l’intelligence normale du médium et la couche de mémoire utilisée n’est pas la même. Des faits qui sont de la connaissance d’une autre personne sont révélés, et ceux qui sont familiers au médium sont oubliés pendant un certain temps. L’esprit et la mémoire ainsi atteints peuvent quelquefois être ceux d’une personne ordinaire incarnée ; mais le corps matériel paraît une obstruction, par la raison seule que les méthodes sensorielles de communication nous sont tellement ordinaires et familières. Il en résulte qu’il est vraiment plus facile pour l’organisme du médium d’être contrôlé par une intelligence désincarnée, c’est-à-dire, par quelqu’un ayant passé par la dissolution ou la dissociation matérielle, ordinairement appelé « la mort ».
Quelles que soient les autres méthodes de communications plus élevées qui puissent exister – y compris ce qu’on appelle l’inspiration – utilisation courante des facultés d’un médium est authentique, et beaucoup de gens sont familiers de messages ainsi reçus. Les faits sont souvent des évènements domestiques dépourvus de toute signification publique, mais bien choisis pour donner une preuve de l’identité de la personne qui se communique. La trivialité des incidents rappelés n’a aucune importance, s’ils possèdent ce caractère d’identification. Les évènements importants sont loin d’être aussi utiles, puisqu’ils ne peuvent guère être identifiés sans être de notoriété publique. Ce sont des choses triviales et domestiques qui fournissent l’évidence et les traits personnels tant désirés par les survivants affligés. Il y a beaucoup de diversité dans la médiumnité. La condition de transe dont j’ai déjà parlé, est l’une des plus parfaites ; mais quelques personnes peuvent obtenir l’écriture automatique ou semi-conscience, en laissant seulement la main s’échapper du contrôle habituel. Dans ce cas, l’instrument c’est la main munie d’une plume ou d’un crayon, qui est guidée normalement par les muscles, alors que le sens du message est ignoré par l’intelligence normale de la personne qui s’en sert. Quelquefois le crayon est fixé sur un morceau de bois, de sorte que le mouvement musculaire est plus simple et ressemble moins à celui utilisé dans l’écriture ordinaire ; c’est la méthode appelée « planchette ».
Quelquefois cette planchette est préparée de façon à indiquer des lettres imprimées au lieu d’écrire. Parfois on utilise une méthode un peu plus ennuyeuse, toujours par un instrument physique, et le message arrive sous la forme de simples signaux, par la répétition de l’alphabet guidé suivant les secousses d’une table, jusqu’à la lettre désignée par l’esprit. Le mouvement d’une table paraît être une amusement ancien et dédaigné, plutôt qu’une méthode sérieuse ; il semblerait plutôt un jeu, mais avec du soin, on peut obtenir des communications définies même par ce moyen. Evidemment une table n’est qu’une variété malhabile et volumineuse de la planchette, de la plume ou du crayon, ce n’est en somme qu’un morceau de bois, mis en mouvement par les muscles.
Les modes de conversion de la pensée en mouvements physiques sont innombrables, et peu importe celui qu’on utilise. La main, le larynx, les muscles du bras, les muscles de la gorge, sont tous des fragments de matière soumis à l’influence mentale par le mécanisme du cerveau et des nerfs associés. Comment ils sont mis en action par l’esprit reste une énigme, mais il est impossible de nier qu’ils sont mis en action. L’aspect bizarre de toute communication, n’est pas que la matière se meuve selon un code, pour reproduire la pensée dans un autre esprit, puisque cela est également vrai de la parole et de l’écriture. L’élément bizarre des exemples supra normaux réside dans le fait que l’esprit, les sens de la communication sont étrangers à la personne transmetteuse, et caractéristiques de quelques autre personne, désireuse d’envoyer une information intelligible, ou un message de réconfort et d’identification, en se servant des organes corporels et physiologiques qu’on lui permet d’employer momentanément.
Maintenant, permettez-moi d’indiquer quel genre de messages on peut recevoir. Quelques-uns se rapportent aux faits et aux expériences de « l’au-delà », genre de vie, conditions, difficultés, persistance d’un intérêt dans les affaires terrestres, et jusqu’à un certain point la raison d’être des communications. L’abondance de ces efforts d’information forme des volumes ; ils traitent tous de ce que nous appelons « des sujets non-vérifiables ».
Nous n’avons aucun moyen de mettre à l’épreuve ces assertions ou de constater ce qu’il y a de vrai dans ces messages ; il faut donc les traiter avec prudence. Il suffit de dire que l’assertion constante est que les conditions de « l’au-delà » ressemblent bien plus aux conditions d’ici-bas, que les communicateurs eux-mêmes ne l’auraient imaginé. Ils parlent de fleurs et d’animaux, d’oiseaux et de livres, de beautés de toutes espèces. Ils nous assurent qu’ils ne savent pas beaucoup plus de choses que nous, que leur caractère et leur personnalité restent sans changement, bien qu’ils fassent des progrès, et qu’ils ne sont pas brusquement transformés en quelque chose de céleste, pas plus qu’en quelque chose d’infernal ; qu’ils sont eux-mêmes tout comme auparavant, avec des goûts et des aptitudes similaires, mais qu’ils sont dans des conditions plus heureuses et plus favorables, plus libérés des difficultés, qu’au temps où ils étaient associés à la matière. Ils disent aussi que les choses autour d’eux sont tout à fait solides et substantielles, et que ce sont maintenant de vieilles choses matérielles qui paraissent chimériques et évanescentes. Ainsi ils se rendent à peine compte des évènements terrestres sauf lorsque des tâches définies leur sont confiés pour aider ceux qui sont attendus, ou lorsque nous pensons à eux, ou encore quand ils font un effort spontané pour parvenir jusqu’à ceux qu’ils ont aimés et laissés sur la terre. Ils sont vivement sensibles à l’amitié et à l’affection et ils sont moins timides et plus prodigues en exprimant leurs sentiments qu’ils ne l’étaient ici. Ils ne paraissent pas se trouver dans une autre région de l’espace, mais sont en rapport intime et associés étroitement avec leur nouvel ordre d’existence. La même faculté constructive, qui, inconsciente pendant la longue période de l’évolution, est parvenue à constituer leur ancien organisme visible par l’arrangement de particules matérielles, parait capable de continuer sa tâche sous ces nouvelles conditions, et leur donne un autre corps ou mode de manifestation, en utilisant telle substance qui s’y trouve disponible que l’on peut hypothétiquement supposer être l’éther. Cette faculté constructive, selon toute probabilité, appartient non seulement à la vie humaine et animale, mais à toutes les formes de la vie organique ; de telle façon que leur milieu, par quelques-uns considérés comme un monde éthérique, n’est pas nécessairement très différent du milieu qui nous est familier dans ce royaume de la matière ; ce royaume, maintenant si réel, et si dominateur pour nous, excitant notre plus vive admiration, et cependant inconnu de nous dans son vrai mode de construction. Quoi qu’il en soit, les premiers messages qui nous parviennent ne sont pas d’un caractère descriptif ; ils représentent des essais pour nous convaincre et non pour nous renseigner, mais plutôt pour nous faire réaliser que nos disparus sont toujours actifs et vivants, et qu’ils sont heureux autant que nous leur permettons. Notre douleur les fait souffrir, mais autrement ils trouvent leur nouvelle vie remplie d’intérêt, d’aide, et d’une sorte de joie.
Les premiers messages sont des messages d’affection ; puis viennent ces petits réminiscences de famille, qui sont souvent très claires et satisfaisantes pour ceux auxquels elles sont destinées, quoique pour les étrangers, elles aient tellement besoin d’explications qu’elles perdent beaucoup de leur intérêt. Des références aux petits noms, aux bêtes favorites, aux évènements pendant les vacances, aux petits accidents ou contretemps, toutes ces choses semblent revenir à la mémoire quand on fait un effort pour penser à un message d’identification.
Quoique la transmission claire et correcte des noms soit assez difficile pour la plupart des médiums, et quoique l’importance des noms comme évidence soit facilement trop évaluée, cependant les noms sont assez souvent donnés spontanément, particulièrement les noms d’un caractère intime et privé . Une question posée brusquement, telle qu’une demande pour une épreuve déterminée à l’avance, est apte à mettre de la confusion dans le message et à en gâter la netteté. Tout le monde doit savoir combien il est facile de rompre ici-bas la suite de nos idées. Trop d’anxiété de la part d’un consultant n’est point utile. Le calme et la placidité sont nécessaires. Les premiers messages cependant, sont souvent stimulés par un désir apparemment vif de soulager l’esprit des survivants de quelque anxiété, ou de quelque trouble qui jette une ombre sur leur vie. Nos amis disparus semblent très sensibles à de telles choses, et font souvent des efforts sérieux et énergiques pour transmettre un message réconfortant à une personne qu’ils voient affligée. Comment ils connaissent cette affliction, peut nous sembler une énigme ; ces choses sont ressenties par nous cependant d’une manière obscure dans notre propre vie terrestre, et elles peuvent se faire sentir plus vivement, et éveiller plus de remords là bas qu’ici. Je pense que le remord est une caractéristique notable de l’état mental désincarné, quand il est justifié. Le sentiment peut s’allier à ce que nous éprouvons parfois pendant les heures d’angoisse de la nuit.
La possibilité de la télépathie, par laquelle les impressions mentales d’un caractère profond peuvent influencer d’autres esprits, même des esprits désincarnés, paraît probablement fournir un autre moyen grâce auquel les sentiments de cette sorte peuvent être hypothétiquement éveillés.
Quoi qu’il en soit, la perception des sentiments des survivants est indubitablement un fait ; et l’un des grands mérites des communications reçues dans de tels cas, est le soulagement et le réconfort qu’elles ont apportés à ceux qui se trouvent de chaque côté du voile. Dans les temps de détresse générale de tels messages sont nécessaires et sont alors nombreux. Il n’est pas probable que des jeunes hommes rayés de la vie en pleine jeunesse, soient en paix s’ils se rendent compte que ceux qu’ils aiment se lamentent indûment de leur perte, et gâtent ce qui reste de leur vie terrestre. Ils peuvent douter de leur pouvoir de pénétrer le voile – et bien souvent ils en doutent, - mais si à l’aide d’amis ou par tout autre moyen, ils en découvrent la possibilité, ils sont prêts à faire de leur mieux pour éveiller en ceux qui restent ici un désir similaire ; afin que d’une manière ou d’une autre, tôt ou tard, une communion (peut-être d’un caractère très subjectif) s’accomplisse.
Dans un livre assez connu sur la vie et la mort, j’ai donné des exemples de messages prouvant la survie de l’identité personnelle et de la mémoire, et expliquant le caractère au-delà de la mort. J’ai donné des exemples, en effet, de conversations familiales avec Raymond et d’autres ; mais ces dernières devraient être traitées dans leur ensemble, il n’est ni juste ni honnête d’en choisir des extraits au hasard, et de les citer en dehors de leur contexte. Il n’est pas nécessaire que de telles conversations soient trop fréquentes ou trop persistantes. Une fois qu’il est établi que de chaque côté l’affection mutuelle est persistante, quelques années de séparation peuvent être supportées, la tâche de la vie, que ce soit ici ou dans l’au-delà, peut-être remplie.
La valeur et l’importance de la vie terrestre actuelle est bien reconnue par nos amis de l’autre côté. Ce serait une pauvre récompense pour le privilège de communion occasionnelle, et une fâcheuse reconnaissance envers ceux qui, en si grand nombre, récemment sont allés à la mort, avec une abnégation si noble, si nos lamentations paralysaient les activités qui nous sont possibles au cours de notre existence actuelle. En dernier lieu on peut demander ; si ces autres intelligences existent, pourquoi ne les avons-nous pas toujours connues. Sûrement, maints sages les ont connues, ont été en communion avec elles, et ont senti leur influence. Les poètes, eux aussi, ont eu leurs inspirations. Cependant, on s’étonne quelquefois, - même ceux qui sont disposés à admettre leur existence, - qu’ils ne nous parlent pas davantage de leurs activités, en nous faisant comprendre la nature de leur environnement. La réponse est d’abord qu’ils nous ont dit plus que l’on ne suppose généralement, et ensuite que la chose n’est pas facile. Je propose de terminer ce chapitre par une fable enfantine :
LE CARRELET ET L’OISEAU
« Un carrelet solitaire s’ébattait en se dirigeant vers le bord d’un lac écossais. Le hasard voulut qu’une hirondelle voltigeât près de lui, en rasant dans son vol la surface de l’eau. Le poisson, ébahi de cette apparition indistincte, murmura : - « ainsi, après tout, il y a réellement des êtres vivants là-haut ! J’ai toujours pensé que cela était possible ; on en a vu des ombres et d’autres indices ; les nôtres qui nagent librement en ont tiré des déductions. Mais cela n’est que de la fantaisie, de l’imagination. Il est plus prudent de rester sur la terre ferme ; nous sommes sûrs de notre boue et de notre sable ; le reste n’est que fiction. « Et, quand l’hirondelle passa de nouveau, il lui demanda : - « Qui êtes-vous ? Et avez-vous des nageoires ? » L’hirondelle répondit brièvement : - « Nous ne nageons pas, nous volons, » et elle ajouta avec bonne humeur, comme si elle voulait répondre à une question inexprimée. « C’est presque la même chose en effet, seulement c’est plus beau, plus rapide et cela vaut mieux. Nous avons des plumes, ce dont vous n’avez aucune idée, nous planons au-dessus de la terre et nous pouvons voyager à des distances énormes. Même vos meilleurs nageurs ne connaissent pas la moitié de ce qui leur reste à savoir. »
« Le poisson demeura silencieux et étonné un certain temps, mais bientôt il retrouva sa présence d’esprit habituelle, et commença à répondre avec volubilité et sans hésiter : - « Ceci est tout à fait extraordinaire ; nous ne croyions pas réellement à votre existence. Quelques-uns des nôtres disent qu’ils savent voler, dans tous les cas sur un petit espace. Ils nous ont dit qu’ils avaient entrevu d’autres créatures pendant leurs vols, mais naturellement personne ne l’a cru. Ils nous disent que lorsqu’ils sont là-haut, ils peuvent voir au loin, de manière à prédire le passage de ces coques sombres qui nous inquiètent quelquefois ; mais souvent ils ont tort. Nous sommes d’avis que le vol devrait être supprimé. Nous ne permettrons pas qu’on nous trompe. »
« L’hirondelle plana un moment en écoutant cette confession, et répondit en jetant un coup d’œil en l’air. – « Vous ferez bien de ne pas vous laisser tromper, mais il se peut qu’il y ait plus d’une sorte de tromperie. Vous méfiez-vous de l’illusion ? Vous êtes bien loin de connaître toutes les gloires de l’existence. »
« Est-ce que vous connaissez tout, vous, » répondit le carrelet, tout en essayant de faire sortir sa tête hors de l’eau, et suffoquant dans son effort. Est-ce que tout vous est clair, là-haut, dans votre liberté transcendante ? Dites-nous quel est vraiment votre monde. »
« Je ne peux pas vous le dire » répondit l’hirondelle, « car vous ne comprendriez pas. C’est quelque chose qui ressemble à votre monde, mais qui est bien plus beau. Vous aussi avez de belles choses là-dessous si vous les cherchiez, ou si vous écoutiez vos nageurs libres ; ils vous parlent de pierres éclatantes, et de plantes marines, et de coquilles de mer ; vos écailles mêmes sont belles. Mais nous, nous voyons des arbres, des fleurs et des fruits, nous…. »
« Je ne sais pas ce que vous voulez dire » interrompit le poisson. Qu’est-ce que des églises peuvent bien être ? »
« Ah ! Voilà quelque chose qui dépasse mon savoir », répondit l’hirondelle. « Il y a beaucoup de choses que nous-mêmes ne connaissons pas. Nous ne savons pas pourquoi les églises ont été érigées ; elles ressemblent un peu aux granges, mais elles ont plus de gouttières de rebords, cependant elles sont différentes ; elles semblent représenter une conception de l’univers même encore plus haute que la nôtre. »
« Eh ! bien, » se dit le carrelet, comme la voix de l’hirondelle se perdait doucement dans le silence, « elle ne peut pas nous dire à quoi son milieu ressemble, et pourtant elle bâtit des spéculations à l’égard de régions encore plus incompréhensibles ! Non ! Tout cela est trop vague et indéfini. Nous avions raison de croire à rien au-delà de notre demeure. Si je disais aux autres que ces poissons volants on dit quelque chose de vrai, on se moquerait de moi. Il vaut mieux ne rien dire. Pourtant, je garde moi-même un souvenir obscur que dans ma jeunesse je nageais plus librement…. Hélas ! Ces rayons de ma jeunesse sont éteints. Je dois me contenter de la lumière ordinaire. »
Ainsi disant, il recommença à barboter le long de son chemin, et à se réinstaller dans sa boue. Mais son expérience ne fut pas complètement perdue ; quelquefois il ne pouvait s’empêcher de laisser échapper quelques mots malgré le mépris de ses compagnons, et se sentait vraiment plus heureux, quoiqu’il fût plus conscient de son ignorance qu’auparavant. Cependant il se demandait encore pourquoi l’oiseau n’avait pu le mieux renseigner au sujet de la nature du monde au-delà.
CHAPITRE VII
PERSPECTIVE ; BREF RÉSUMÉ
Will my tiny spark of being wholly vanish in
Your deeps and heights
Tgro’ the gates that bar the distance comes à
Glam of wath is higher[21]
des derniers poèmes de Tennysson
Pour conclure, jetons un cour d’œil rapide sur le terrain que nous avons parcouru, et envisageons l’avenir. Nos vues ont commencé à s’élargir de toutes manières, s’élevant de l’attention à la terre seulement, vers la compréhension du cosmos indéfini dont notre terre est une portion intégrale. Nous pénétrons dans les interstices des atomes mêmes, dont la terre se compose.
Nous trouvons partout un système de loi qui gouverne l’immense et l’infiniment petit ; la terre n’est pas une exception. Nous commençons à être forcés d’étendre cette conception cosmique au domaine de la vie et de l’esprit. Nous cherchons l’impérissable, le parfait, le réel ; et nous trouvons ces attributs dans l’espace lui-même. C’est là et non dans la matière, que se trouve notre habitation permanente ; là que nous trouvons ces attributs dans l’espace lui-même. C’est là et non dans la matière, que se trouve notre habitation permanente ; là que nous trouvons le véhicule physique que nous utilisons maintenant, et que nous continuerons à utiliser toujours. Nos corps matériels s’usent, et nous sommes obligés de les laisser sur cette terre ; aucun objet matériel n’est permanent, tôt ou tard il tombe en ruine, mais l’âme d’une chose ne se trouve pas dans son apparence matérielle. Le côté matériel d’un tableau est le canevas et les couleurs ; rien d’autre ne pourrait être découvert par le microscope ; mais pour un tel examen, il n’existe aucun « tableau » ; « l’âme » ou la signification, la réalité, s’est évaporée du moment que l’objet matériel a été ainsi considéré analytiquement. Il en est de même de nos corps ; quand ils sont disséqués, ce sont des muscles, des nerfs et des vaisseaux sanguins, un mécanisme merveilleux, mais aucun examen analogue ne peut y découvrir l’esprit.
L’esprit utilise et domine la matière, il l’utilise pour des buts de démonstration et d’accomplissement, il l’emploie comme un véhicule de manifestation, mais c’est une erreur capitale d’identifier la pensée et la personnalité avec quelque assemblage d’atomes. Le cerveau est une masse molle de la matière, mystérieusement combinée pour réagir sous l’action de la pensée, pour recevoir et transmettre des impressions ; mais le cerveau ne pense pas, il ne peut ni voir, ni entendre, ni imaginer. Ces choses sont dues à l’esprit seul dont le cerveau est l’instrument. Sans lui, et sa coordination nervo-musculaire, nous serions impuissants à faire mouvoir la matière, nous serions impuissants à faire mouvoir la matière, et en conséquence dans l’impossibilité de parler, écrire, ou de transmettre nos impression et nos pensées. Notre corps matériel est un assemblage d’atomes habilement unis en une structure merveilleusement ingénieuse et parfaitement adaptée ; chaque partie a sa fonction particulière, et nous vivons ici-bas grâce à la coopération et au fonctionnement harmonieux de l’ensemble. C’est ainsi que nous vivons sur terre, et communiquons avec d’autres personnes construites comme nous. Les particules dont notre corps se compose proviennent de l’union des substances animale et végétales coordonnées par l’entité psychique intérieure, qu’on peut appeler la vie ou l’âme, chose que nous ne prétendons pas comprendre. Mais c’est là où se situent le moi, le caractère, la mémoire, et non dans le mécanisme.
L’oreille n’entend pas, mais le mécanisme de l’ouïe entend, elle n’est en elle-même qu’un mécanisme, comme le téléphone est un mécanisme. L’œil ne voit pas, pas plus qu’un appareil photographique en voit. C’est nous qui voyons et entendons, par le moyen de ces instruments récepteurs. Ils son actionnés par les vibrations. Nous interprétons des sensations comme un paysage, une œuvre d’art, un poème, ou une peinture. Quand nous entendons la parole, ce que nous percevons ne sont que des vibrations atmosphériques ; les sens des animaux les reçoivent de même, mais ils n’ont pas l’esprit pour les interpréter. Cette faculté d’interprétation est surprenante. Nous venons d’apprendre par certaines inventions ingénieuses comment interpréter des ondes éthérique pour les traduire en harmonie et en intelligence. Confondre notre être véritable avec son instrument est une stupidité.
La forme même du corps ne dépend en rien de la matière, elle ne dépend pas non plus de la nature de la nourriture absorbée comme des cristaux, la même nourriture aurait pu servir également à la formation d’un poulet ou d’un porc. Aucune identité personnelle ne réside dans les particules, ni dans leur agrégat ; l’identité personnelle appartient à l’âme, principe animateur et vivifiant qui groupe les cellules et affecte à chacune d’elles son rôle spécial.
La cellule protoplasmique passant dans le sang pendant la digestion, s’en va quelque part dans les tissus, là, elle est utilisée selon les nécessités. Dans un certain endroit, elle contribuera à former un ongle ; dans un autre, à produire un cheveu ; ailleurs encore, à créer un muscle ou la peau. Blessez la peau, elle est vite refaite ; coupez un nerf, il se guérit encore. Le fait est merveilleux, dépassant absolument notre faculté conscience. Qui, utilisant seulement la pensée, pourrait faire croître un ongle de pied, une dent ou un cheveu ?
Les faits physiques et chimiques peuvent être étudiés, mais la puissance intérieure et immanente qui les guident échappe à notre savoir. Tout obéit à la loi et à l’ordre ; on peut formuler des lois, des observations habiles peuvent étudier et décrire le processus de son action, mais seulement cela. Ainsi nous pourrions étudier la structure d’un pont, ou d’une machine, ou d’un appareil de télégraphie sans fil, alors que celui qui l’a imaginé ou créé reste invisible. Identifier la puissance qui anime le véhicule avec le véhicule matériel lui-même, c’est nous rendre ridicules et fermer nos yeux à la réalité. Un violon ou un orgue est un instrument ; mais la musique demande un musicien. Nous-mêmes nous ne sommes pas la matière, nous utilisons la matière et nous l’abandonnons ensuite. Le corps est notre instrument, il ne dure qu’un temps, il faut ensuite l’enterre ou l’incinérer, il a fini son service, et dorénavant ses particules peuvent être utilisées par un autre organisme.
Nous-mêmes, nous ne descendons jamais dans la tombe, mais continuons une existence ininterrompue. Il est probable que nous avons alors un autre mode de manifestation et dans ce sens, un autre corps, quoiqu’il ne soit plus fait de matière ; le vieux corps matériel est mort et disparu, il ne sera jamais ressuscité par nous. Il n’y a pas de résurrection de cadavre, une fois que la vie l’a complètement quitté ; ce ne serait pas une résurrection glorieuse ; ce serait ou un miracle, bizarre et inexplicable, ou bien une simple horreur.
Ceux qui se sont bornés à une vue matérielle de l’existence, ceux qui ont fermé leurs yeux à la réalité des choses, regardent nécessairement la destinée humaine d’un point de vue étroit et terre à terre. Ils considèrent que l’idée de survie est une absurdité. Si le cerveau est l’esprit, si toute mémoire y est conservée, s’il n’est pas seulement l’instrument pour la manifestation des pensées et des idées, mais bien l’être humain réel, alors en effet, nous sommes bien des créatures éphémères, vivant nos quelques années, et retournant ensuite à la poussière d’où nous sommes venus. Sport futile, sans permanence, sans signification ! Tous nos espoirs, toute notre foi et notre amour, toutes nos joies, nos douleurs et nos sacrifices sont sans aucune valeur, effacés et terminés comme une histoire futile.
Pour des théoriciens pareils, la seule notion possible de la survie serait la résurrection du mécanisme corporel. L’essayer, s’appellerait à juste titre de la nécromancie ; c’est-à-dire une entreprise limitée au cadavre. Il fut un temps où l’on croyait fermement que les tombes livreraient leurs morts ; qu’il y aurait une résurrection générale, et que nos pauvres agglomérats et particules matérielles, abandonnés et usés, seraient rassemblés à nouveau, pour être ou torturés, ou réjouis éternellement. Emancipez-vous d’une superstition aussi grossière.
Où est la vérité ? Contrairement à ces affirmations, la vérité est que nous-mêmes ne sommes pas destinés à mourir, que nous ne nous usons pas, que nous avons une existence permanente au-delà de la vie de l’organisme matériel, hérité du reste de la création animale ; que c’est l’esprit créateur et directeur qui vraiment constitue notre moi et que cet esprit persiste en dehors des accidents qui peuvent survenir au corps, sensible cependant à ce maux qui peuvent assaillir ou blesser l’âme. Nous pouvons monter à des hauteurs inexprimables et descendre à des profondeurs correspondantes.
L’élément permanent dans l’homme, est le caractère, - la volonté. C’est lui qui détermine la destinée de l’homme. Nous nous sommes élevés au-dessus du mécanisme, nous ne sommes pas conduits par lui, nous ne courons pas sur des rails comme un tramway, nous tenons le gouvernail et nous sommes libres de choisir notre route. Beaucoup d’entre nous sont contents s’ils peuvent éviter les obstacles et rouler facilement sur la grande route, mais d’autres peuvent faire mieux ; ils ont, pour ainsi dire, des ailes ; il peuvent planer, au moins pendant quelques temps, au-dessus des peines de la vie vulgaire, ils peuvent atteindre la liberté et la beauté, chanter, connaître la foi, et encourager les hommes à partager leur extase, devant la beauté et la majesté de l’univers dont il commencent à entrevoir la lumière.
La perspective splendide qui se présente devant l’individu en état de voir, et de comprendre, deviendra l’espoir de l’inspiration de la race humaine sur cette planète ; cette terre est la contrée des âmes, luttant et aspirant, entravées, et cependant fortifiée par leur association disciplinaire avec la matière. L’homme, tel que nous le connaissons, est un produit récent de l’évolution, il n’a pas encore appris à contrôler sagement son environnement matériel. Il se trompe gravement sur l’importance relative aux choses. Mais les écrivains inspirés l’ont assuré qu’il peut atteindre son salut propre par ses efforts seuls. Les semences de la bonne volonté ont été jetées, quand elles fleuriront, les générations de l’avenir hériteront d’un paradis terrestre digne du long travail de préparation, de souffrance et d’effort qui furent l’œuvre des premières étapes La terre sera vraiment alors un corps céleste, et le Royaume du Ciel notre ultime récompense.
L’homme n’est pas jusqu’ici pleinement développé, puisque quelques-uns seulement d’entre eux surpassent leurs compagnons ; le temps viendra sûrement où tout le monde pourra atteindre cet héritage. Le malaise actuel est largement un effort presque aveugle pour conquérir ces choses plus élevées, un sentiment que ce monde ne peut pas être tout ; que l’instruction et le loisir valent bien une lutte, qu’il existe des récompenses au-delà de la portée actuelle de l’homme ordinaire. Quelques-uns de ces efforts sont terriblement faux ; l’égoïsme harcèle les idéalistes et leur nuit, mais tôt ou tard tout ce chaos sera effacé. L’humanité est à peine civilisée ; mais il nous reste beaucoup de temps devant nous. L’individu et la race ont devant eux une perspective magnifique, et si nous voulons fermement l’aide et les directions certainement imminentes ; si nous tâchons vraiment de comprendre ce qu’est la signification de l’existence, en mettant nos volontés en harmonie avec cet effort sublime, alors nous parviendrons à la paix et à l’idée de service qui représentent la liberté complète.
Je parle d’aide et de direction. Ce sont des réalités ; on ne nous force pas à les accepter ; mais elles seront nôtres si nous le demandons. Des multitudes ont vécu et on lutté sur la terre, qui ne sont pas éteintes.
Dans ce grand Univers, rien de réel ne disparaît. Ce réel peut s’étendre au-delà de notre portée, mais il ne cesse d’être. Les atomes mêmes de la matière semblent permanents. Chaque fraction d’énergie est conservée, il n’y a jamais de destruction, mais seulement changement. Il en a été ainsi de tous les êtres qui ont vécu ; et nous savons combien quelques-uns ont souffert pour aider l’humanité. Pensez-vous qu’ils ne travaillent plus, qu’ils se reposent et nous abandonnent solitaires ? Non pas ! Nous ne sommes pas seuls ; nous ne sommes qu’une partie des êtres qui luttent pour des conditions meilleures. Une grande armée est à l’œuvre ; non pas pour la destruction, mais pour l’œuvre de régénération, d’aide et de direction. Elle n’a pas abandonné la lutte, elle s’en occupe toujours, et la contemple maintenant d’un point de vue plus élevé, en voyant nos erreurs, elle reste toujours prête à nous tendre une main secourable.
Tout cela est sans doute soumis à une Haute Puissance – au-delà de notre imagination, - qui travaille au moyen de lois, par des moyens physiques, et à l’aide d’agents que nous ne pouvons pas connaître encore, mais que nous sommes heureux d’étudier. La destinée de chaque individu dépend beaucoup de lui-même. La destinée de la race dépend de nous, et de ceux qui nous ont précédés. Nous sommes leurs coopérateurs. Cette condition plus heureuse qui s’appelle le Royaume du Ciel est le but et la fin ; un jour sera atteint ce but sur la terre ; des puissances immortelles travaillent à cette fin. Des volontés rebelles la retardent. L’égoïsme s’y oppose, mais sûrement les puissances du bien seront les plus fortes, et auront finalement la victoire.
C’est une terre merveilleuse et belle ; chaque vie terrestre est évidemment d’une importance immense dans le plan général. Un jour notre idéal sera réalisé, un jour l’humanité s’élèvera jusqu’aux possibilité qu’elle commence à entrevoir. Elle a déjà produit Platon, Shakespeare, Newton, tels des sommets de montagne qui réfléchissent à l’aurore les rayons du soleil avant les vallons et la plaine ; et quand l’homme ordinaire sera parvenu à ces altitudes, qui seront les sommets ?
FIN
TABLE DES MATIERES
VUE COSMIQUE DE LA VIE ET DE L’ESPRIT. 5
EXPLICATION DE QUELQUES PHENOMENES PSYCHIQUES. 31
CLASSE I - CLAIRVOYANCE. EXEMPLES DE CONNAISSANCE D’EVENEMENTS CONTEMPORAINS. 32
CLASSE III – LA PSYCHOMETRIE.. 42
CLASSE IV - COMMUNICATIONS. 44
LES METHODES DE COMMUNICATION OU LA MEDIUMNITE.. 52
SERAIT-IL POSSIBLE DE COMMUNIQUER AVEC LES MORTS ?. 59
PERSPECTIVE ; BREF RÉSUMÉ.. 65
[1] « Une lumière plus grande pour gouverner le jour, et une moins grande pour présider à la nuit. Dieu créa aussi les étoiles. »
[2] Note du traducteur. F.R.S. – Membre de la Société Royale (mathématicien et physicien distingué).
[3] N.D.T. « le libre penseur »
[4] Proceedings S.P.R., Vol 10, page 394.
[5] Professeur de Philosophie Morale à l’Université de Cambridge.
[6] Note de l’auteur. – Malheureusement ce long message au sujet de la catastrophe himalayenne (1924) reçu dans les conditions décrites plus loin, a dû être omis, par déférence au désir exprimé de la famille intéressée. Il n’est donc que classé dans les archives de la Société des Recherches Psychiques, comme future référence, si cela était nécessaire. J’ai dû le remplacer par un autre épisode.
[7] S. P. R. – « Société de Recherches Psyschiques » (Note du traducteur)
[8] Reproduit dans son « Traité de Métapsychique », page 264, et traduit comme « Thirty years of Psychical Resarch », page 167.
[9] Note de l’auteur. – Voir « Proc. S. P. R. » pour novembre 1927, page 517 et suivantes.
[10] British Association for the advencement of Science.
[11] Après la mort de Lord Glenconner, sa veuve épousa le Vicomte Grey, ancien ministre des Affaires Etrangères, note du traducteur.
[12] « Edward Wyndham Tennant, 4èmme Batt. Grenadier Guards.”
[13] S.P.R. - Société pour les Recherches Psychiques.
[14] Voir Transaction Philosophiques de la Société Royale 1893-1897.
[15] Note par O. J. L. – Evidemment on revient ici à quelque chose que j’avais suggéré tout à fait hypothétiquement au moment d’une séance précédente comme moyen possible d’expliquer leur appréciation des arbres et autres objets soi-disant existants, de leur côté.
[16] Note par O. J. L. – « Dans la Galerie à Londres se trouve un tableau par Vincent Van Gogh, d’une espèce de chaise idéale qui avait attiré mon attention. Je ne sais si c’est la raison pour laquelle il avait choisi un objet apparemment si peu significatif. Mais cela importe peu, pour son but ».
[17] Note de OJ. J. L. – Probablement comme dans la médiumnité.
[18] Voir par exemple : - 1 Sam XXX, 7-8 – 2 Sam V, 23-24 – 2 Sam VII, 4 – XX,1 – XXIV, 2 – I Rois III. 5 – I Chron WVII. 3 – XXI. 9 – XXIX. 29 – 2 Chron. XVIII 14. – XXIX 25 – XXXIII, 18 – Isaïe XXX. 10.
[19] I know the number of the sands and the measure of the sea. I understantd the dumb et him that does not speak. The savour of the hard shellied tortoise, bollied in brass with the flesh of a lamb, strikes on my senses ; Brass is laid benaeath it, and brass is put above.
[20]Citation de Lotze par Professeur Mc Dougall, « Body et Mind », p. 207.
[21] Est-ce que ma petite étincelle de vie s’évanouira dans vos profondeurs et vos hauteurs ? A travers les portes barrant la distance m’arrive un rayon de ce qui est plus haut.
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